Armée beylicale tunisienne
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Armée beylicale tunisienne
L'armée beylicale tunisienne est l'ensemble des forces armées régulières du Beylicat de Tunis. État indépendant de fait, avec le règne de la dynastie Husseinite, instaurée le 15 juillet 1705 par le Bey Hussein Ben Ali.
Les premiers bataillons de l'armée régulière tunisienne moderne sont créés en même temps que la réforme de l'armée ottomane en 1830. À l'initiative du ministre de Hussein II Bey, Chakir Saheb Ettabaâ, un bataillon de fils d'origine ottomanes et d'autochtones sans distinction est créé à Tunis dès janvier 1831. L'année suivante, un autre bataillon est basé à Sousse. Les soldats et officiers sont entraînés, habillés et équipés à l'européenne, à l'image des premiers régiments de l'armée ottomane issue des réformes du sultan Mahmoud II, au lendemain de la suppression du corps des janissaires. Ahmed Ier Bey reprend les timides réformes du règne de son oncle Hussein II et engage le pays dans une profonde modification de son armée et de son État avec la création de l'École militaire du Bardo, première institution d'enseignement moderne dans la région.
En 1855, l'armée tunisienne se divise en sept brigades d'infanterie réparties sur le territoire, avec à leurs têtes un amir liwa (général de brigade) puis, à partir de 1864, un amir oumara (général de division). Les effectifs de chaque brigade d'infanterie varie de 2 000 à 5 000 hommes selon les périodes :
1re brigade stationnée en permanence à Tunis à partir de 1831 ;
2e brigade basée à Sousse à partir de 1832 ;
3e brigade basée à Monastir;
4e brigade basée à Kairouan ;
5e brigade mouvante;
6e brigade mouvante;
7e brigade basée à Ghar El Melh.
De même existent de 1835 à 1860 quatre brigades d'artillerie (topjiya), de 1 000 hommes chacune, réparties de la manière suivante:
1re brigade à Tunis et au Bardo à partir de 1831;
2e brigade à La Goulette ;
3e brigade répartie dans les forts du pays ;
4e brigade répartie dans les forts du pays.
L'armée de terre tunisienne compte également plusieurs régiments irréguliers de cavalerie tribale (zouaoua) répartis un peu partout dans le pays et dont les effectifs peuvent aller jusqu'à 40 000 fantassins et cavaliers ; ils sont basés principalement dans les casernes du Kef, de Nefza et de Tunis. Ils sont catégorisés en lanciers ou en cavalerie lourde. Alors que le besoin d'un régiment de cavalerie régulière (spahis) se fait sentir, Ahmed Ier Bey en crée un vers 1850 ; il est basé à La Manouba.
Le pays est ceinturé de 110 forts et fortins dont les effectifs peuvent compter de 50 à 200 hommes (infanterie et quelques artilleurs). Ils sont chargés d'assurer la sécurité des villes, des frontières et des côtes, ces derniers dépendant du ministère de la Marine.
Hammouda Pacha est le premier bey à doter l'État d'une industrie militaire avec la création d'une fonderie moderne de canons à la Hafsia, vers 1810, en plein centre de la médina de Tunis. Celle-ci est de petite taille mais fournit les forts et la marine du pays en canons jugés assez efficaces d'après les commentateurs de l'époque. Toutefois, pour assurer la fourniture de la nouvelle armée, Ahmed Ier Bey dote le pays de plusieurs manufactures modernes sur le modèle européen autour de 1840 :
une draperie à Tebourba placée sous l'autorité du caïd Mahmoud Ben Ayed, comprenant 400 ouvriers dont 48 qualifiés, utilisant des machines importées d'Angleterre ;
deux tanneries à Mohamedia et dans l'enceinte de la kasbah dont les ouvriers proviennent de l'artisanat tunisien ;
une deuxième fonderie de canons construite sur la route du Bardo, en complément de celle de la Hafsia, équipée de machinerie européenne pour équiper totalement les régiments d'artillerie sans qu'il soit plus nécessaire d'importer des canons ;
une fabrique d'armes légères, dans la caserne de Sidi Ismaïl à Tunis, où travaillent des artisans des corporations tunisienne ;
plusieurs mines exploitant le salpêtre à Gafsa et le plomb à Téboursouk et Béja ;
deux poudreries à la kasbah de Tunis et à El Jem ;
une importante minoterie moderne est installée à Djedeida afin d'assurer les besoins en vivres alors que la manutention de la Dabdaba, près de la kasbah de Tunis, comprend une boulangerie industrielle et une huilerie à presses hydrauliques.
Durant la guerre de Crimée, un contingent tunisien de 12 000 à 15 000 soldats selon les sources, combat de 1854 à 1856 sous le commandement du général Rachid, du général Osman et du général Chaouch.
L'établissement du protectorat français en 1881 amoindrit considérablement l'armée qui manque de moyens et de soldats. Dans le cadre des conventions de La Marsa, signées le 8 juin 1883, Ali III Bey est forcé de nommer le général Forgemol, commandant du corps expéditionnaire français, comme ministre de la Guerre. Celui-ci dissout officiellement l'armée beylicale tunisienne le 15 octobre 1883, le même jour, par décret, il crée une garde beylicale chargée de la protection des palais beylicaux et du souverain.
En 1956, environ 9 500 hommes qui servaient dans la garde beylicale rendent possible la mise sur pied rapide d'une armée nationale, décidée le 21 juin de cette année. Le 30 juin, l'armée nationale tunisienne est officiellement fondée par décret.
Les premiers bataillons de l'armée régulière tunisienne moderne sont créés en même temps que la réforme de l'armée ottomane en 1830. À l'initiative du ministre de Hussein II Bey, Chakir Saheb Ettabaâ, un bataillon de fils d'origine ottomanes et d'autochtones sans distinction est créé à Tunis dès janvier 1831. L'année suivante, un autre bataillon est basé à Sousse. Les soldats et officiers sont entraînés, habillés et équipés à l'européenne, à l'image des premiers régiments de l'armée ottomane issue des réformes du sultan Mahmoud II, au lendemain de la suppression du corps des janissaires. Ahmed Ier Bey reprend les timides réformes du règne de son oncle Hussein II et engage le pays dans une profonde modification de son armée et de son État avec la création de l'École militaire du Bardo, première institution d'enseignement moderne dans la région.
En 1855, l'armée tunisienne se divise en sept brigades d'infanterie réparties sur le territoire, avec à leurs têtes un amir liwa (général de brigade) puis, à partir de 1864, un amir oumara (général de division). Les effectifs de chaque brigade d'infanterie varie de 2 000 à 5 000 hommes selon les périodes :
1re brigade stationnée en permanence à Tunis à partir de 1831 ;
2e brigade basée à Sousse à partir de 1832 ;
3e brigade basée à Monastir;
4e brigade basée à Kairouan ;
5e brigade mouvante;
6e brigade mouvante;
7e brigade basée à Ghar El Melh.
De même existent de 1835 à 1860 quatre brigades d'artillerie (topjiya), de 1 000 hommes chacune, réparties de la manière suivante:
1re brigade à Tunis et au Bardo à partir de 1831;
2e brigade à La Goulette ;
3e brigade répartie dans les forts du pays ;
4e brigade répartie dans les forts du pays.
L'armée de terre tunisienne compte également plusieurs régiments irréguliers de cavalerie tribale (zouaoua) répartis un peu partout dans le pays et dont les effectifs peuvent aller jusqu'à 40 000 fantassins et cavaliers ; ils sont basés principalement dans les casernes du Kef, de Nefza et de Tunis. Ils sont catégorisés en lanciers ou en cavalerie lourde. Alors que le besoin d'un régiment de cavalerie régulière (spahis) se fait sentir, Ahmed Ier Bey en crée un vers 1850 ; il est basé à La Manouba.
Le pays est ceinturé de 110 forts et fortins dont les effectifs peuvent compter de 50 à 200 hommes (infanterie et quelques artilleurs). Ils sont chargés d'assurer la sécurité des villes, des frontières et des côtes, ces derniers dépendant du ministère de la Marine.
Hammouda Pacha est le premier bey à doter l'État d'une industrie militaire avec la création d'une fonderie moderne de canons à la Hafsia, vers 1810, en plein centre de la médina de Tunis. Celle-ci est de petite taille mais fournit les forts et la marine du pays en canons jugés assez efficaces d'après les commentateurs de l'époque. Toutefois, pour assurer la fourniture de la nouvelle armée, Ahmed Ier Bey dote le pays de plusieurs manufactures modernes sur le modèle européen autour de 1840 :
une draperie à Tebourba placée sous l'autorité du caïd Mahmoud Ben Ayed, comprenant 400 ouvriers dont 48 qualifiés, utilisant des machines importées d'Angleterre ;
deux tanneries à Mohamedia et dans l'enceinte de la kasbah dont les ouvriers proviennent de l'artisanat tunisien ;
une deuxième fonderie de canons construite sur la route du Bardo, en complément de celle de la Hafsia, équipée de machinerie européenne pour équiper totalement les régiments d'artillerie sans qu'il soit plus nécessaire d'importer des canons ;
une fabrique d'armes légères, dans la caserne de Sidi Ismaïl à Tunis, où travaillent des artisans des corporations tunisienne ;
plusieurs mines exploitant le salpêtre à Gafsa et le plomb à Téboursouk et Béja ;
deux poudreries à la kasbah de Tunis et à El Jem ;
une importante minoterie moderne est installée à Djedeida afin d'assurer les besoins en vivres alors que la manutention de la Dabdaba, près de la kasbah de Tunis, comprend une boulangerie industrielle et une huilerie à presses hydrauliques.
Durant la guerre de Crimée, un contingent tunisien de 12 000 à 15 000 soldats selon les sources, combat de 1854 à 1856 sous le commandement du général Rachid, du général Osman et du général Chaouch.
L'établissement du protectorat français en 1881 amoindrit considérablement l'armée qui manque de moyens et de soldats. Dans le cadre des conventions de La Marsa, signées le 8 juin 1883, Ali III Bey est forcé de nommer le général Forgemol, commandant du corps expéditionnaire français, comme ministre de la Guerre. Celui-ci dissout officiellement l'armée beylicale tunisienne le 15 octobre 1883, le même jour, par décret, il crée une garde beylicale chargée de la protection des palais beylicaux et du souverain.
En 1956, environ 9 500 hommes qui servaient dans la garde beylicale rendent possible la mise sur pied rapide d'une armée nationale, décidée le 21 juin de cette année. Le 30 juin, l'armée nationale tunisienne est officiellement fondée par décret.
Dernière modification par Le Kairouanais le 22 décembre 2021, 08:44, modifié 5 fois.
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- Djoundi (جندي)
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- Djoundi (جندي)
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Re: Armée beylicale tunisienne
avec une armée pareille (sur le papier), comment se sont-ils fait coloniser ?
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Topic author - Colonel (Tunisie)
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Re: Armée beylicale tunisienne
On c'est fait prendre en sandwich la marine française sur le littoral, et l'armée de terre francaise a la frontière algérienne il y a avait rien a faire avec des carabines 1 coup, en plus le Bey sous la contrainte a signé le protectorat vu qu'il été tenu par la dette.
Mais par contre ils ont plein de fait de gloire sur le plan régional. Sans oublié qu'elle a joué un rôle important dans l'homogénéisation du peuple tunisien et la promotion de la tunisianité a une époque ou les identités nationales n'été pas une chose claire.
C'est a cette époque la par exemple que le drapeau tunisien a été constitué et il encore en service aujourd'hui. Ce qui en fait le doyen des drapeaux de la région
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- 2nd classe (FAR-Maroc)
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Re: Armée beylicale tunisienne
ok ok c'est très interessant. tu ne connaitrais pas une vidéo youtube pour en savoir plus par hasard ?Le Kairouanais a écrit : ↑24 juillet 2021, 10:10On c'est fait prendre en sandwich la marine française sur le littoral, et l'armée de terre francaise a la frontière algérienne il y a avait rien a faire avec des carabines 1 coup, en plus le Bey sous la contrainte a signé le protectorat vu qu'il été tenu par la dette.
Mais par contre ils ont plein de fait de gloire sur le plan régional. Sans oublié qu'elle a joué un rôle important dans l'homogénéisation du peuple tunisien et la promotion de la tunisianité a une époque ou les identités nationales n'été pas une chose claire.
C'est a cette époque la par exemple que le drapeau tunisien a été constitué et il encore en service aujourd'hui. Ce qui en fait le doyen des drapeaux de la région
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Re: Armée beylicale tunisienne
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- Musaïd (مساعد)
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Re: Armée beylicale tunisienne
En fait, l'ordre des causes devrait plutôt être inversé : ce fut d'abord la domination financière et capitaliste qui eut lieu, et tout le reste en découla ensuite ... lol Ce fut la même chose avec l'Egypte et il en sera encore de même avec le Maroc, plus pu moins à la même époque.Le Kairouanais a écrit : ↑24 juillet 2021, 10:10On c'est fait prendre en sandwich la marine française sur le littoral, et l'armée de terre francaise a la frontière algérienne il y a avait rien a faire avec des carabines 1 coup, en plus le Bey sous la contrainte a signé le protectorat vu qu'il été tenu par la dette.
Je crois que c'est un des principaux faits que le commun des gens ignorent de la Colonisation européenne de nos pays, caché il est vrai par le cas algérien qui est le plus ancien, mais dont la précocité rend justement très différent de la réelle vague de colonisation qui commence dans les années 1880 : là, on va d'abord assujettir financièrement les États musulmans qui (justement pour éviter le sort algérien) cherchaient à se moderniser rapidement depuis les années 1850, mais en faisant massivement appel aux capitaux européens dont les dettes finiront par les "capturer" au sens propre ! Même l'Empire ottoman n'y échappa pas, même si dans son cas le processus n'aboutit pas à une colonisation officielle.
A bien y regarder, on peut se dire qu'un tel risque n'est pas si loin de se reproduire dans beaucoup de nos pays à notre époque ...
"L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" Pio Baroja, L'apprenti conspirateur (1913)