Le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, le bâtonnier Me Ammar Bentoumi, décédé vendredi à l'âge de 90 ans, a été inhumé hier en début d'après-midi au cimetière de Sidi M'hamed, à Bouzaréah, sur les hauteurs d'Alger.
Aux côtés des membres de la famille du défunt, de nombreux amis et confrères, mais aussi des personnalités du mouvement national et des membres du gouvernement étaient présents au cimetière pour lui rendre un ultime hommage.
Connu pour son engagement sans faille lors de la guerre de Libération nationale, le défunt avait notamment formé le "collectif des avocats d'Alger", en compagnie d'avocats algériens et d'autres d'origine française ayant épousé la cause nationale. Il était également connu pour la défense qu'il assurait, avec la détermination que commandaient les circonstances, au profit des détenus politiques algériens durant la guerre de Libération nationale. Ses idées modérées et ses positions en faveur de la paix et de la concorde lui vaudront l'estime de beaucoup de ses concitoyens. La dépouille mortelle de Me Ammar Bentoumi, premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante, a été transférée hier matin au tribunal Abane-Ramdane d'Alger-Centre pour permettre aux confrères et aux compagnons de lutte du défunt de lui rendre un dernier hommage. De nombreux amis et confrères du défunt, mais aussi des personnalités du mouvement national et des membres du gouvernement lui ont rendu un dernier hommage au tribunal Abane- Ramdane, après avoir lu la Fatiha du Coran à sa mémoire.
Après l'indépendance, il fut désigné ministre de la Justice du premier gouvernement du président Ahmed Ben Bella, et restera dans l'histoire comme le tout premier garde des Sceaux de l'Algérie indépendante.
APS
M. Bensalah :
“Me Bentoumi était un authentique intellectuel patriote et un éminent avocat”
Le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, a affirmé hier que le défunt Ammar Bentoumi était un "authentique intellectuel patriote" et un "éminent avocat qui a fait honneur à sa profession". "C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris le décès du frère moudjahid Ammar Bentoumi, que Dieu lui accorde Sa sainte miséricorde", a écrit M. Bensalah dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt. Ammar Bentoumi était "un éminent avocat à la compétence reconnue qui a fait honneur à sa profession", a ajouté le président du Conseil de la nation. "Nous vouons au défunt un profond respect et une grande estime, lui qui s'est engagé dans la lutte de libération nationale (...) et a occupé de hautes responsabilités dans lesquelles il a fait montre d'abnégation et de loyauté", a conclu M. Bensalah.
Le ministre de la justice rend hommage au défunt :
« Un défenseur des libertés nous quitte »
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Les ténors et membres du barreau s’inclinent devant la mémoire de leur illustre maître.
«Un grand homme !» C’est incontestablement la phrase qui revenait le plus pour qualifier le premier ministre de la Justice de l’Algérie indépendante, le bâtonnier Amar Bentoumi, hier, au tribunal de Sidi M’hamed (Abane-Ramdane), à l’occasion d’un hommage qui a été rendu hier matin, par ses confrères et autres compagnons de lutte pour l’indépendance. Décédé la veille, à l’âge de 90 ans, le défunt n’a laissé que de bons souvenirs aux yeux de ses confrères-élèves, lesquels ne se sont pas montrés avares en éloges pour saluer sa mémoire. «Il est un de nos maîtres», dit Kamel Rezag-Bara, conseiller du Président de la République et ancien avocat, en présence notamment du ministre de la Justice, garde des Sceaux qui a présenté ses condoléances à la famille du défunt avant d’appeler les jeunes avocats, ainsi que les générations futures à s’inspirer de la grandeur du maître Bentoumi. «C’est un symbole des libertés qui nous quitte aujourd’hui, laissant derrière lui un legs inépuisable. Son engagement inconditionnel lors de la guerre de Libération n’est plus à prouver, et son militantisme a même dépassé nos frontières. Et je crois que le fait qu’il était chargé, au lendemain de l’indépendance, d’édifier l’une des plus importantes institutions de l’État, à savoir le ministère de la Justice, dénote amplement de la dimension de l’homme», affirme Mohamed Charfi aux nombreux journalistes, après la lecture de la Fatiha lue à la mémoire du défunt.
Bâtonnier entre 1968 et 1975, Me Amar Bentoumi a toujours forcé le respect. Et ce ne sont certainement pas ses confrères qui diront le contraire et dont certains d’entre eux sont devenus des ténors du barreau, à l’instar de Me Miloud Brahimi. «Il a eu une vie pleine et totalement réussie. Il est inégalable et restera toujours un modèle à suivre», soutient-il, imité par Me Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), qui estime que le premier ministre de la Justice de l’Algérie indépendante a consacré sa vie pour défendre les droits de l’homme et l’État de droit.
Me Chorfi se souvient, lui, des magistrales plaidoiries que donnait le défunt. «Franchement, c’est une école et un pionnier de la justice algérienne. J’ai eu la chance et le privilège d’avoir exercé à ses côtés, et croyez-moi, j’ai appris beaucoup de choses avec lui. Il a vraiment marqué l’histoire de notre justice, et sa disparition laissera assurément un grand vide», s’incline-t-il devant la mémoire de Me Bentoumi, qui devait être inhumé dans l’après-midi au cimetière de Sidi M'hamed à Bouzaréah, en présence d’une foule nombreuse.
SAM
“Une grande figure du militantisme pendant la guerre de Libération”
Des personnalités historiques et des juristes ont affirmé hier que le défunt Ammar Bentoumi, décédé vendredi à l'âge de 90 ans, était un "symbole de militantisme pendant la guerre de Libération et un exemple dans la profession d'avocat au lendemain de l'indépendance". Ils ont indiqué qu'avec la disparition d’Ammar Bentoumi qui a participé à plusieurs congrès et conférences de par le monde sur les questions des droits de l'homme et le droit des peuples à l'autodétermination, les gens de la magistrature viennent de perdre un "exemple en matière de magistrature et un militant loyal et dévoué à sa profession". M. Benmelha Ghouti, avocat et compagnon d'arme du défunt, a rappelé qu’Ammar Bentoumi était un consultant dans le domaine du droit et un "exemple éminent" en tant qu'avocat. Il a insisté sur les qualités du défunt tout au long de son parcours de militant, soulignant qu'il avait participé, au lendemain de l'indépendance, au renforcement de la justice en sa qualité de premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante. Il a salué également son sens d'abnégation et de loyauté dont se distinguait le défunt. De son côté, M. Ali Haroun, qui a connu Ammar Bentoumi avant le déclenchement de la guerre de Libération, a rappelé les qualités du défunt, soulignant qu'il comptait parmi les éminents avocats algériens et moudjahidine qui ont consacré leur vie au service de la cause algérienne aux côtés de nombreux autres, dont Kaddour Satour et Ghouti Benmelha. Il a appelé les jeunes à prendre exemple sur le défunt Ammar Bentoumi pour qu'ils soient la meilleure relève. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNPPDH), M. Farouk Ksentini, a salué l'apport du défunt en matière de consolidation des droits de l'homme en Algérie et de défense des causes justes à travers le monde.
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