Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

De l'époque numide aux temps modernes.
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AAF 2020
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

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Capitaine BOUZERAA Ahcene
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Photo de Si Ahcène ( debout à gauche) en compagnie du chahid Mohamed Kerouani ( debout au milieu) et deux autres moudjahidines
Grand merci à vous BENKAM et M.F.TOUMI pour cet aperçu sur un des valeureux moudjahidines de la région, en l’occurrence Si Ahcène : c’était ainsi que l’appelaient ses frères moudjahidines. Il est né le 10 septembre 1923 au douar Ouled yahia dans la baladia de khadrouche, daïra d’El Milia, wilaya de Jijel. Il n’avait pas eu la chance d’aller ni à l’école coranique, ni à l’école classique. C’était à l’âge d’enfant qu’il avait commencé à travailler pour aider son père à nourrir sa famille nombreuse. Sous le règne du colonialisme esclavagiste, les indigènes menaient une vie dure… Enrôlé de force dans les rangs de l’armée française, pour le service militaire en 1946 à Guelma, il avait vu de ses propres yeux les traces du génocide de mai 1945.
http://www.jijel-echo.com/Capitaine-BOU ... hcene.html

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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par AAF 2020 »

Le Chahid Mohamed Saïdani
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Le Chahid Mohamed Saïdani est tombé au champs d’honneur le 26


janvier 1957 en plein centre ville d’El-Milia et à quelques pas du bureau de l’administrateur de la ville Germain Faure, qu’il venait d’exécuter. Ce coup a été minutieusement préparé et héroiquement accompli, et avait secoué l’ennemi en plein cœur de sa citadelle qui était le Bordj (la sous-préfecture), aujourd’hui siege de la daira d’El-Milia et avait permis à la population de se débarrasser de ce tyran. Cet acte dont l’ampleur et l’impacte n’avaient pas laissé indifférent le sinistre Maurice Papon, à l’époque préfet de Constantine ,qui s’était déplacé à El-Milia pour s’enquérir de la situation qui avait fait la « une » du journal La Dépêche de Constantine. Il convient de signaler que le martyr Mohamed Saïdani est natif du douar Ouled-Salah à El-Milia, il était connu pour les nombreuses opérations d’envergure qu’il avait accompli. Il avait accépté d’exécuter l’ultime mission de sa vie en sachant qu’elle était suicidaire. Armé d’un colt 11mm 43 qu’il gardait tout le temps précieusement sur lui, sauf au moment de ses prieres il le plaçait devant lui et devant ses yeux au bout du tapis de priere, la veille de l’attentat il avait passé la nuit au village meme, selon un témoin. Il s’était présenté sous une fausse identité, à 11h30 au bureau du chef de la commune mixte d’El-Milia qu’il avait abattu en l’atteignant de plusieurs balles au foie et à la poitrine. Après exécution de cet acte spectaculaire, le chahid s’était enfui par le jardin public (Le Square). Alertés par les détonations, les soldats coloniaux et les sentinelles ont repéré le chahid et l’ont abattu ,à leur tour, au niveau des docks (de la SAP) tout juste à coté de ce square qui porte aujourd’hui son nom. L’administrateur G FAURE avait laissé ce jour là derriere lui une dame veuve et folle de rage, sortie de chez elle armée faire le nettoyage !!! LE CHAHID a laissé derriere lui deux petites filles en bas age Allah yerham chouhada.
http://www.jijel-echo.com/Le-Chahid-Moh ... idani.html

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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par AAF 2020 »

Le rôle de l’équipe du FLN de football et sa contribution à l’indépendance
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MOSTAGANEM - Les participants à une conférence sur le sport durant la guerre de libération, ont mis en exergue, mardi à Mostaganem, le rôle important joué par l’équipe du Front de libération nationale de football, pour faire connaître la cause algérienne sur la scène internationale et sa contribution à l’indépendance du pays.

Les participants à cette rencontre, organisée à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du recouvrement de la souveraineté nationale, en présence de membres des équipes du Front de libération nationale dont Said Amara, Abdelhamid Zouba, Mohamed Maouche, Kerroum, Kaddour Bekhloufi et Mohamed Soukhane, ont indiqué que les membres de la glorieuse équipe du FLN ont pris part à la lutte pour l’indépendance en portant la cause nationale à travers le monde.
http://www.aps.dz/Le-role-de-l-equipe-du-FLN-de.html

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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par AAF 2020 »

Le lieutenant de l’ALN, Mokrane Ait Mehdi, passe aux cribles l’histoire de la wilaya III
ALGER - Intitulé "Le dur et invraisemblable parcours d’un combattant", l’ouvrage de Mohand Amokrane Aït-Mehdi, lieutenant de l’Armée de libération nationale (ALN) de la wilaya III historique, est un témoignage authentique sur de douloureux événements ayant émaillé l’histoire de cette glorieuse wilaya.

Soutenu avec une documentation inédite, permettant d’éclairer, pour la première fois, certains épisodes de la guerre de libération nationale en Kabylie, le livre de Si Mokrane, décédé en juin 2011, publié à titre posthume par les éditions Rafar, répond d’une manière claire à des questions ayant animé d’incessantes polémiques sur quelques événements de la Révolution dans cette région.
http://www.aps.dz/Le-lieutenant-de-l-AL ... e-Ait.html
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par l'adjudant/chef »

Archives J.A. : un Algérien si particulier
Comment un "Européen" peut-il être un militant algérien du F.L.N. ? Le témoignage ci-dessous, publié dans le J.A. n°92 (daté du 9 au 15 juillet 1962) est celui d'un "pied-noir" qui raconte comment, en prison, d'allié du FLN il est devenu tout simplement algérien. Un Algérien militant et anonyme.

Je suis un Algérien comme tous les autres, enfin comme beaucoup d'autres : c'est-à-dire que je viens de passer 6 ans en prison dont 4 ans à Lambèze — après avoir été arrêté, à Alger, en 1956, pour terrorisme (je fabriquais des bombes).
Mais je suis un Algérien quand même un peu particulier : mon nom n'est pas arabe, je ne suis pas musulman, ma femme est Française d'Algérie et moi j’avais avant 1956 des papiers italiens. Bref, j'étais un « pied-noir » qui gagnait bien sa vie : bon métier, études supérieures, pas de problèmes.
Et pourtant, en 1956, j'ai décidé d'entrer au Front. Pourquoi ? Au nom de quoi ? Comme me le demandait sans cesse le juge d'instruction qui ne comprenait pas qu'un « Européen » puisse être aussi un militant algérien. Pourquoi ? Je ne pourrais pas répondre pour les autres, les quelques-uns qui ont eux aussi pris ce chemin. Mais pour moi, je sais.
Ce fut d'abord un engagement politique, idéologique, et ensuite une adhésion sentimentale. Car j'avais trop souvent vu l'effroyable misère des Algériens, sur les chantiers où je travaillais, j'avais aussi trop souvent vérifié la discrimination raciale qui systématiquement avantageait le « petit blanc ». En 1956, donc, j'ai accepté d'entrer dans les réseaux du FLN. Je me croyais « engagé » par mon action. En fait, - mais cela je ne l'ai compris que plus tard - je n'étais qu'un ami, un allié, un invité dans la Révolution algérienne.


Lire l'article sur Jeuneafrique.com : 1962-2012 : le vrai bilan de l'Algérie indépendante | Archives J.A. : un Algérien si particulier | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

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Trop gentils
C'est en prison que j'ai compris qu'il faillait aller plus loin, beaucoup plus loin. Car là aussi, au début, j'étais un « invité ». On ne me faisait pas sentir une quelconque différence, non. Au contraire, les frères étaient avec moi trop gentils, trop admiratifs (« toi, personne ne te forçait, aucun intérêt ne te poussait… »), mais cette amabilité même m'excluait de leur communauté.
Et puis peu à peu, au fur et à mesure de la vie quotidienne de la prison, j'ai acquis une autre personnalité. Une personnalité... algérienne, je ne peux vraiment pas la définir autrement. C’est venu tout naturellement. A Lambèze, nous en avons tant vu… tortures, exécutions sommaires, sévices. Rien de tel pour créer une solidarité humaine telle qu’elle ne peut exister, je crois, nulle part ailleurs, qu’en prison. A quoi bon raconter ? Sous les mêmes coups de fouet, les mêmes jets d’eau brûlante, battu comme tous, je n’étais plus un invité. Bien plus : après les pires « séances » je pouvais rire et plaisanter, comme mes frères, et ce que n’aurais jamais supporté, seul, sans effondrement ou folie, je le supportais parce que je baignais dans une grande fraternité, dans un peuple enfin. J’en arrivais à croire - moi, un scientifique, - que mes frères m'avaient communiqué leur étonnante vitalité par une sorte d'osmose.
Et puis, il y a la haine. Voir mourir son meilleur ami sous les coups d'un gardien... La haine m'a parfois submergé et je sentais se briser en moi les derniers liens avec un très lointain passé, avec des hommes qui m'étaient devenus plus qu'étrangers, incompréhensibles.
La réflexion en commun
La solidarité des souffrances physiques, l’amitié, oui. La prison m'a apporté encore autre chose, de beaucoup plus profond. Je ne veux pas ici évoquer tout le travail de l’Organisation à l'intérieur des prisons, tous les dévouements dépensés, les cours, les livres lus en cachette, les consignes à dispenser. D'autres l'ont dit, mieux que moi peut-être. Mais ces 6 années passées m'ont fait pénétrer, de l'intérieur, des formes de pensée, des réactions, des sentiments, spécifiquement algériens. Comment expliquer cela simplement sans grands mots ?
Prenez un exemple : j'aimais être seul, pour travailler, pour lire et même pour réfléchir. Mais là-bas, nous vivions en étroite communauté. L'Algérien est « social », il aime être en groupe et tout mettre en commun. J'ai dû faire un effort pour m'y habituer. J'avais l'impression de briser un cercle noué autour de moi par cette habitude occidentale de la solitude nécessaire. Ensuite, j'ai compris qu'on peut réfléchir en commun, vivre avec ses voisins à toutes heures du jour. Aujourd'hui, cela m'est tout naturel.
Pour comprendre - ou plutôt pour participer - il fallait parler la même langue. J'ai appris l'arabe parlé, l'arabe littéraire. Quelles découvertes ! Tant de choses devenaient claires. A la fin, nous ne parlions plus qu'arabe d'ailleurs et je me sentais presque plus « dans mon élément » plus à l'aise. En tout cas, je n'avais jamais l’impression de traduire mes pensées en une langue étrangère, mais de m'exprimer, spontanément, dans une langue maternelle.
Un soir de Ramadhan
Les traditions arabes, aussi, prenaient pour moi leur véritable signification. Ma personnalité algérienne, je l’ai vraiment ressentie un jour : à la rupture du jeûne - je faisais Ramadhan, comme tout le monde. La première cigarette fumée en commun, le soir. Cette joie profonde, collective, elle était aussi la mienne.
L'autre jour, en sortant pour la première fois, je me sentais triste. Oui, triste, à cause du soleil, de l’herbe verte, des couleurs vives des parasols au bord de la route. Après 6 ans de la morne grisaille des cellules et des cours, retrouver la vie toujours pareille ; là-bas, toujours belle et gaie pendant tout ce temps ! J'étais un peu écœuré, dégoûté par l'humanité en général - et mes geôliers en particulier.
El puis, j'ai oublié ma tristesse. En prison, j'ai tout appris. Car on ne peut rien cacher, on est tous transparents, chacun connaît les autres complètement et la moindre réaction se révèle, s'amplifie. J'ai connu des hommes « vrais », des hommes du peuple algérien, et je suis devenu comme eux, Ou plutôt, l'un d'eux. J'en suis fier. Cet engagement abstrait d'un intellectuel idéaliste, il est devenu un engagement vécu, complet, charnel. Aujourd’hui, j'ai foi en l'avenir et foi dans le peuple algérien. Dans mon peuple.

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http://www.jeuneafrique.com/Articles/Do ... ulier.html
c'est pas l'arme qui tue mais l'être humaine qui tir sur la gâchette

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moudjahid
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par moudjahid »

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« Abane Ramdane a eu le grand mérite d'organiser rationnellement notre insurrection en lui donnant l'homogénéité, la coordination et les assises populaires qui lui étaient nécessaires et qui ont assuré la victoire. »

— Ferhat Abbas, L'indépendance confisquée, éd Flammarion, Paris 1984 (p.188-189).

« J'ai connu pas mal d'intellectuels, mais Abane Ramdane était remarquablement intelligent. C'était en outre un homme simple, d'une sincérité absolue. Il n'aimait ni s'habiller ni avoir de l'argent. La seule chose qui lui importât était l'unité nationale. Il était décidé à l'obtenir par tous les moyens. Et c'est cela qui a choqué beaucoup de militants. Il était violent, brutal, radical et expéditif dans ses décisions. »

— Amar Ouamrane (cf. Achour Cheurfi, La Classe politique algérienne, de 1900 à nos jours, Casbah Éditions).

L'ENTV qui insulte la mémoire d'un chahid parmi tant d'autres. Allah Yerhamhoum.
http://www.youtube.com/watch?v=3Neyt6nxWMM
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Repose en paix Lamine Kara alias Kaiser. Allah Yerahmek.

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numidia
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par numidia »

et je rajoute un point: que c'est surtout grace à lui que nous avons notre cher hymne
Qassamen
c'est une commande qu'il a passé très tôt
il avait une conception avant-gardiste et très organisée de la construction nationale et de la nécessité pour la Révolution d'avoir des symboles, des éléments fédérateurs et forts.

il a exigé que l'hymne soit à la hauteur du combat révolutionnaire algérien et c'est pour cela qu'on ne peut avoir que le coeur battant à son écoute.
______________
son radicalisme ne plaisait pas
il n'a malheureusement pas été compris
c'est aussi ça la Révolution, les divergences, les luttes internes, c'est partout pareil
mais il est hors de question aujourd'hui d'accepter de dire "mort au champ d'honneur" quand tous nous savons qu'il a été liquidé par ses paires
là on nage en pleine hypocrisie et on peut le dire révisionisme

nombreux sont les anonymes qui ont lutté
nombreux sont les anonymes qui ont oeuvré pour la liberté de notre pays
nous connaissons le nom de nombreux combattants ou militants
rendons-leur hommage avec humilité et vérite
inutile de déformer les faits, inutile.

Allah yerham Abbane Ramdane
Allah yerham tous ceux qui ont combattu et oeuvré pour notre dignité et notre souveraineté.
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AAF 2020
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Re: Post-it: Les Héros de La Résistance Algérienne [1830-1962]

Message par AAF 2020 »

Le Commando DJAMAL: Dans l'Ouarsenis, dans les monts de Amrouna et Doui au Dahra
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J'ai souhaité, pour le 50° anniversaire de l'Indépendance de notre pays, relater quelques faits d'armes du Commando Djamal, cette katiba de l'ALN au parcours prestigieux. Cette unité combattante de la Wilaya IV fut évoquée, pour la première fois, lors du débat vif et passionné suscité par le livre du Dr Saïd Saâdi consacré à la vie du colonel Amirouche et à sa mort en compagnie du colonel Haouas, à la séquestration ignoble de leurs dépouilles, des années durant, après l'Indépendance.
Le Commando Djamal, en mission dans le Sud, en Wilaya VI, se trouvait effectivement non loin du Djebel Thameur, lieu où furent tués, le 28 mars 1959, les deux chefs de wilaya. Ce sont des éléments du Commando qui se sont rendus, les premiers, à Djebel Thameur et ont rapporté ce qui s'était passé. Les deux colonels et la petite escorte qui les accompagnait, une vingtaine de personnes, livrèrent une résistance héroïque avant de succomber, soumis à un déluge de feu, sous les coups des assaillants beaucoup plus nombreux. Dans leur ultime combat, ils causèrent de nombreuses pertes à l'ennemi. Ils abattirent aussi un avion ennemi.
Lors du témoignage que nous avons livré (1), nous avions émis quelques hypothèses quant aux circonstances qui auraient permis à l'armée française de localiser et donc d'encercler Amirouche et Haouas. Il faut espérer que l'ouverture prochaine des archives françaises relatives à la guerre d'Algérie permettra d'élucider cet événement et d'autres faits historiques liés à notre lutte de libération. Après la publication de notre témoignage, des compagnons de l'ALN, des amis et des jeunes nous ont encouragés à écrire sur le Commando Djamal. Nous avons déjà raconté le séjour du Commando en Wilaya VI, de février à août 1959, sous le titre “Le commando Djamal dans l'Atlas saharien”(2).
http://www.liberte-algerie.com/temoigna ... mal-182342
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tchpako
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Message par tchpako »

Le parcours de Mohamed Melouk dit Sabri, premier technicien des transmissions de l'ALN
Une passion au service de la patrie

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Par Nazim AZIRI
Publié le 01 jui 2012
Quand j'ai accompagné Abderrahmane Berrouane dit Hadj Safar pour rencontrer Mohamed Melouk, un avant-gardiste novateur des transmissions de l'ALN pendant la guerre de libération nationale, je m'attendais à voir un homme usé par le temps, s'abandonnant comme la plupart des hommes de son âge au repos après toute une vie de labeur ; mais quelle ne fut ma surprise en constatant que Mohamed Melouk dit Sabri, l'infatigable maquisard, n'obtempère pas aux impératifs que dictent ses 76 ans. Bien au contraire, c'est un homme affairé et dynamique qui nous ouvre la porte de son grand laboratoire de maintenance et de production de matériel de transmission. Le secret de Si Sabri réside sans doute dans le travail et la persévérance hérités des longues années passées au «djebel» et une devise qu'il tient de Abdelhafid Bousouf : «Ne dis jamais c'est impossible».
Le début d'une passion

Né à Miliana en 1936, dans une famille de nationalistes, Mohamed Melouk s'est imprégné de politique dès son plus jeune âge, et c'est auprès d'un oncle, militant au sein du PPA, qu'il apprend l'histoire du nationalisme algérien. Après des études primaires à l'école Cazenave de Blida, il s'inscrit au Collège moderne et technique du Ruisseau à Alger. Fort d'une excellente réputation, l'établissement est réservé exclusivement aux Français, accueillant rarement des Algériens. D'ailleurs, Mohamed s'aperçoit rapidement qu'il n'y a au collège que lui et un autre compatriote parmi les dizaines de pieds-noirs. Inscrit dans la section radio, le rêve va donc se réaliser. Mais un incident imprévu marquera à jamais ce jeune Algérien venu de Miliana concrétiser son ambition.

Le sourire aux lèvres, Si Sabri nous raconte qu'un beau jour il s'apprêtait à rejoindre sa classe avec son compagnon quand un instructeur, manifestement raciste, les provoqua en leur lançant : «Voilà le troupeau qui arrive.» Mohamed, ne pouvant contenir sa colère, prit un encrier et le lança à la figure de l'instructeur. Ce fut un geste impardonnable surtout pour un Algérien déjà considéré, de par son origine, indésirable parmi les Français. Le verdict de l'administration était sans appel : Mohamed Melouk et son ami ne remirent jamais les pieds dans l'établissement. Exclu du lycée, Mohamed ne baissa pas les bras, la partie n'étant pas perdue pour autant.

La même année, une seconde chance s'offrit à lui, mais cette fois-ci au collège d'électricité industrielle de Kouba, où il fit un brillant cursus, couronné quelque temps plus tard par un certificat d'aptitude professionnelle, lui permettant d'intégrer la vie professionnelle. Avant de quitter l'établissement, il était de tradition que l'élève fît un stage de trois mois dans une entreprise pour parfaire sa formation. Mohamed Melouk fut orienté vers la Compagnie générale d'entreprises électriques (CGEE), de renommée internationale.

Vers 1955, commençait alors l'abandon progressif du 110 volts. À cette époque, tous les appareils électroménagers neufs étaient vendus en 220 V ou équipés de transformateurs 110/220. La compagnie qui employait Mohamed Melouk procédait, pour sa part, à la transformation des tensions électriques dans plusieurs régions d'Algérie. Mohamed Melouk, réputé pour être l'un des meilleurs techniciens, procéda, à lui seul, aux opérations de transformation à Médéa et au village de Montpensier à Blida.

Muni d'un savoir-faire dans le domaine de l'électricité, Mohamed nous raconte alors comment il avait fait gagner à son employeur d'importantes sommes en réadaptant les appareilles au nouveau voltage sans pour autant s'en débarrasser.

N'oubliant pas sa vraie passion, Mohamed garda un lien ombilical avec les ondes radio, qui avaient, depuis son enfance, nourri son esprit et son imagination. Pendant sa formation à Kouba, Mohamed suivait également des cours par correspondance à l'École centrale de Paris et à l'Institut de radio, deux établissements spécialisés dans le domaine de la radio. Cette année-là, Mohamed Melouk devait songer aussi au service national. Avant de s'y engager, il passa d'abord un stage de préparation militaire dans l'aéroclub de la Mitidja et l'AIA de Blida. Le choix de ce lieu n'était pas fortuit, l'aviation étant indissociable de la radio-transmission. À l'aéroclub de Blida, Mohamed Melouk fit la rencontre d'un vieil ami, un certain Ait Messaouden qui deviendra par la suite le premier pilote de chasse algérien. Premier de sa promotion radio, il eut droit à un stage pratique.

Aït Messaouden s'occupa de pilotage alors que Melouk prit en charge la radio. Ce contact réel avec un matériel sophistiqué incita Mohamed à poursuivre son chemin vers sa vraie passion.

Diplômes en poche, Melouk s'orienta alors vers la section militaire d'El Harrach, spécialisée dans les transmissions. Arrivé au bureau, l'officier chargé du recrutement lui demanda ses papiers, et lorsqu'il vit sur la carte d'identité du jeune Algérien la mention «Français musulman», il lui fit part du refus catégorique de l'administration de l'inscrire. Profondément indigné par les clauses abusives de l'école d'El Harrach, Mohamed Melouk prit alors la décision de déserter le service militaire et de rejoindre directement les rangs de l'ALN.
Le début d'une grande aventure

L'année 1955 fut une année décisive pour Mohamed Melouk, en ce sens qu'il décida de passer à l'acte et faire ses premiers pas au djebel. Grâce à quelques connaissances, il contacta des membres du FLN, mais pour des raisons de moyens et de procédures strictes, imposées par des impératifs de sécurité, l'ALN exigeait aux volontaires d'être recherchés par l'armée française. Sa première tentative d'intégrer les moudjahidine fut donc un échec.

Plus déterminé que jamais à suivre le chemin que lui dictait le destin, Mohamed milita activement au sein des cellules secrètes du FLN à Blida. Il mit en place un atelier de maintenance et de réparation de matériel de transmission et contribua également aux écoutes ciblant les services de sécurité français, moyennant un matériel qu'il avait lui-même fabriqué à partir d'une radio transformée en poste d'écoute.

1956, le moment de vérité arriva. Il fallait prouver son engagement et sa bravoure pour être admis au maquis. Mohamed était prêt à relever le défi. Fin 1955, début 1956, l'opération à laquelle il participait avec ses frères du FLN et qui visait le commandant de la place de Blida tourna mal. Melouk devait récupérer l'arme de la cible après que le fidai lui eut tiré dessus. Mais ce dernier fut tué sur le coup, après la riposte de l'officier français. Melouk prit la fuite et ne tarda pas à rejoindre le maquis de la Wilaya IV sous le commandement du colonel Si Sadek, de son vrai nom Slimane Dehilès.

De formation technique, Mohamed fut affecté à la section des transmissions, une unité à peine créée et fonctionnant avec des moyens modestes. Mettant ses connaissances au profit de l'ALN, il commença à mettre en place un atelier, en constituant un matériel d'écoute et de réception grâce à l'aide matérielle de Mustapha Bencherchali, fils d'une grande famille de notable de la ville de Blida. Mohamed le rencontrera plus tard au PC 4 de la Wilaya V, en compagnie d'un certain Mustapha Nador originaire de La Casbah. Mustapha Bencherchali tombera au champ d'honneur en 1957.

Pendant son séjour dans la Wilaya IV, Mohamed Melouk effectuera plusieurs dépannages et réparations, sur le matériel récupéré des unités françaises lors des embuscades qui leur furent tendues.

Dans son livre intitulé Ondes de choc, Senoussi Seddar dit Si Moussa raconte : «Le colonel Si M'hamed Bougera, commandant de la Wilaya IV, avait tenté de créer les transmissions dans sa propre wilaya. Il fait appel, pour ce faire, à deux jeunes moudjahidine, Sabri, élève du lycée technique du Ruisseau à Alger, et Mohamed Mekhatria, ancien militaire opérateur radio de transmission pendant la guerre d'Indochine.» Le choix du lieu a été déterminé par Si M'hamed Bouguera ; ce dernier opta pour les monts de l'Ouarsenis, plus calmes et moins exposés aux accrochages avec l'armée française. Sabri et Mekhatria se mirent au travail et creusèrent un abri pour le PC, mais ne sachant pas bien se débarrasser de la terre fraîche extraite, ils commirent l'erreur de l'étaler tout au tour de la cache. Les pilotes des avions de l'armée française, pouvant facilement voir le contraste d'en haut, effectuèrent un bombardement intensif, qui causa la destruction totale des installations. Si M'hamed décida alors d'abandonner ce projet et ordonna à Sabri et Mekhatria de se rendre à la Wilaya V qui disposait, elle, de matériel et d'opérateurs mais pas de techniciens.
Le départ à la Wilaya V

Le départ de Sabri et Gherbi pour l'ouest du pays a été négocié par Si Salah (Zâamoum). À cette époque, c'est-à-dire avant la constitution de l'Etat-major, les wilayas historiques étaient autonomes, autrement dit, chaque wilaya disposait de ses propres moyens et ressources. Pour faire face à la puissance logistique de l'ennemi, il fallait donc s'entraider et faire un échange de savoir-faire et de matériel et munition.

«Arrivé à la Wilaya V, nous dit Si Sabri, ils m'ont testé. J'ai réussi, à tel point qu'ils ont décidé de créer un service technique, dans lequel j'ai contribué.» Sabri apporta son savoir-faire et ses connaissances acquises pendant son stage de préparation militaire à Blida, notamment sur l'entretien du fameux ANGRC9, l'émetteur sophistiqué, que Si Abdelkader Chanegriha, dit Tchang, a réussi à acheter auprès de la firme allemande Téléfunkun, et ce, en dépit du blocus français sur ses armes réservées aux pays de l'Otan.

«Ma première mission, nous raconte Sabri, a consisté à réparer une panne dans la zone 6 de la Wilaya V (Mascara). Gherbi s'en est chargé, quant à moi je suis parti pour la zone 8, à Boudnib, afin de dépanner l'ANGRC9 du PC 9, la zone était sous le commandement de Si Larbi.» Le réseau de la zone 8 étant caractérisé par un trafic radio très important, en raison des grandes distances au sud du pays, les postes tombaient en panne très fréquemment. Le témoignage de Si Moussa dans son livre Ondes de choc confirme l'effort colossal fourni par le binôme Sabri et Gherbi. Concernant Mohamed Melouk, il dira que ce dernier «traversera à cinq reprises la frontière algéro-marocaine». La traversée de la frontière fut à l'époque une entreprise périlleuse, Si Sabri faillit un jour y laisser sa vie, lorsqu'un éclat d'obus tiré par l'armée française lui transperça le ventre.

Un jour de l'année 1957 et pendant que Sabri installait le PC de la zone 8, on l'informa que la radio Voix de l'Algérie libre et combattante était tombée en panne. La radio, lancée le 16 décembre 1956 au Maroc, disposait de deux émetteurs, quand le premier cessait de fonctionner, le deuxième prenait le relais. En septembre, ce que l'on redoutait le plus finit par arriver, le deuxième appareil (émetteur) tomba lui aussi en panne. Sabri reçut alors l'ordre immédiat de se rendre au Maroc en mission de maintenance. Boumediene, chargé alors de la Wilaya V, lui envoya son chauffeur personnel, pour le ramener de Boudnib à Zaio, dans la province de Nador. Arrivé à la station, il fallait, et sans perdre un instant, se mettre au travail. Sabri répara les deux émetteurs le même jour et prit l'initiative de les faire fonctionner en même temps. Grâce à son exploit, la radio put reprendre ses émissions avec deux fréquences différentes. Ce fut une véritable prouesse technique d'autant que le matériel avait fait son temps, c'était des appareils difficiles à réparer, étant achetés d'un lot de surplus américain destiné à la vente, et que Zeggar dit Rachid Caza avait récupérés.

C'est avec une grande émotion que Sabri se rappelle le moment où Boumediene le reçut dans son bureau et le félicita en lui promettant une récompense pour les efforts qu'il avait consentis. Sabri sera d'ailleurs, peu de temps après, promu au grade de capitaine, estimant honorer avec son exploit technique la Wilaya IV ou il avait fait ses premiers pas dans la glorieuse révolution.
Modernisation de la radio RDA

Dans l'ancienne installation, l'émission se faisait à l'intérieur d'un camion, qu'il fallait dissimuler à l'intérieur d'une enceinte, en démolissant et en reconstruisant les murs chaque soir. Le manque d'espace et la mobilité réduisaient considérablement le rendement. Si Sabri nous raconte également que la radio qui avait un grand impact sur le moral des Algériens était devenue un outil indissociable pour la lutte armée, car face aux moyens médiatiques modernes dont disposait l'ennemi, en matière de communication, il fallait trouver une solution rapide et parer à toute panne imprévue.

Dans cette nouvelle mission, Sabri fut chargé de créer d'abord un studio d'enregistrement, et c'est à Nador-Ville qu'il fut établi. La tâche n'avait pas été facile, car il fallait mettre en place une console technique en utilisant des pièces détachées vendues séparément.

Vers 1958, l'enregistrement avec les magnétophones était devenu possible ce qui permit aux speakers de faire un travail plus consistant, en étant débarrassés des contraintes du terrain. Parallèlement au studio d'enregistrement, il fallait moderniser aussi l'émission et passer à l'utilisation d'émetteurs plus performants afin d'élargir le champ d'écoute de la radio. Et ce fut encore grâce à Messaoud Zeggar que la DTN reçut un nouveau matériel, un émetteur de 5 KW, mais destiné seulement à la télégraphie. Sa réadaptation en phonie nécessitant une modification, Laghouati et Sabri reçurent alors un financement pour acheter le matériel nécessaire et le rendre fonctionnel. L'amplificateur le plus puissant qu'on pouvait trouver au Maroc ne dépassait pas les 300 W, alors que l'émission avait besoin d'au moins 800 W en BF (basses fréquences) au minimum. L'amplification fut alors rendue possible dans les laboratoires de l'ALN, permettant de contourner les difficultés techniques. Avec l'aide de Laghouati, qui avait fait le déplacement spécialement de Tunis vers le mois de mars, le nouvel appareil était fin prêt et la transmission put démarrer. L'ALN avait désormais une radio puissante et surtout fixe. Le nouvel émetteur faisait 3 tonnes, il fallait donc lui trouver un lieu sûr, à l'abri des regards d'autant que les services spéciaux français avaient engagé plusieurs unités pour traquer les services de transmissions à l'intérieur du Maroc. Après des prospections, le choix fut arrêté sur une ferme isolée du côté de Zaio. L'émetteur, nous raconte Sabri, était si volumineux qu'il avait fallu casser le mur de l'enceinte pour pouvoir l'introduire à l'intérieur. Les nouvelles émissions couvraient désormais tout le territoire algérien, la Tunisie et une partie de l'Egypte.
La formation des nouvelles recrues

Devenue un centre incontournable des transmissions de l'ALN, la Wilaya V passa à la formation des opérateurs. Ainsi, deux autres sections plus importantes furent formées du côté ouest du pays ; il s'agit successivement d'une promotion de onze stagiaires puis de vingt-trois stagiaires. La première reçut son instruction à Nador au CITT et la seconde à Oujda. Sabri fera partie des instructeurs de ces nouvelles promotions en se chargeant d'enseigner l'aspect pratique comme il savait toujours le faire. Pour la nouvelle radio installée à Zaio, une équipe technique formée par Sabri faisait le déplacement chaque semaine pour effectuer des entretiens préventifs sur le nouveau matériel.En 1960, l'ALN plus structurée avec des relais très importants à l'étranger et des relations avec des pays ami comme la Chine, décida d'envoyer les meilleurs de ses officiers en formation à l'étranger. Sabri fut parmi la délégation reçue par Mao à Pékin en compagnie de Laaroussi et Laghouati. Etant parmi les premiers pays à avoir reconnu le GPRA, la Chine décida d'offrir une station complète de 50 KW en ondes courtes à l'Algérie. Sabri fut choisi avec Laaroussi et Ouzeghdou pour suivre un stage de formation sur ce nouveau matériel à Pékin.

Outre les Wilayas IV et V, Sabri se rendit en mission dans la Wilaya VI et le front Sud où il contribua notamment à la formation des techniciens dans le front sud au Mali. Ainsi, il fit des déplacements à Gao, Kidal, Bamako, Tessalit, Kayes où un centre d'écoute fut mis sur pied.

A l'indépendance, Mohamed Melouk reste étroitement lié à sa passion. Il installe des réseaux de transmissions des institutions de l'Etat, comme la police et la gendarmerie. Aujourd'hui, Mohamed Melouk est un industriel mondialement connu dans le domaine des transmissions. Il travaille en compagnie de son fils à qui il a transmis le flambeau.
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L’un des pionniers des transmissions
Mustapha Hadjadj-Aoul dit Mahfoud

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Par Leïla Boukli
Publié le 01 jui 2012
Mustapha Hadjadj-Aoul dit Mahfoud, né le 14 mai 1934 à Tlemcen, fait partie de la génération d'étudiants qui ont quitté les bancs des universités, lycées et collèges pour répondre à l'appel de la grève du 19 mai 1956.
De g. à dr. : 1- Mustapha Hadjadj. 2- Abdelhafid Boussouf. 3- Lakhdar Bentobal.

Cet ingénieur en télécommunications, qui voulait être chimiste ou pharmacien, s'engagera corps et âme dans les rangs de l'élite révolutionnaire des transmissions, fer de lance, de 1956 jusqu'à la fin de la révolution et même au-delà. Des treize promotions formées dans ce domaine stratégique, nombreux sont ceux qui mettront leur précieuse expérience au service de l'Algérie souveraine. On les retrouvera dans des secteurs tels que l'armée, les télécommunications, les Affaires étrangères, les douanes ou encore la Protection civile… Mustapha Hadjadj-Aoul, qui sortira major de promo de l'académie de Saint-Pétersbourg en 1964, occupera différents postes, à l'indépendance.

A la demande du défunt Président Boumediene, une fois ses études achevées, il prend en main la direction centrale des télécommunications militaires au ministère de la Défense nationale jusqu'en 1969 ; il y forme des promotions, crée des écoles, des cadres, des liens, en un mot une relève, puis crée la Sonelec, entreprise nationale électrique et électronique, jusqu'en 1979 et finira conseiller au ministère des Transports jusqu'à sa retraite. Cet homme habitué au cloisonnement et à la clandestinité auxquels il a été astreint durant la lutte de libération nationale, vu la spécificité de l'action et l'organisation du ministère de l'Armement et des Liaisons générales, auquel il a appartenu, préfère comme beaucoup de ses compagnons l'ombre à la lumière. Tant il est vrai, qu'ils devaient faire abstraction de leur passé, de leur identité première, en un mot de leur vie antérieure.

Frère de chahid, Mustapha Hadjadj-Aoul est issu d'une vieille famille tlemcénienne de nationalistes connus pour leur engagement. Avant la grève de 1956, qui le décidera à prendre le maquis, il milite au FLN, rejoint un beau-frère à Meknès où non-boursier il fera sa première année de pharmacie. Là il rencontre des jeunes étudiants algériens comme lui, entre autres les Tounsi, Fetouki…, crée l'UGEMA se rapproche des responsables du FLN et disparaît…

Il se replonge dans cette glorieuse période de sa vie avec nostalgie et enfin se livre. De 1954 à 1956, c'était l'explosion de partout en Algérie. Sans armes, l'ardeur au combat des moudjahidine et l'influence grandissante de l'ALN ne suffisaient pas face aux actions chaque jour plus meurtrières des forces coloniales. Des besoins nouveaux se faisaient sentir pour étendre les liaisons entre les unités combattantes et l'organisation politico-administrative. «Les hommes chargés du tissal (liaison) efficaces au début, dans leur fonction de relais et de boîtes aux lettres entre le sommet et la base, étaient souvent pris pour cible. Il fallait gagner des vies et du temps, il fallait avoir des instruments plus performants de communication, il fallait former des hommes.»

Le Caire avait formé quelques étudiants aux liaisons radio sur des équipements achetés ou offerts par les pays arabes, notamment par l'Irak. Dans les cargaisons d'armes qui arrivaient, par route du côté Est et par bateau du côté Ouest, on avait inclus un certain nombre d'émetteurs-récepteurs. Les premiers essais seront faits à l'Est de l'Algérie où une petite école de morse fut créée, sans succès.

Cette base sera plus tard prise en charge. C'est alors que Abdelhafid Boussouf, déterminé, prend en main la question et décide de puiser dans le vivier des étudiants grévistes. «Contactés par des agents de l'ALN en civil, nous sommes reçus un par un par Boussouf et Boumediene qui avaient auparavant pris la peine de lire des fiches remplies par nos soins. «‘'Vous savez que ce soir vous allez traverser la frontière et que vous risquez de mourir ?'' fut la dernière question posée par eux. Nous n'en n'avions cure puisque la plupart d'entre nous étaient volontaires et acquis à la cause.» Ils déménagent dans une maison plus vaste où leur sécurité est assurée par un officier, Sayah dit Bouchakour à la tête de six hommes dotés de mitraillettes, et leurs repas sont servis par Si Abdelkader Samoud et sa petite famille.

«On y retrouve Boualem Dekkar dit Ali Guerras, Ghouti de son vrai nom Abdelkrim Hassani, Ali Tlidji dit Omar, Moussa dit Seddar, Mohamed Mokrane dit Nasser, Ahmed Taouti dit Chaabane, Zidane, Erwin Reinhold, un légionnaire allemand et Boumediene Dib dit Abdelmoumen, ancien sous-officier des transmissions de l'armée française, un fada de l'écoute qui passait son temps à capter la fréquence-bande de la gendarmerie. C'est comme ça qu'il eu la désagréable surprise de vivre en direct la liquidation de son père. Abdelmoumen consignait les résultats de son écoute sur des feuilles, transmises chaque soir à Boussouf pour exploitation. C'est lui qui lui en fera connaître les subtilités.» Plus tard, des centres d'écoute seront implantés à l'Ouest et à l'Est aux frontières.

«On avait tout le loisir le soir d'entendre en clair à très grande vitesse entre Alger et Paris leur BRQ, bulletin de renseignement quotidien, que nous avons mis à profit. Les messages codés déchiffrés nous donnent beaucoup de renseignements et les Français ne comprenaient pas comment on avait pu en arriver là. On créera notre propre BRQ qu'on enverra à tout le monde, GPRA, CNRA, wilayas… et qui sera l'embryon de l'APS actuelle.»

Des cours accélérés commencent donc, encadrés par Senoussi Seddar dit Si Moussa, technicien de son état, et par un ancien d'Indochine, originaire de Laghouat, Ali Tlidji dit commandant Omar. «Nous recevions du matériel radio militaire de fabrication américaine, des émetteurs de type ART 13, des récepteurs BC 348, des SP 600 Hammarlund, qu'il nous fallait apprendre à bien manier. Mais nous restions toujours en attente de l'acquisition de l'ANGRC9, matériel de transmission de l'OTAN, de technologie avancée pour l'époque et que Messaoud Zeghar dit Rachid Casa nous procurera plus tard.»

Après la formation, Mustapha Hadjadj-Aoul dit Mahfoud reste au poste de commandement pour prendre en main le réseau, devenu plus tard zones et Wilayas. Boussouf l'informe de son intention de l'envoyer à Tunis. Entre-temps, il part seul de Nador à Tétouan dans un taxi clandestin chargé de remettre à Boudiaf un paquet de la part de Boussouf. «C'est là que je rencontre Abdelkader Chanegriha dit Tchang, qui tenait les finances de l'organisation. C'est lui qui se chargera de mon voyage en Tunisie où devait m'accueillir Ouamrane. En lieu et place, c'est Amirouche et Ben Driss qui m'attendaient. Ma première mission, nous dit Mahfoud, était celle d'établir la liaison entre l'Est et l'Ouest du pays. Un poste était en permanence à l'écoute à Nador. Abdelkader Bouzid dit Abou El Feth supervisait, en attendant le premier signal. La liaison s'est faite dans de bonnes conditions et l'ordre a été donné de lancer la 5e Promotion de l'Est.»

En 1959, année la plus meurtrière de l'histoire de la Révolution avec la création des lignes Challe et Morice, c'est l'étouffement. Il est alors décidé d'ouvrir le front Sud et d'y implanter sept réseaux de transmissions. «Abdelaziz Bouteflika, l'actuel président, appelé depuis cette époque Abdelkader El Mali était de la partie, de même que Draia, Chérif Messaâdia, Belhouchet…» renchérit Si Mahfoud.

Et c'est ainsi qu'avec des moyens dérisoires et rudimentaires, dans une petite maison d'Oujda dénudée de confort, baptisée pompeusement «Ecole», l'arme des transmissions naît en 1956 avec la première promotion, forte de 25 membres.

Plus de 50 ans après, les souvenirs s'estompent, mais la même affection lie la famille du MALG. «Lorsqu'on se rencontre, avoue-t-il ému, c'est pour évoquer avec grande émotion nos jeunes compagnons de lutte disparus.» Beaucoup avaient à peine 20 ans ou moins. A cet âge, on rêve encore d'oiseaux bleus et d'amour…
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Le parcours du colonel Boussouf dit Si Mabrouk

ImagePar Dahou Ould Kablia
Publié le 01 jui 2012
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Abdelhafid Boussouf est né en 1926 à Mila (Nord Constantinois). Il fit ses premières études dans cette ville et y passa une bonne partie de sa jeunesse avant de se rendre à Constantine, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale pour poursuivre ses études et où il obtiendra son brevet élémentaire - il devait poursuivre également des études de psychologie par correspondance pendant 4 ans.

Là, il adhéra au PPA à 16 ans et fit ses premières armes politiques auprès de militants éprouvés tels que Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat, Larbi Ben M'hidi, Lakhdar Bentobbal jusqu'en 1947, année de la création de l'Organisation Spéciale (OS) dont il fait partie.

Après le démantèlement de celle-ci, en 1950, il entre dans la clandestinité d'abord à Skikda puis en Oranie ou il n'est ni connu ni recherché par les services français. Responsable du MTLD de la daïra de Tlemcen, il active au renforcement des structures de ce parti tout en gardant le contact avec les autres membres de l'OS non arrêtés et disséminés en Oranie, parmi lesquels Hadj Ben Alla, Larbi Ben M'hidi, Abdelmalek Ramdane, Ahmed Zabana ...

La scission du MTLD, en janvier 1954, entre partisans de Messali Hadj et les membres du comité central regroupés autour de Hocine Lahouel, le pousse à sortir de cette alternative et à choisir son camp naturel, c'est-à-dire le noyau dur des partisans de l'action armée, seule à même, à leurs yeux, de transcender les clivages politiciens et de redonner espoir aux militants de base.

Il fait partie du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) créé à cette fin en mars 1954, de même qu'il participe en juin de la même année à la réunion des vingt-deux qui décident de l'action armée immédiate.

A la veille du 1er novembre 1954, Abdelhafid Boussouf est l'adjoint de Larbi Ben M'hidi, chef de la zone cinq (Oranie). Il est chargé de l'organisation et de l'implantation du FLN-ALN dans la région qu'il connaît bien, celle de Tlemcen.

Les premières actions sont engagées comme dans le reste du pays le 1er Novembre, mais sont suivies d'une relative accalmie due à l'insuffisance de moyens et surtout à la présence d'une administration française omniprésente dans cette zone à forte concentration coloniale.

Il ne ménage aucun effort, cependant, tant dans la région qu'il dirige qu'au-delà des frontières, en territoire marocain, notamment dans le Rif ou en liaison avec Larbi Ben M'hidi, Hadj Ben Alla et Mohamed Boudiaf, pour la recherche et à la réception d'armes pour les combattants. Celles-ci viendront finalement en mars 1955 à bord du navire « Dyna » qui, venant d'Alexandrie, accostera clandestinement sur la côte près de Nador au Maroc.

La Zone 5 est alors structurée et divisée en treize secteurs opérationnels, tous dotés de cadres et de combattants armés. L'action reprend avec vigueur.

Après le Congrès de la Soummam, tenu le 20 août 1956, il devient membre du Conseil national de la Révolution (CNRA) et succède, en septembre 1956, à Larbi Ben M'hidi à la tête de la Zone 5 devenue Wilaya V, avec le grade de colonel.

La Wilaya est réorganisée en huit zones et va porter la lutte jusqu'a la limite des territoires du sud dans la région d'Aflou en particulier, d'où l'ALN chasse des éléments bellounistes récemment installés.

A cette époque aussi, profitant de l'évacuation des forces françaises de l'oriental marocain, il s'assure de solides bases d'appui dans cette région et passe à la seconde phase de son plan d'action. Il y implante donc des bureaux de liaisons et des bureaux d'accueil et de recrutement, des bases logistiques et surtout des centres de formation militaire et technique, dont le premier centre de formation des agents de transmission, en 1956, et la première école des cadres, en 1957, et ce, dans la clandestinité la plus totale. C'est de la première promotion des transmissions baptisée promotion Zabana, que devaient sortir les futurs cadres des transmissions, des services d'écoute, des services spécialisés et des services techniques (RDA entre autres), etc.

L'intervention des services des transmissions donnera une autre dimension à la lutte tant en Wilaya V que dans les autres Wilayas et ce par la liaison directe, désormais établie, entre celles-ci et les organes dirigeants de la Révolution, d'une part, et de la mise en service de la radiodiffusion

« Saout El Djazair » le 16 décembre 1956, d’autre part.

En septembre 1957, il est nommé membre du Comité de coordination et d'exécution (CCE) désigné par le CNRA, lors de sa réunion tenue au Caire. La répartition des tâches au sein du CCE le place à la tête du département des liaisons et des communications.

Cette mission, dont il s'acquitte avec discrétion et efficacité, est confirmée lors de la formation du premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le 19 septembre 1958, par sa nomination en qualité de ministre des Liaisons générales et des Communications (MLGC).

La constitution d'une structure dirigeante officielle reconnue par de nombreux pays frères et amis lui offre l'occasion de donner la pleine mesure de ses capacités de concepteur et d'organisateur. Sa confiance en l'issue du combat et son sens de la prospective confortent son engagement dans le développement de l'action immédiate et dans la vision à plus long terme caractérisée par la formation et la préparation des cadres d'avenir.

Il fait appel aux éléments les plus compétents de l'ALN auxquels viennent s'ajouter les nouvelles recrues soigneusement sélectionnées et formées pour renforcer les directions opérationnelles de son ministère dans le domaine déjà cité des transmissions mais aussi du renseignement, de la vigilance et du contre-renseignement, du chiffre, des liaisons, de la logistique et de l'armement général dont la direction exclusive lui sera confiée après la formation du deuxième GPRA en janvier 1960, de nouveau présidé par Ferhat Abbas.

Homme de principe et de rigueur Abdelhafid Boussouf joue un rôle important d'équilibre à la tête de la révolution, au CNRA et au GPRA, arbitrant les conflits, s'opposant discrètement et parfois fermement aux ambitions déclarées de certains compagnons avec le souci de toujours consolider le caractère collégial dans l'exercice de la responsabilité au sommet de la hiérarchie.

Les nouvelles prérogatives de son ministère lui permettent d'agir dans de nombreuses directions puisqu’ il oriente l'action de l'EMG en sa qualité de membre du Comité interministériel de la guerre (CIG) ; assure la tutelle surtout des élèves officiers algériens en formation dans les académies militaires d'Egypte, de Syrie, d'Irak, d'Union soviétique et de Chine ; entreprend les contacts extérieurs nécessaires pour l'acquisition et le transport des armes vers les frontières ; fournit la matière informative, collectée par ses relais, au service de l'information (presse et radio) et à ceux des relations extérieures ; contribue de manière particulièrement importante dans l'action diplomatique engagée au plan régional (Conférences de Tanger et de Tunis) où il plaide des dossiers qu'il connaît bien sur les frictions et les contentieux politiques et militaires engendrés par la présence de l'ALN et des réfugiés algériens dans les territoires marocains et tunisiens, afin de renforcer la solidarité nécessaire à l'harmonisation des rapports entre les trois pays frères face à un adversaire commun ; fait traiter par le centre d'étude et d'exploitation installé à la base Didouche-Mourad en Libye les grands dossiers militaires, politiques et économiques liés aux prochaines négociations avec la partie française.

Ses collaborateurs, forts de sa confiance, jouissent des prérogatives les plus larges pour toutes les initiatives utiles à la réussite de leurs missions au service d'un seul but : la victoire finale.

C'est ainsi que malgré la grave crise de 1961-1962 entre le GPRA et l'Etat-major général, les services opérationnels du MALG (transmissions, écoute, renseignements, logistique et formation) maintiennent des relations plus que fructueuses avec l'EMG et les unités qui en dépendent. Ahdelhafid Boussouf avait interdit qu'ils s'impliquent dans les affaires politiques qui ne concernaient que les dirigeants. Cette position leur valurent d'ailleurs le respect et la considération de ceux qui ont eu en charge les destinées de l'Algérie après l'indépendance. Ils trouvèrent, prêts à l'emploi de manière quasi-totale des centaines de cadres dans des domaines névralgiques ou de souveraineté tels que la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, les transmissions et le chiffre, l'administration centrale et préfectorale, les affaires étrangères, la radiotélévision nationale, les télécommunications, la police, la gendarmerie etc. Ils s'acquittèrent et s'acquittent toujours de leur tâche avec dévouement, compétence et par-dessus tout un esprit patriotique patiemment et durablement inculqué par Abdelhafid Boussouf.

La violence de la crise de l'été 1962 générée par les appétits politiques des uns et des autres ne lui permit malheureusement pas de continuer sa mission au service de son pays à l'indépendance. Il se retira dignement non sans avoir demandé à ses collaborateurs de poursuivre avec la même vigueur et le même engagement le combat pour la consolidation de l'indépendance et la construction de l'Etat naissant. Il continuera à avoir un œil attentif sur son pays tout en menant des activités privées. Ses relations tissées durant la période de la lutte de libération nationale se conforteront pour devenir des amitiés durables avec de grands responsables et dirigeants de pays frères à l'exemple du docteur Khatib et de Fqih El Basri du Maroc, des Tunisiens Mohamed Masmoudi et Brahim Toubal, ce dernier opposant de longue date au président Bourguiba et résidant en Algérie. Il aura surtout porte ouverte auprès du Président syrien Hafez El Assad et du Président irakien Saddam Hussein qui feront de lui un précieux conseiller pour l'équipement de leurs forces armées. Il décédera subitement d'une crise cardiaque le 30 décembre 1980 à Paris. Son corps repose depuis au Carré des martyrs du cimetière d'El Alia à Alger.
Par Dahou Ould Kablia
Président de l’Association nationale des anciens du MALG(AN-MALG) , ministre de l'intèrieur et des Collectivités locales.
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Le commandant Mohamed Boudaoud dit «Mansour»
L’Algérien qui a dit «NON» à Yves Courrière

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Par Salim HOURA
Publié le 02 juin 2012
Proche collaborateur de Boussouf et de Boumediene, le commandant Mohamed Boudaoud, officier supérieur de l'ALN et responsable de l’armement et ravitaillement général pour la région Ouest durant la Révolution de libération nationale, a longuement contribué à doter l’ALN d’une industrie d’armement et dans l’organisation des réseaux d’achat d’armes au profit de la Révolution.
Mohamed Boudaoud et Abdelhafid Boussouf visitant un atelier d'armement

L’histoire de la Révolution algérienne appartient aux Algériens. Faisant sien ce concept, le commandant Mohamed Boudaoud dit Mansour révèle qu’il a refusé à quatre reprises de recevoir l’historien-réalisateur français, Yves Courrière, qui l’a sollicité à plusieurs reprises avant la réalisation de son film-documentaire La guerre d’Algérie. Ce moudjahid de la première heure, natif du village Taourga et de parents originaires du village Azrou-Bwar, dans la commune de Mizrana, demeure convaincu, à l’orée de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance, que « l’histoire de la Révolution algérienne appartient aux Algériens et c’est à eux, acteurs, de l’écrire pour que les générations à venir apprennent les événements réels». Une histoire faite par des hommes ayant consacré leur vie au service d’un idéal. Officier supérieur de l'ALN et responsable de l’armement et ravitaillement général pour la région Ouest durant la Révolution de libération nationale, Mohamed Boudaoud a travaillé directement avec les principaux chefs historiques dont le colonel Boussouf, colonel Lotfi. Né en 1926, Mohamed Boudaoud a milité dès son jeune âge en 1944 dans son village natal Taourga au sein du PPA. En 1946, il rejoint Alger où il a continué à militer au sein du MTLD jusqu'à 1947, année où il rejoint l'Organisation secrète et paramilitaire (OS), qui formait des sousofficiers pour le déclenchement de la Révolution armée.

En 1950, l'activité de l'OS suspendue, en raison de l'arrestation de responsables et de militants, Mohamed Boudaoud reprend son activité militante au déclenchement de la révolution en Tunisie, ensuite au Maroc. Ayant intégré les services de renseignement du FLN à Alger, Mohamed Boudaoud est mandaté en 1955 par le colonel Ouamrane, chef de la wilaya IV, pour se rendre au Maroc avec pour mission de se procurer des armes pour les envoyer à la région IV.

Arrivé au Maroc, point d'armes du fait que les Marocains venaient à peine de recouvrer leur indépendance sous le règne de Mohammed V. « Au fait, les Marocains hésitaient encore du fait qu’ils ne faisaint pas confiance aux Français », souligne Mohamed Boudaoud. Aussi se met-il à s'organiser à Casablanca, Meknès, Rabat et à former des cellules du FLN. « Nous avons collecté un million de centimes que nous avons envoyé au colonel Ouamrane par le biais d'un agent de liaison. Arrivé à Alger, il a remis cette somme à Ouamrane, et ce dernier lui a dit : « Tu diras à Mohamed Arezki (on me nommait ainsi en ce temps-là), nous ne voulons pas d'argent, mais des armes. » Avant que l'agent de liaison ne revienne d'Alger, Boudiaf, qui ignorait tout de cette mission, avait appris qu'il y avait une organisation qui s'est constituée au Maroc. Or, cette région dépendait de lui et il a demandé d'aller le voir à Tétouan », révèle le responsable du MALG. Ayant appris l’objet de la mission, Boudiaf intime l’ordre à Mohamed Boudaoud de continuer son travail de récupération d'armes au Maroc tout en lui précisant : « Ouamrane je m’en charge. » Entre-temps, Boudiaf a mis en contact Mohamed Boudaoud avec Si Mabrouk (colonel Lotfi) et Boumediene. Sa mission entamée, il réussit à prendre contact avec l'Armée de libération du Maroc pour le transfert de djounoud, du moins les militaires incorporés dans l'armée française et qui avaient déserté et combattu avec l'Armée de libération marocaine, ainsi que les Algériens et autres volontaires qui voulaient combattre dans les rangs de la Révolution. Ceux-là ont été transférés vers la Wilaya V à Aïn Safra, sous la responsabilité, alors du colonel Lotfi. Après le détournement de l'avion qui transportait Boudiaf, Aït Ahmed, Lacheraf, Ben Bella et Khider, le commandant Boudaoud travailla directement avec Boussouf, chef de la Wilaya V. En 1958, il prendra la tête de l'armement et du ravitaillement général à l'échelle nationale. En 1960, après l’éviction de Mahmoud Cherif, alors ministre de l'Armement au sein du gouvernement provisoire, « du fait que le ministère de Mahmoud Cherif a été noyauté par les Français », Mohamed Boudaoud sera ensuite directement sous les ordres de Boussouf, qui a repris l'armement en plus des services de transmission générale.

Parmi les faits d’armes du commandant Mohamed Boudaoud, on citera le rapatriement depuis le port de Cadix (Espagne) en 1956 d’un bateau contenant 70 tonnes d’explosifs, détonateurs et de cordons bifores que les Marocains avaient achetés auparavant. L’indépendance proclamée, les Marocains prirent attache avec Boudiaf pour lui proposer le chargement. Ce dernier chargea Boudaoud de rapatrier de Cadix (Espagne) le bateau en question. La marchandise transita par Hassinia (Maroc) le 21 décembre 1956. Vingt tonnes ont été ainsi acheminées le 22 décembre à Alger par des camions de fruits et légumes. Une autre cargaison a été affectée à Alger deux jours plus tard. Mais à Alger, le contact n’était pas au rendez-vous. Benkhedda et son groupe étant alors obligés de prendre la fuite, aussi la marchandise fut renvoyée à son lieu d’envoi.

L’autre fait marquant a eu lieu lorsque le colonel Boumediene demanda au commandant Mohamed Boudaoud de lui procurer au moins deux bazookas pour commettre des attentats et faire comprendre aux Français que la révolution continue. « Pour ce faire, j’ai sollicité mes amis marocains qui ont mis à profit le voyage de Mohamed V en Egypte pour les faire entrer dans des valises diplomatiques », révèle le commandant Mohamed Boudaoud qui a longuement contribué à doter l’ALN d’une industrie d’armement et dans l’organisation des réseaux d’achat d’armes au profit de la Révolution en implantant cinq unités de fabrications d’armements au Maroc. Dans cette entreprise, il y avait aussi un certain Messaoud Zeggar dit Rachid Casa. A l’indépendance, ses unités ont réussi à fabriquer 10 000 mitraillettes dont 5 000 montées et 200 mortiers. Au MALG, Mohamed Boudaoud a été apprécié pour ses qualités, dont un dévouement à toute épreuve au point de mériter la totale confiance de Boussouf. Aujourd’hui, il garde encore la même détermination et la même fougue.
http://www.memoria.dz/jui-2012/figures- ... it-mansour
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Omar Yassef dit p’tit Omar
Le petit lutin de la bataille d’Alger

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Par Assem MADJID
Publié le 02 juin 2012
Ali la Pointe

Ils étaient quatre à être « plastiqués » dans leur cache, au 5 rue des Abdérames de la mythique Casbah. Le 8 octobre 1957, Ali Ammar, alias Ali la pointe, Hassiba Benbouali, Mahmoud Bouhamidi et P’tit Omar, de son vrai nom Yacef Omar, quatre héros de la Révolution sont déchiquetés par le puissant explosif installé autour de leur cache. La bataille d’Alger n’est désormais que ruine et lambeaux de chair humaine de ceux-là mêmes qui ont donné du fil à retordre à la puissante armée française qui écumait dans la capitale. Le film retraçant la guérilla urbaine à Alger de l’Italien Gillo Pontercorvo « la bataille d’Alger » rapporte fidèlement la fin héroïque de ces quatre fidayines « dynamités » pour avoir choisi le sacrifice que de tomber vivants entre les mains de l’ennemi. Si les noms de Ali la Pointe et Hassiba Benbouali, sont notoirement connus et leur héroïsme rapporté et relaté tant par les historiens que par les témoins de cette époque, ceux de P’tit Omar et Mahmoud Bouhamidi sont, en revanche, moins célèbres malgré le rôle principal qu’ils ont tenu dans la zone autonome d’Alger.

La petite grande âme de Omar venait de s’envoler en cette journée automnale. Il n’avait que 13 ans et quelques mois, lui qui est né le 8 janvier 1944 à la Casbah. Qui était-il et comment a-t-il intégré les rangs de l’ALN et quel y était son rôle ? Des questions qui méritent certainement un temps d’arrêt. Juste le temps de conter l’héroïsme de ce bambin devenu très tôt révolutionnaire et mort à l’âge d’une fleur commençant à peine à germer. A l’âge de l’innocence, P’tit Omar a, prématurément, cultivé le secret devenu son monde tout comme le silence. Agent de liaison efficace, il est récupéré par son oncle maternel, Yacef Saâdi, chef de la zone autonome d’Alger pour transporter le courrier, faire le guet, dérouter l’ennemi et le cas échéant, risquer même sa vie. Fils de Dahbia, sœur de Yacef Saâdi, et de Ahmed, il est le troisième d’une fratrie de neuf enfants. Sa famille vivait au 3 rue Abdérames, à quelques pas de la cache dans laquelle il a trouvé la mort. Il connaissait son quartier comme sa poche et dès son enfance et alors que les gosses de son âge jouaient aux billes et à la marelle, pour les fillettes, il vivait en retrait bien que parfois il se mette de la partie. Très tôt, il quitta l’école et passait le long de son temps dans les ruelles de la Casbah. Son père et ses oncles militaient au MTLD avant le déclenchement de la guerre. Ils les accompagnaient aux réunions, écoutait les discours et prêtait l’oreille à tout ce qui se disait. Plus tard, quand la guerre s’est étendue à tout le pays et que la capitale s’est enflammée, P’tit Omar est enrôlé par son oncle Yacef au sein de l’organisation « Etant son oncle et vu les conditions imposées par la guerre, j’avais ressenti le besoin d’avoir un jeune débrouillard à mes côtés, un jeune capable pour commencer d’accomplir de petites tâches sans importance et surtout sans être inquiété. Quelqu’un d’éveillé, sûr de lui, pour être à même d’éventer les filatures au cas où il est pris en chasse ». (1). Le choix s’est évidemment portée sur P’tit Omar investi d’une mission périlleuse dont il s’acquitta admirablement jusqu’à cette journée fatidique où, lui et ses compagnons ont signé le pacte de mourir ensemble pour la patrie.
La rencontre avec Ali la Pointe

P’tit omar est né à la Casbah alors que Ali la pointe a vu le jour à Miliana mais c’était écrit quelque part que leurs destins se croiseront un jour et qu’ils inscriront en lettres d’or l’histoire de leur pays. La bataille d’Alger a commencé depuis peu. Les attentats se multiplient dans une Casbah dans laquelle les fidayines ont pris refuge. Des liquidations physiques font partie du lot quotidien des Casbadjis qui ne se doutaient guère de la présence de l’ALN dans le quartier. P’tit Omar accomplit merveilleusement toutes ses missions mais celle dont il vient investi ne ressemble à aucune d’elles. Un tournant dans sa très courte vie de môme révolutionnaire. Yacef Saâdi a besoin de lui pour remettre un courrier dans la discrétion la plus total « Omar, tiens cette lettre, tu dois la remettre à un certain Ali la Pointe. Le point de rencontre est la fontaine de Sidi M’hammed Chérif. Quant au mot de passe, c’est : L’homme a deux visages, l’un pleure et l’autre rit ». (2). P’tit Omar s’exécute et s’en va à la rencontre de ce destin. Arrivé à l’endroit du rendez-vous, celui-ci, d’un œil vigilant, scrute les visages. P’tit Omar prend son courage entre les mains et aborde celui qui deviendra plus tard son ami dans la lutte armée. Une fois le mot de passe prononcé, le courrier est remis à Ali La pointe. Il a pour mission de liquider un policier français qui fréquent assidûment le café maure d’un indicateur du nom de M’Gherbi situé à la basse Casbah. De cette première naît une amitié indéfectible jusqu’à ce que les deux soient rappelés à Dieu.
La rencontre avec Larbi Ben M’hidi

En automne de l’année 1956, et alors que la bataille d’Alger a atteint son apogée, le petit lutin est encore une fois sollicité pour faire le guide dans les ruelles de la Casbah. L’homme qu’il doit rencontrer est d’un tout autre calibre. Il le sait puisque son oncle Yacef a longuement insisté sur l’importance de cette personnalité qu’il doit ramener au refuge du 5, impasse de la Grenade. La rencontre prévue à la boulangerie Hamid Chibane, à Bab D’jdid, se déroule dans des conditions normales et Larbi Ben M’hidi venu à Alger en mission spéciale fait la connaissance de P’tit Omar. Ce dernier ne le quitte pas d’une semelle. Il est aux petits soins avec son hôte le long de son séjour à la Casbah. Ce n’est que plus tard que celui-ci découvre l’identité de celui qui, plus tard, tombera entre les mains du sanguinaire Bigeard qui, bien après le recouvrement de l’indépendance, avouera toute son admiration pour Ben M’hidi. P’tit a eu ainsi dans toute courte vie le privilège de côtoyer Ali la pointe, Larbi Ben M’hidi, Hassiba Benbouali et bien d’autres héros et héroïnes.
La rencontre avec la mort

P’tit Omar s’acquitte admirablement de toutes ses tâches, ne laisse rien au hasard, y compris lorsqu’il ouvre la voie aux poseuses de bombes. Pas une seule fois, il faillit à son devoir jusqu’au jour fatidique. « Mahmoud Bouhamidi est suivi par deux personnes voilées. C’est Ali et Hassiba. En dernier, P’tit Omar ferme la marche. Ils se dirigent vers leur refuge dans la rue des Abdérames, la maison du 5, appelée la maison de la « glace ». De terrasse en terrasse, évitant les contrôles et les endroits chauds ». (3).

C’est là qu’ils ont rendez-vous avec la faucheuse. Ce jour-là, le gamin de la Casbah est chargé de remettre un courrier à un coiffeur, lequel à son tour doit le transmettre au destinataire. Une fois sa mission accomplie, lui et son cousin Mahmoud dévalent les innombrables marches de leur quartier. Ils se séparent et chacun prend son chemin. P’tit Omar se faufile dans les ruelles étroites pour se rendre à son refuge. Le danger plane sur la Casbah et le groupe composé de Ali, Hassiba, P’tit Omar et Bouhamidi doivent impérativement vider les lieux pour partir se réfugier dans un lieu sûr. Pour leur évacuation, les éboueurs s’en chargent une fois la nuit tombée. Mais c’est trop tard, l’ennemi a découvert leur cache bien avant le rendez-vous nocturne. Ils ont été donnés. La casbah est bouclée par les parachutistes. Les occupants du refuge sont sommés de se rendre mais devant leur refus, l’ordre est donné de faire sauter cet abri du 5 rue des Abdérames. En plus des quatre fidayines, dix-sept autres personnes ont trouvé la mort dans la terrible explosion en ce 8 octobre 1957.
http://www.memoria.dz/jui-2012/figures- ... p-tit-omar
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Poseuse de bombes
Djamila Boupacha, l’une des icônes féminines de la Révolution de Novembre

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Par Alyssa Moncef
Publié le 01 juin 2012
Djamila Boupacha esquissant un léger sourire

La participation de la femme algérienne à la Révolution du 1er novembre 1954 a été prépondérante. Que ce soit dans les montagnes, les villages, les hameaux ou les grandes villes, elle n’a ménagé ni efforts, ni engagement, s’impliquant sans retenue dans cette lutte acharnée contre le colonialisme. Le rôle de ces combattantes a été immortalisé, entre autre, par le chef d’œuvre de l’Italien Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger qui retrace le parcours d’héroïnes, à l’image de Djamila Bouhired, de Zohra Drif ou de Hassiba Ben Bouali, qui mourut en martyre en compagnie de Ali la Pointe et de P’tit Omar.

Djamila Boupacha, l’une de ces pasionarias, a connu la prison, la torture mais elle a échappé à la condamnation à mort, à la suite d’un mouvement de solidarité qui s’est créé autour de son affaire. Son histoire mérite d’être connue.

Fille d’Abdelaziz Ben Mohamed et d'Amarouche Zoubida bent Mohamed, Djamila a vu le jour à Bologhine (ex Saint-Eugène), le 9 février 1938. Fille de militant, elle rejoint les rangs du FLN sous le nom de guerre de Khalida. Avec d’autres jeunes Algériennes éprises de liberté, elle intègre le réseau des poseuses de bombes, participant activement à la guérilla urbaine qui était menée au cœur de la capitale par les moudjahidine du Front de libération nationale.

Le 10 février 1960, elle est arrêtée pour avoir déposé, en février 1959, une bombe – qui sera désamorcée – à la Brasserie des Facultés, à Alger. Capturée, en compagnie de son père, de son frère, de sa sœur Nafissa et de son beau-frère Ahmed Abdellih, elle sera, au cours de plus d’un mois de détention, torturée et violée avec une bouteille. La célèbre avocate Gisèle Halimi est alors sollicitée pour sa défense, mais cette dernière est arrêtée dès son arrivée à Alger puis expulsée. Bien des années plus tard, elle confiera lors d’une interview accordée au journal L’Humanité : «J’avais pu rencontrer Djamila à la prison de Barberousse, voir sur son corps les traces de torture, les seins brûlés par les cigarettes, les côtes brisées par les coups. J’ai décidé d’être son avocate. J’ai alors fait appel à Simone de Beauvoir. Ce fut bref et sans détour.»

Dès lors, l’affaire Djamila Boupacha prend une ampleur médiatique internationale. Le «Comité pour Djamila Boupacha» est créé par l’écrivaine Simone de Beauvoir et est rallié par plusieurs intellectuels français, à l’image de Jean-Paul Sartre, de Louis Aragon, d’Elsa Triolet, ou encore de Germaine Tillion.

Le 24 juin 1960, se tient une conférence de presse du Comité. Simone de Beauvoir présente les faits. Jeune Algérienne membre du FLN, qui «allait déposer une bombe mais ne l’a pas fait», Djamila Boupacha a été arrêtée, mise au secret, torturée et violée par les parachutistes français pendant cinq à six semaines. À la suite des pressions du comité de soutien qui s'est constitué pour sa défense et à l'entremise de Simone Veil, alors magistrate, elle est transférée en France métropolitaine pour y être jugée. Pour les faits de torture, Gisèle Halimi poursuit le ministre de la Défense, Pierre Mesmer ainsi que le général Charles Ailleret, qui commande alors l'armée française en Algérie, pour forfaiture.

Djamila Boupacha comparaît à Caen fin juin 1961. Au cours de son procès, elle identifie formellement ses tortionnaires mais elle est tout de même condamnée à mort. Elle est finalement amnistiée et libérée le 21 avril 1962, en application des accords d'Évian mettant fin à la guerre d’Algérie. Alors qu’elle se trouvait en prison, le grand peintre Pablo Picasso réalise le portrait de Djamila Boupacha, afin de la sauver de la guillotine. La lithographie, confectionnée la veille du cessez-le-feu est aussi une dénonciation des souffrances endurées par les femmes algériennes, soumises aux pires gémonies coloniales. Elle est réalisée au fusain et paraît à la une des «Lettres françaises» du 8 février 1962 et en couverture du plaidoyer de Simone de Beauvoir et de Gisèle Halimi, publié en 1962 chez Gallimard et réédité en 2000.Aujourd’hui, cette œuvre de Picasso se trouve cotée aux enchères publiques à hauteur de 400 millions de dollars.

Quant au musicien Luigi Nono, il rend hommage à la jeune militante en lui consacrant une pièce de ses Canti di Vita et d'amore. La monodie a capella de dix minutes est régulièrement jouée depuis, notamment au programme du pianiste virtuose Maurizio Pollini qui fut l’ami du compositeur. Après Venise, Londres et Bruxelles, ce fut le cas, en octobre 2010 à la Salle Pleyel à Paris, à la faveur du cycle «Pollini Perspectives», avec des pièces de Chopin et de Luigi Nono et la participation de la soprano canadienne Barbara Hannigan.
Le 20 mars dernier, la chaîne publique française France 3, a diffusé Pour Djamila. Ce long métrage réalisé par Caroline Huppert et interprété par Marina Hands et Hafsia Herzi raconte l’histoire de la moudjahida Djamila Boupacha et de son avocate Gisèle Halimi. Tourné en France et au Maroc, ce film a été diffusé en marge de la commémoration des accords d’Evian.
http://www.memoria.dz/jui-2012/figures- ... use-bombes
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Moudjahidates algériennes
Les pasionarias du 1er Novembre 54

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Par Alyssa Moncef
Publié le 02 juin 2012
Les moudjahidate algériennes ont eu un rôle prépondérant durant la révolution du 1er Novembre. Elles ont démontré qu’elles pouvaient constituer un second souffle réel pour la lutte de libération. Mériem Bouattoura, Massica Zira, Malika Kharchi et tant d’autres restent aujourd’hui encore des modèles de courage et de dévouement pour une noble cause: l’indépendance de l’Algérie. Malheureusement, leur engagement est peu connu des Algériens, notamment de cette génération postindépendance. Pourtant, tout comme Ourida Meddad ou Hassiba Ben Bouali, ces femmes ont donné leur vie pour l’idéal de la liberté. Née en 1938, Mériem Bouattoura est lycéenne à Sétif quand elle prend le maquis. Elle rejoint les rangs de la Révolution au niveau de la Wilaya II, en 1956, et participe à de nombreuses opérations commando, à travers lesquelles elle fait preuve d’un courage exceptionnel. La dernière opération qu'elle exécute est celle qu'elle accomplit aux côtés de son camarade le martyr El Hamlaoui. Dénoncés, les deux moudjahidine se réfugient dans une maison où ils sont encerclés par l'armée française puis dynamitée. Mériem Bouattoura tombe en martyre le 8 juin 1960. Egalement lycéenne à Sétif, Massica Ziza, qui a vu le jour en 1933, prend le chemin du maquis en 1957. Elle est tuée le 29 août 1959, lors du bombardement de l’infirmerie de la région d’El Mila. Malika Kharchi, née en 1939, est au lycée quand elle prend le maquis en 1957. Infirmière dans la région de Tahert, elle tombe pour la patrie le 5 novembre 1960.
Zohra Drif
Djamila Bouhired

Hassiba et Ourida, destins de martyres

Native d’El Asnam, Hassiba Ben Bouali a vu le jour le 18 janvier 1938. Après y avoir entamé ses études primaires, elle poursuit ses études à l'école Aïn Zerga, à Alger, où ses parents s’installent en 1947. Elle obtient le certificat d'études primaires en 1950 et entre au lycée Pasteur (aujourd'hui annexe de la Faculté centrale), où elle étudie jusqu’en deuxième année. Hassiba Ben Bouali rêvait de devenir infirmière sans y parvenir. Elle sera alors employée dans un bureau social, où elle complète sa vision de la situation délétère des Algériens. Cette prise de conscience l'amène à militer dès l’âge de seize ans au sein de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema). Elle s’implique ainsi de plus en plus dans le combat nationaliste, et, vers la fin de l'année 1956, elle intègre avec d'autres jeunes filles un des réseaux des fedayins qui se distinguent durant la bataille d'Alger. Elle fait ainsi partie d'un groupe chargé de fabriquer des bombes et de les déposer sur les lieux d'opération. Recherchée par les services de renseignement français, Hassiba Ben Bouali est alors obligée de quitter son domicile et de trouver refuge à la Casbah, quadrillée par l’armée coloniale. Le 8 octobre 1957, Hassiba Ben Bouali se trouve dans une cache au numéro 5 de la rue des Abderames, en plein cœur de la Casbah, en compagnie d'Ali la Pointe et de P’tit Omar, âgé de douze ans. A la tombée de la nuit, la maison est encerclée par les parachutistes français. On somme les trois fedayin de se rendre. Devant leur refus, les soldats français font sauter la maison. Hassiba Ben Bouali et ses compagnons périssent sous les décombres ainsi que 17 Algériens dont les maisons ont été soufflées par l'explosion.

Ourida Meddad est une autre martyre de Novembre. Fille unique, cette lycéenne a seize ans lorsqu’elle rejoint le mouvement de la lutte pour la libération de l’Algérie. Recrutée comme agent de liaison d'un important responsable de la Zone autonome d'Alger, elle est arrêtée en août 1957. Là, elle subit plusieurs séances de torture, officiées par les lieutenants Schmitt, chef de la compagnie d'appui, et Fleutiot. Gégène, baignoire, insultes, elle a droit à toutes les méthodes abjectes et inhumaines pour la faire parler… Fatiguée, blessée, Ourida résiste. Mieux que cela, elle se joue de ses tortionnaires. Eux, jubilent croyant qu'ils vont arrêter leur cible. En vérité, Ourida cherche des moments de répit, une bouffée d'air pur. Alors elle fait mine d'accepter de les conduire au refuge du responsable politique de la Zone autonome d’Alger (ZAA). Une fois sur les lieux, les parachutistes du 3e régiment de parachutistes se rendent compte que la jeune fille s’est moquée d'eux. Fous de rage, ils la torturent une énième fois. Ourida crie et hurle …, puis c'est le silence … Ourida Meddad meurt sous la torture, à l’école Sarrouy de Soustara, le jeudi 29 août 1957. Son corps est jeté du deuxième étage par ses tortionnaires pour faire croire à un suicide. Des murmures, des chuchotements, puis l'un des parachutistes quitte la salle en criant : «Elle s'est défenestrée, elle s'est jetée par la fenêtre.» Un mensonge, bien concocté mais qui n'a pas résisté à la vérité grâce à des témoignages de rescapés dont un Algérien, militant qui a assisté à la scène.
Les rescapées de la mort

Bien qu’elles aient été emprisonnées, torturées et condamnées, plusieurs moudjahidate ont échappé à la mort. Si certaines ont tenté de mener une vie ordinaire au lendemain de l’indépendance, d’autres ont investi la société civile, témoignant de leur combat mais aussi des sacrifices consentis pour la libération de l’Algérie du joug colonial. Fettouma Ouzeguène, Akila Ouared, Zhor Zerari, Zohra Drif et toutes les autres sont les porte-flambeaux de la liberté.

Née en 1938, Djamila Bouazza était surnommée par les étudiants pieds-noirs qu'elle fréquentait «Miss cha cha cha». Militante du FLN, employée aux Centre de chèques postaux à Alger, elle est membre du «réseau bombes» de Yacef Saadi. Accusée durant la bataille d'Alger d'avoir posé une bombe au bar Coq Hardi, le 26 janvier 1957 par le Tribunal permanent des forces armées d'Alger, elle est emprisonnée puis graciée en 1962.

Baya Hocine naît le 20 mai 1940 dans la Casbah d'Alger. Militante du FLN et également membre du «réseau bombes» de Yacef Saadi, elle est arrêtée et incarcérée à la prison d’Alger le 28 février 1957. Condamnée à mort par le tribunal permanent des forces armées d'Alger, le jugement est cassé le 20 mars 1958. Rejugée par le tribunal permanent des forces armées d'Oran, elle est condamnée le 20 janvier 1959. Emprisonnée jusqu'en 1962, elle est amnistiée.

Djamila Bouhired est née en 1935 dans une famille de la classe moyenne. Elle rejoint le Front de libération nationale durant ses années d’étudiante et travaillera plus tard comme officier de liaison, membre du «réseau bombes» et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. Elle dépose, le 30 septembre 1956, une bombe qui n'explose pas dans le hall du Maurétania. En avril 1957, elle est blessée dans une fusillade et capturée par les parachutistes. Elle est soupçonnée d'être une poseuse de bombe, inculpée pour ses actes, torturée et condamnée à mort. Son exécution est stoppée par une campagne médiatique menée par Jacques Vergès et Georges Arnaud. Devant le tollé international soulevé par sa condamnation, elle est finalement graciée et libérée en 1962. Elle épousera Jacques Vergès en 1965. Sa vie sera adaptée au cinéma par Youssef Chahine dans le film «Djamilah», sorti en 1958.

A l’instar de bon nombre de Français, Jacqueline Guerroudj a rallié la cause algérienne, n’hésitant pas à s’impliquer de façon effective dans la lutte pour la libération du pays. Née en 1919 à Rouen, elle fait des études de philo et de droit. Elle arrive en Algérie en 1948, affectée en qualité d’institutrice près de Tlemcen. Dès le déclenchement de la lutte armée, elle prend fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie. Avec son mari Djillali, militant communiste et sa fille Minne Djamila, elle intègre le FLN. Elle est arrêtée en 1957 en pleine bataille d’Alger et est condamnée à mort. Au lendemain de l’indépendance, elle entreprend une longue carrière à la Faculté d’Alger en tant que bibliothécaire. À plus de 90 ans, Jacqueline qui a toujours vécu à Alger se consacre à la lecture et à la rédaction de ses mémoires. Jacqueline est mère de 5 enfants et plusieurs fois grand-mère.
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