Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Parlez ici,des engagements récents de l'ANP (terrorisme, tensions territoriales, engagements extérieurs...)
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L’Algérie doit elle intervenir en dehors de ses frontières pour défendre ses Intérêts ?

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krimbelkacem
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par krimbelkacem »

je veux pas monopolisé le débat et la question est plus diplomatique que de d'engagement de l'ANP
mais elle c'est normalisé depuis l'arrivé de notre président bouteflika, plusieurs fois dans l'histoire, notre diplomatie est venue y apporté une contribution corrigé moi si je me trompe: IRAN/IRAK , IRAN/US (otages)
donc il y a quelque chose a faire entre les saoudiens et l'Iran avec leur rivalité régionale accentuer par tous ces groupes chiites soutenus par l'Iran et une implication militaire sur le terrain des pasdarans,
en mettant en place une désescalade dans la région et endossé le rôle de médiation, mais sa c'est une autre histoire :bounce:
fin du HS pour moi

tayeb
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par tayeb »

krimbelkacem a écrit :je veux pas monopolisé le débat et la question est plus diplomatique que de d'engagement de l'ANP
mais elle c'est normalisé depuis l'arrivé de notre président bouteflika, plusieurs fois dans l'histoire, notre diplomatie est venue y apporté une contribution corrigé moi si je me trompe: IRAN/IRAK , IRAN/US (otages)
donc il y a quelque chose a faire entre les saoudiens et l'Iran avec leur rivalité régionale accentuer par tous ces groupes chiites soutenus par l'Iran et une implication militaire sur le terrain des pasdarans,
en mettant en place une désescalade dans la région et endossé le rôle de médiation, mais sa c'est une autre histoire :bounce:
fin du HS pour moi
Laissons les molosses se battre jusqu'au sang avec leurs chien, pendant ce temps gardons nos forces aux repos et fortifions nos muscles, pas d'intérêt dans leurs histoires, on a déjà le sahel, la Tunisie, la Libye et le Maroc sur le dos à surveiller, on va pas se mêler des histoires des wahabites, des frérots et des chiites.
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FENNEC
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par FENNEC »

Franchement, une coalition et force militaire arabe, pour tuer d'autre arabes, en fonction de l'humeur clanique et ethno-religio-geo stratégique, .... NON MERCI !!! :fou:
Par contre, une coalition et une logistique avec certaines forces africaines comme la Tunisie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Angola, les pays des grands lacs et du sahel (sans la présence d'une certaine monarchie qui ne nous veux pas toujours du bien, suivez mon regard) dans le cadre de l'union africaine, pour sécuriser la région du sahel et de la méditerranée, cela est plus rationnel, cohérent et va dans le bon sens de la protection de nos frontières, sachant que le défi sécuritaire des 30 prochaines ann8ées est l'accroissement démographique (X 3) a nos portes du Mali, Niger, Nigeria, Tchad, etc... avec tous les risques de tension et de déstabilisation que cela implique, comme Boko haram, les shebabs somaliens, Aqmi et Daesh.
:Algeria: :avo:
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anzar
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par anzar »

Je suis tout à fait d'accord, la profondeur stratégique de l'Algérie ça a toujours été l'Afrique, et c'est là qu'elle a eu ses plus beaux succès... laissons les pays frères (ethniquement parlant si on peut dire et encore :!: ) s'étriper comme ils l'entendent.
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Le russe
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par Le russe »

C'est quand même dommage....
Une guerre sunnites chiites n'aportera rien que ce soit pour l'iran ou pour les pays du golf bien au contraire.
Le seul gagnant dans cette histoire comme a beaucoup d'autres de par le passe reste israel, et c'est le plus revoltant
« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. »
M.L.K

numidia
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par numidia »

Le russe a écrit :C'est quand même dommage....
Une guerre sunnites chiites n'aportera rien que ce soit pour l'iran ou pour les pays du golf bien au contraire.
Le seul gagnant dans cette histoire comme a beaucoup d'autres de par le passe reste israel, et c'est le plus revoltant
ceux qui ont tout compris et qui s'entendent très bien et qui prouvent que les prétextes religieux sont faux à 100%
ce sont d'un côté les chiites du Hizbollah lubnani et les résistants sunnites d'el Mouqawama falestiniya
eux ils ont capté qui est le seul et unique vrai ennemi, ils ont capté que c'est de la poudre aux yeux les histoires d'ennemi mortel chiite/sunnite
malheureusement le monde médiatique et la propagande est si violente si forte que beaucoup de nases croient dur comme fer que le seul vrai ennemi à abattre pour un chiite c'est le sunnite et vis versa
cette propagande de m***** a réussi à monter des Musulmans entre eux, et voilà on s'entretue allégrement, donnant le spectacle de Musulmans qui s'égorgent, se tuent, bombradent d'autres Musulmans comme au Yémen, envoient des takfiristes chez les Musulmans pour les massacrer comme le font el Qatar et les Saoud en Syrie, Libye, et comme ils l'ont fait pour l'Algérie, et continue à le faire via désormais le Libyanistan
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Palmier Dattier
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par Palmier Dattier »

1- La confessionnalisation des conflits d'intérêt répond à une logique de division profonde de cette région du Monde. En réalité, partout ou une ligne patriotique, nationale, populaire anti-impérialiste se met en place comme au Yémen depuis au moins trois ans, les centres de la globalisation mettent en avant tous types de divisions possible.
2- L'Arabie Saoudite dont les visée hégémoniques sur une partie du territoire yéménite sont connues, ne supporte pas de voir un pouvoir à Sanaa en dehors de son influence.
3- Aden reste un point de contrôle stratégique pour le contrôle du détroit de Bab el Mendeb; l'autre partie de la tenaille étant Djibouti sous contrôle franco-US. Et comme par hasard, dans le camp occidental ceux qui poussent à l'intervention militaire au Yémen sont la France et les Etats-Unis.
4- Si la France et les Etats-Unis (Etats non arabes) se sentent concernés par la création d'une "armée arabe" pourquoi devrions nous (algériens) voir cette question de manière indifférente ? M. Lamamra a raison de dire que l'Algérie est par principe intéressée par la création d'une force arabe. Mais pour quels objectifs ? Nous ne devrions donc pas nous détourner de cette question car elle pose en filigrane les fondements d'un "gendarme" arabe qui demain voudra également imposer son point de vue de l'Atlantique au Golfe Arabo-persique...et donc y compris en Syrie, Irak, et demain au Liban et en Algérie sous couvert de lutte anti-terroriste ou de divisions infra nationales artificiellement entretenues ???
5- Il faut être extrêmement attentif à ce genre d'évolutions et réclamer à la Ligue Arabe comme M. Lamamra le fait adroitement de discuter les fondements juridiques de la création d'une telle armée et l'encadrement de son champ d'intervention.
6- Autrement dit et pour résumer ma pensée; les US soufflent aux arabes de créer une armée dites "arabe", financée par les arabes, avec des matériels essentiellement US pour...s'entretuer...

komtara
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par komtara »

:!: Edit admin : HORS SUJET :!:
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anzar
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par anzar »

Premièrement, il faut mettre l'adresse URL de l'article pour voir la source. Deuxièmement l'article doit être en citation. Tertio, vu que c'est une traduction automatique, on comprend pas grand chose et du peu que j'ai réussi à déchiffrer c'est bien hors sujet :!:
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tayeb
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par tayeb »

L’Algérie face à la crise libyenne : Quels dangers et quelles options pour la sécurité nationale ?




L’assassinat de 21 coptes égyptiens le 17 février en Libye par la branche libyenne de l’Etat islamique a provoqué une vague d’indignation internationale et pose de nouveau la question d’une intervention militaire dans ce pays. En effet, depuis l’effondrement du régime du colonel El Gueddafi en 2011, l’Etat libyen s’est littéralement désintégré plongeant le pays dans un véritable chaos dans lequel s’affrontent des dizaines de milices puissamment armées qui menacent la stabilité de l’ensemble de la région.

Cette situation chaotique a également provoqué l’affaiblissement des acteurs politiques traditionnels libyens émanant du système tribal et produit de nouveaux acteurs (Al-thuwar) dont la légitimité tient de leur participation à la révolution contre le régime d’El Gueddafi. De plus, le désordre a donné naissance à des groupes armés islamistes qui ont pris pied dans différentes régions du pays, chaque groupe avec des allégeances diverses.

Ainsi, suite à l’opération Serval au Mali en janvier 2013, les brigades d’AQMI et le groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar se sont repliés dans le sud-ouest libyen, tandis qu’un groupe se revendiquant de l’Etat islamique s’est implanté à Derna. La prolifération de ces groupes qui, faut-il le rappeler, ont récupéré un armement sophistiqué et/ou bénéficié d’armes parachutées par l’OTAN et originellement destinées à la révolution libyenne, représentent une menace pour toute la région du Maghreb-Sahel.

Les dangers pour l’Algérie d’une persistance de ces bouleversements et de la présence de ces groupes armés sont multiples et menacent sa sécurité nationale. L’attaque contre le complexe gazier d’In Amenas en janvier 2013 en est la preuve on ne peut plus tangible. De plus, et étant donné la porosité des frontières et le fait que ces groupes sont des organisations transnationales, tout événement ayant lieu dans un pays du Sahel ne manquera pas d’avoir un impact sur les autres. Dans ce contexte, sécuriser la frontière algéro-libyenne implique également la nécessité de sécuriser au moins les frontières algéro-nigériennes et algéro-maliennes.

Or, comme nous l’a montré la crise malienne, ces Etats voisins de l’Algérie demeurent des Etats fragiles ou même faillis, ayant d’immenses difficultés à sécuriser leurs frontières. En additionnant les frontières de l’Algérie avec celles de ces pays, on fait face à plus de 3000 km de frontières à sécuriser, dans des régions désertiques, mal contrôlées ou pas du tout et ouvertes à toutes sortes de trafics : humains, drogue, cigarettes, carburant, et d’armes, en plus de l’immigration illégale.

Tout cela avec le risque que le scénario malien se reproduise. Dans ce contexte, et à l’heure où l’Egypte appelle à une intervention militaire par une coalition internationale qui serait formée de l’Egypte, de la France, de l’Italie et des pays du Golfe, et possiblement du Canada, il s’agit pour nous dans ce qui suit d’analyser les coûts, bénéfices, et conséquences des options qui s’offrent à l’Algérie afin d’assurer sa sécurité. Les options consistent soit :


a- à participer dans une coalition internationale à une intervention militaire ;
b- rester en dehors de celle-ci et sécuriser ses frontières sans plus ;

c- soutenir une ou des milices libyennes acquises aux intérêts de l’Algérie ;

d- soit adopter une posture mixte, c’est-à-dire une option qui combine une approche défensive/offensive mêlant une non-intervention (tout en collaborant discrètement avec une coalition) sans pour autant s’abstenir d’agir face à des menaces clairement identifiées.

Quels sont les scénarios que l’Algérie pourrait considérer ?



1- Participation à une intervention dans le cadre d’une coalition


Raisons, avantages et inconvénients

L’Algérie est une puissance régionale : les budgets militaires du Maroc, de la Tunisie et de la Mauritanie réunis équivalent à 30% à celui d’Alger. Elle possède une expérience antiterroriste appréciable et a une meilleure connaissance des groupes armés islamistes dans la région, bien supérieure à celle qu’ont les autres pays de la région. Dans ce scénario où elle participe à une action collective, les coûts humains et financiers seraient partagés. Une telle participation permettrait à l’Algérie d’affirmer, contrairement à la faiblesse de sa politique durant les événements au Mali en 2012-2013, d’affirmer son leadership régional et d’influer sur la conduite des opérations.

Ceci lui permettrait aussi de participer au règlement politique post-intervention. Et d’empêcher l’Egypte et les pays du Golfe d’imposer leurs plans non seulement en Libye, mais aussi dans toute la région. Ainsi, elle représenterait ses intérêts de façon incontestable et protégerait ses soutiens, montrant à d’autres alliés potentiels qu’ils peuvent compter sur l’Algérie. Aussi, étant donné que l’action serait collective, il deviendrait plus facile d’éliminer efficacement et définitivement les groupes armés qui la menacent.

Sa voix dans le système régional et international serait plus forte et mieux entendue. Il est évident que pour cela, il faudrait qu’elle revoit sa doctrine de défense, héritée des années 70’, et donc somme toute obsolète qui voudrait qu’elle n’intervienne pas au-delà de ses frontières. Il existe une différence entre interférence dans les affaires internes d’un autre Etat et intervenir pour défendre ses intérêts vitaux, intervention reconnue dans le droit international (préemption).

Malgré des bénéfices certains, les risques et coûts d’une telle intervention seraient très élevés.


- A l’heure actuelle, il n’existe en Libye aucune des conditions minimum pour une intervention


réussie ; il n’y a aucun gouvernement légitime (même si celui de Tobrouk est reconnu par la communauté internationale) qui jouit d’une assise populaire. Les factions n’appellent pas à une telle intervention militaire et s’y opposeront donc violemment.


L’Algérie risquerait de projeter l’image d’un pays sous-traitant pour les pays occidentaux.


- Plus grave, elle risquerait de s’enliser dans un conflit coûteux financièrement et humainement : l’étendue du territoire libyen offre d’importantes possibilités pour les groupes et milices armés libyens de se replier et de se lancer dans une guerre d’usure meurtrière. L’ANP ne semble pas être entraînée pour de telles opérations qui nécessitent d’énormes moyens humains et technologiques.
Une intervention entraînerait des risques d’attentats en Algérie-même en guise de représailles.

Les cellules salafistes dormantes pourraient prêter main forte aux terroristes étrangers. De plus, il n’est pas certain du tout qu’une telle intervention jouisse d’un soutien populaire et pourrait déboucher sur des tensions politiques internes.

L’intervention, si elle est mal préparée, pourrait dégarnir ou affaiblir les positons de l’ANP dans le pays : notamment en Kabylie face à AQMI et à la frontière avec le Mali.

Les interventions étrangères en général se soldent souvent par des échecs, surtout dans le contexte de guerres civiles ; en réalité, elles ne font qu’aggraver le conflit à moins d’un consensus entre les factions impliquées : Irak (post-2003), Somalie, Angola (1975, intervention cubaine et sud-africaine), Serval au Mali (2013, éclatement des factions touarègues, persistances des violences). Dans le meilleur des cas, on pourrait avoir le gel d’un conflit lorsqu’on impose aux factions un compromis par la force et la négociation (Bosnie).


2- Soutien à l’une des factions



Dans ce cas de figure, l’Algérie soutiendrait militairement (transfert d’armes qui nécessiterait la levée de l’embargo sur les armes par l’ONU) et financièrement une faction proche de ses intérêts : l’avantage est que cette faction réussisse à stabiliser la situation sans que l’Algérie ait à intervenir directement.

Le risque serait similaire à la tentative employée par l’Egypte consistant à soutenir le général renégat Khalifa Haftar. Pour le moment, il ne semble pas qu’une des factions en Libye soit capable de s’imposer aux autres. De plus, le risque est que des puissances étrangères en fassent de même avec des factions proches de leurs intérêts et annulerait l’effet (potentiellement positif) de soutenir une faction proche des intérêts de l’Algérie.

Même dans une option optimiste, le problème se pose quant à la capacité d’une faction à s’imposer et pour l’Algérie de la contrôler. Les exemples de telles situations ne manquent pas : le Pakistan avait soutenu les Taliban dans années 90’, mais ces derniers donnèrent refuge à Al Qaîda débouchant sur les événements du 11 septembre.


3- Adoption d’une «posture défensive»

Celle-ci est l’option suivie par l’Algérie actuellement : sécurisation des frontières algéro-libyennes et algéro-maliennes, coopération à travers un partage de l’information, et tentative de trouver un accord en favorisant un dialogue entre les factions libyennes, et, enfin, bloquer le retrait des groupes armés vers le pays, comme cela avait été fait lors de l’intervention française Serval au Mali en janvier 2013.


Les Avantage de l’«option défensive»


w Cette stratégie de court/moyen terme a ses avantages, car elle permettrait à l’Algérie de se tenir à l’écart des combats actuels en Libye, et donc de ne pas souffrir des répercussions directes de ceux-ci à la différence par exemple de l’Egypte, voire des Etats-Unis et de la France.
w Un autre avantage de la posture défensive est que celle-ci nécessite moins de moyens humains, militaires et financiers qu’une intervention directe et cela tout en permettant à l’Algérie de demeurer un acteur incontournable dans la crise libyenne. Mais pour que cette posture réussisse, il faudrait que son rôle de médiateur soit articulé efficacement et qu’elle fasse activer ses réseaux en Libye.

Bien utilisées, ces actions feront d’elle un partenaire de choix dans toute solution dans la crise libyenne.


Risque de l’ «option défensive» à Moyen/ long terme


w La difficulté de parvenir à un accord entre les dizaines de factions libyennes ayant des objectifs différents, voire opposés, favorise une persistance des violences, crée plus d’instabilité et ouvre la voie aux groupes extrémistes de l’Etat islamique qui montent en puissance.
De plus, les groupes armés islamistes radicaux tels AQMI et Al-Mourabitoune pourront renforcer leur présence dans le pays, établir des camps d’entraînement, reproduisant ainsi une situation similaire à celle qui a prévalu au Mali dans les années 2000. Or, l’Algérie reste pour ces groupes une cible prioritaire. Le sud-ouest de la Libye est un marché d’armes à ciel ouvert et totalement hors de contrôle, avec toutes les conséquences possibles pour l’Algérie.


4- La posture «défensive/offensive»


Cette posture aurait pour objectif de parfaire la politique officielle algérienne actuelle. En effet, comme on a essayé de le montrer, une intervention directe dans le cadre d’une coalition a peu ou aucune chance de résoudre la crise libyenne, tandis que l’option dite défensive présente des avantages à court terme mais peut se révéler contreproductive à long terme en cas d’échec du dialogue ou si celui-ci venait à trop durer sans qu’il n’aboutisse à un quelconque accord assez rapidement.


Dans ce contexte, il est impératif qu’Alger continue son rôle de médiateur tout en étant très sélectif quant aux factions qui seraient engagées dans ce dialogue : celles-ci doivent avoir une représentativité assez large auprès du paysage politique traditionnel libyen : grandes tribus et les grands groupes issus de la révolution libyenne avec sans doute des factions issues des anciens soutiens à El Gueddafi.
Ces factions doivent partager un minimum de consensus sur ce que devrait être l’avenir de la Libye.

Ces factions doivent également être prêtes à s’engager dans la sécurisation du pays et donc, en ce qui concerne l’Algérie, l’isolement et l’élimination des groupes armés radicaux (AQMI, Mourabitoune, Etat islamique). Il faudra évidemment non seulement soutenir ces factions, mais aussi les armer tout en les supervisant de très près.


L’Algérie devrait se maintenir dans la posture dite défensive, à savoir verrouiller les frontières et renforcer la coopération sécuritaire avec les Etats de la région et la communauté internationale. Pour autant, l’ANP doit rester en mesure d’intervenir militairement contre tout groupe clairement identifié et ayant pour objectif de mener une attaque sur le territoire algérien à partir de la Libye. Il s’agit non pas d’un déploiement massif et long, mais d’opérations de neutralisation à l’extérieur de nos frontières dans un temps et espace très limités. Il serait question ici d’opérations de forces spéciales soutenues par des moyens aériens, donc des opérations localisées avec un retrait quasi immédiat. Le but est une préemption dont l’objectif est d’éliminer une menace imminente.

Cette conduite limiterait les risques issus d’une intervention militaire et permettrait d’éviter de s’engager plus directement dans un conflit qui a été créé par des forces extérieures à la région.


* Pr en relations internationales et directeur de recherche en géopolitique à Kedge Business School, France
** Chercheur au Centre des études pour la paix et la sécurité internationale (CESPI) de l’Université de Montréal.

http://www.elwatan.com/contributions/l- ... 47_120.php

Palmier Dattier
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par Palmier Dattier »

Excellent papier même si on devine quelques arrières pensées sur la relation algéro-égyptienne...
La nouvelle diplomatie algérienne face à la complexité des défis de sécurité régionaux

Par Laurence Aïda Ammour, consultante indépendante, associée au groupe d'analyse de JFC Conseil

La nouvelle diplomatie algérienne face à la complexité des défis de sécurité régionaux


Les « printemps arabes » de 2011 et le contexte inédit de grande incertitude qui s'en est suivi ont pris de cours les autorités algériennes. L'Algérie donnait le sentiment de ne pas vouloir assumer les responsabilités que son statut hégémonique exigeait. Refusant toute stratégie conjointe dans le dossier malien, le pays a paradoxalement cherché à demeurer le pays-clé dans les affaires de sécurité régionale, tout en menant une diplomatie régionale exclusive, jugée illisible pour nombre d'observateurs et de dirigeants de la région.

Partisane depuis toujours des solutions politiques, l'Algérie a tout fait pour circonscrire son action en vase clos, dans une solution centralisée et négociée par elle. Ce positionnement masquait en réalité les luttes internes au sommet du pouvoir qui ont freiné sa capacité d'action et affaiblit son leadership régional. Alors que le Mali était confronté à une grave crise politique et à un risque sérieux de partition, et alors que la Libye s'enfonçait inexorablement dans une instabilité croissante, les luttes de clans internes au niveau du pouvoir, renforcées par la perspective des élections présidentielles de 2014, ont empêché l'Algérie d'assumer ses responsabilités d'acteur pivot dans les affaires de sécurité régionales. Incapable de s'adapter au nouvel environnement stratégique, régional et international émergent, le gouvernement algérien n'a pas su profiter de l'occasion pour combler le vide de pouvoir crée par l'élimination de Mouammar Gaddhafi.

Il a préféré parier sur son «exceptionnalisme», usant d'une rhétorique nationaliste pour mettre en garde les Algériens contre un complot extérieur visant à déstabiliser le pays. Redoutant avant tout une contagion de la contestation populaire et l'effondrement du régime dans un pays secoué depuis plusieurs années par des mouvements sociaux chroniques, les autorités algériennes ont choisi d'acheter la paix sociale en déliant les cordons de la rente pétrolière pour distribuer des prébendes aux citoyens mécontents.




Retour de la diplomatie algérienne pro-active



Au plan régional, la passivité algérienne a fait l'objet de nombreuses spéculations. Nombre de ses voisins ont pensé que l'Algérie continuait de jouer un double jeu pour perpétuer une menace terroriste interne afin de démoniser un potentiel printemps algérien, de continuer à bénéficier du soutien militaire des grandes puissances, et de préserver le rôle prédominant du Département du Renseignement et de la Sécurité dans la lutte anti-terroriste et les dossiers régionaux de sécurité, en particulier dans la portion saharienne du pays et au-delà.

En 2013, des divergences de positions sur les questions de sécurité sont apparues au grand jour au sein du pouvoir, en particulier à propos de la gestion opérationnelle de l'attaque contre le site gazier de Tiguentourine. En d'autres termes, l'absence d'engagement a été le résultat de positionnements contradictoires et d'intérêts divergents au cœur même du régime, symptomatiques de la multiplicité des lieux de pouvoirs et de l'opacité des processus de décision.

Bien que toujours confrontée à un terrorisme dit « résiduel » 1, (1 285 attaques entre 2001 et 2013, contre 51 en 2013) comme en témoigne le kidnapping et le meurtre de Hervé Gourdel en Kabylie en septembre 2014 par « Jound al-Khalifa », une cellule auto-proclamé affiliée à Da'ech, l'Algérie n'hésite pas aujourd'hui à se présenter comme un « exportateur de sécurité et de stabilité » 2 et à rassurer ses voisins sur sa capacité à fournir des solutions politiques aux crises régionales. Cette nouvelle posture coïncide avec le retour d'une diplomatie algérienne pro-active et offensive soucieuse de s'affirmer dans plusieurs dossiers sensibles et complexes.




L'Algérie cherche à mettre en place des alliances fortes



Paradoxalement, c'est la réélection controversée de Abdelaziz Bouteflika en avril 2014 qui marque un tournant significatif dans les orientations diplomatiques et de défense de l'Algérie :
- Le remaniement ministériel de septembre 2013 a vu la nomination d'un nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, diplomate de carrière et ancien ambassadeur à Washington. Ayant une longue expérience des affaires et des crises africaines, puisqu'il a été l'envoyé spécial de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour le Libéria entre 2003 et 2007, puis commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine de 2008 à 2013, il représente un atout qui permet à l'Algérie de mieux se positionner sur le continent. En outre, il possède des connexions aux États-Unis et en France. Dès sa nomination, Lamamra a plaidé en faveur d'une solution multilatérale négociée au Mali.

- L'accroissement continu des dépenses de défense depuis 2011, reste la priorité des priorités pour parachever la modernisation et la professionnalisation des forces armées, remplacer les équipements russes obsolètes, et renforcer les programmes de formation opérationnelle adaptés aux nouvelles menaces. Ce processus de modernisation s'est accompagné d'une restructuration sans précédent des services de renseignements dont plusieurs départements et prérogatives sont passés sous l'autorité de l'armée et de la présidence, d'une augmentation du budget de défense (+10 % en 2015) et d'une refonte de la carte militaire territoriale. Autant de mesures qui confirment le renforcement des capacités, en particulier dans le contre-terrorisme et la sécurisation des frontières.

- L'Algérie qui s'est engagée dans plusieurs initiatives de sécurité et partenariats militaires avec ses voisins et d'autres pays, cherche à mettre en place des alliances fortes devant se concrétiser dans des plans conjoints d'alerte contre les groupes armés et les milices opérant en Libye, en Tunisie, au Mali et au Moyen-Orient.

La déclaration de Ramtane Lamamra depuis Washington (septembre 2014) montre combien la diplomatie algérienne est aujourd'hui soucieuse de recouvrer un rôle central dans les affaires régionales : «la Libye et le Mali où règnent le terrorisme et l'instabilité, sont au centre de notre action diplomatique immédiate, et nous nous engageons à apporter notre contribution à des solutions au-delà de nos frontières »3 .




Le Mali, un premier test



Le Sahel étant traditionnellement son arrière-cour, l'Algérie a participé à toutes les négociations relatives à la question du Nord-Mali depuis les années 90. Pourtant, durant les deux dernières années, l'influence algérienne y a nettement reculé. Sa discrétion et son inaction diplomatiques ont interrogé ses voisins du sud.

A l'époque où les islamistes djihadistes occupaient le nord-Mali, la CEDEAO, la France et les pays sahéliens restaient perplexes quant à une contribution algérienne à un processus de négociations avec les groupes armés, en particulier avec Ansar al-Dine, dont le leader Iyad Ag Ghali était proche des services de renseignement algériens. En effet, en 2012, l'Algérie maintenait des contacts avec un large éventail d'acteurs, dont Ansar al-Dine et le MUJAO, et semblait favoriser l'accès aux informations plutôt que de définir une stratégie clairement formulée pour sortir de l'impasse.

L'Algérie fut accusée de passivité. En utilisant Iyad ag-Ghaly comme intermédiaire au nord-Mali, l'Algérie prétendait promouvoir une politique étrangère personnalisée pour tenter de retrouver son leadership après plusieurs décennies de déclin diplomatique. Cependant, plusieurs revers de fortune vinrent contrarier la stratégie algérienne qui s'avéra peu judicieuse au regard du double jeu mené par le personnage: l'agenda d'Iyad ag-Ghaly révéla d'autres ambitions politiques lorsqu'il rompit son accord avec le MNLA, et qu'il fut clair qu'il avait projeté de coordonner ses actions avec Abdelmalek Droukdel (un des émirs d'AQMI), au Mali en particulier, et au Sahel en général.4

Le réveil de la politique régionale algérienne et l'activisme du ministre des Affaires étrangères, ont redonné confiance à Paris et Bamako dans la capacité d'Alger de mener à bien le dialogue inter-malien. Les opérations Serval et Barkhane, financièrement coûteuses pour la France, ont incité Paris à demander une participation plus active des partenaires régionaux, afin de sauvegarder les gains opérationnels et politiques de ces deux interventions militaires.

Paris avait déjà bénéficié de la collaboration d'Alger durant son offensive contre les islamistes armés dans l'Adrar des Ifoghas, et les deux pays continuent ponctuellement de coordonner leurs actions : ouverture de l'espace aérien aux avions de chasse français (ce qui n'est pas une première: en décembre 2009, l'Algérie avait autorisé des avions américains à survoler son territoire pour y effectuer des reconnaissances de la zone frontalière avec le Mali et la Mauritanie, notamment dans la région de Tindouf), mobilisation des troupes algériennes à la frontière avec le Mali en appui aux forces françaises, livraisons de carburant aux troupes françaises. En mai 2014, douze terroristes poursuivis par l'armée française aux confins maliens, ont été éliminés par les forces de sécurité algériennes à Taoudert, près de Tinzaouatine.




L'Algérie faiseuse de paix



Le rôle central de l'Algérie dans la crise malienne avait été réaffirmé par Ibrahim Boubakar Keita lors de sa visite à Alger en janvier 2014, et réitéré lors des 2e et 3e sessions du Comité Stratégique bilatéral algéro-malien5 en avril et mais de la même année. Le Mali s’inquiétait en particulier de la situation d'exception de Kidal dont la sécurité alimentaire et l'économie reposent entièrement sur le commerce légal et illégal avec le sud algérien. En outre, toute crise au nord-Mali a toujours été considérée par Alger comme porteuse d'une potentielle déstabilisation du sud algérien où vivent plusieurs milliers de réfugiés maliens, dont certains naturalisés algériens y sont définitivement établis.

Les pourparlers en cours à Alger font face à de nombreuses difficultés, dues aux divisions et à la méfiance entre groupes rebelles. Le dernier né, baptisé Groupe d'auto-défense des Imghad (Gaita), qui se présente comme un interlocuteur légitime, a d'abord été rejeté par le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement Arabe de l'Azawad (MAA). Le HCUA, fortement implanté à Kidal, qui fut proche des islamistes de Ansar al-Dine, risque de poser des problèmes dans la mesure où deux de ses membres sont des élus du parti présidentiel. Dans ce contexte, le processus de décentralisation prévu dans la nouvelle carte administrative du Mali, pourrait offrir un pouvoir étendu à un mouvement qui pourrait alors librement appliquer la chari'a6 . Pour les médiateurs algériens, la question est de savoir si ce mouvement est toujours en cheville avec Iyad ag-Ghaly (qui a entre-temps prêté allégeance à AQMI), ou s'il est un recycleur des hommes de Ansar al-Dine.

Si les négociations inter-maliennes connaissaient une issue positive et viable, Alger pourrait alors capitaliser sur ce succès pour confirmer son rôle indispensable de faiseur de paix dans la région et re-légitimer son action diplomatique dans d'autres crises régionales, en particulier en Libye.




Les ajustements de doctrine sont possibles



La doctrine algérienne de défense rattrapée par le principe de réalité ?
Depuis le lancement de l'opération Serval et le déploiement de Barkhane en juillet 2014, l'Algérie est sous la pression des pays occidentaux, dont la France qui envisageait il y a encore peu l'appui d'Alger pour venir à bout des foyers islamistes en Libye.
Le rapprochement entre Paris et Alger durant l'opération Serval a pu laisser croire à la France que l'Algérie accueillerait favorablement une initiative française de plus en Afrique du Nord et au Sahel. La France souhaitait prendre le pouls de l'Algérie et savoir qu'elle aurait pu être sa contribution à une action militaire potentielle en Libye, comme l'illustre la visite du chef d'état-major français en Algérie en septembre 2014, et celle du ministre français de la défense quelques mois plus tôt.

Certes, au sein des cercles diplomatiques et militaires algériens, un certain clivage générationnel existe: les plus âgés penchants pour une approche défensive continuent de penser qu'il faut s'en tenir au principe constitutionnel de non-interférence (et de non-intervention militaire) dans les affaires intérieures des pays voisins, tandis que les jeunes prônent une adaptation de cette doctrine aux réalités actuelles et au cas par cas.

Ce débat purement interne n'a pas (encore) mené à une remise en question de l'approche défensive classique, ce qui explique la préférence officielle de l'Algérie pour la résolution politique des crises régionales. Pour autant rappelons que par le passé l'Algérie a mené plusieurs actions militaires hors de ses frontières : deux fois durant la bataille d'Amgala (Sahara occidental) en janvier et février 1976 contre les troupes marocaines ; en Egypte en 1973 durant la guerre du Kipour ; en décembre 2012 lorsque environ 200 hommes des Forces spéciales étaient stationnés au nord-Mali juste avant que les groupes djihadistes n'occupent ce territoire.7

Plus récemment, deux opérations algériennes montrent que les ajustements de la doctrine sont possibles si la volonté politique existe et que la menace est considérée comme sérieuse:
− En mai 2014, 3 500 parachutistes et un contingent logistique de 1 500 hommes ont été envoyés en Libye, en coordination avec les Marines américains et les Forces spéciales françaises basées au Niger. Les objectifs de cette mission étaient d'éliminer les membres d'AQMI présents dans les villes de Nalout et Zintan, sources des transferts d'armes vers la Tunisie et l'Algérie, et de détruire les infrastructures et les camps d'entraînement djihadistes situés dans la région de Sebha dans le sud-libyen. L'Algérie qui n'a jamais officiellement reconnu cette action ne souhaitait certainement pas faire état de la collaboration de l'Armée Nationale Populaire avec l'ancien colonisateur et les Etats-Unis auprès de son opinion publique qui aurait vu d'un mauvais œil une collusion active de son armée avec des forces étrangères dans les affaires de la région.
− En août 2014, une opération conjointe impliquant 8 000 hommes côté algérien, soutenus par 6 000 hommes côté tunisien, s'est déroulée dans les monts Châambi. Les troupes algériennes ont traversé la frontière tunisienne pour frapper les groupes terroristes sévissant dans cette zone-refuge. La mission avalisée par l'accord de sécurité algéro-tunisien signé dans le cadre de la stratégie de contre-terrorisme établie en 2013, autorise les forces algériennes à pénétrer sur le territoire de son voisin. L'accord bilatéral prévoit également la formation et l'entraînement des forces tunisiennes par l'armée algérienne8 .




La Libye, un révélateur d'intérêts politiques contradictoires



Les deux opérations algériennes en Libye et en Tunisie ont été trop rapidement interprétées par la France comme une inflexion de la doctrine algérienne, d'autant qu'elles coïncidaient avec l'appel de certains représentants libyens à une coalition internationale contre les milices islamistes. Tentant de convaincre les pays européens et maghrébins du bien-fondé d'une coalition internationale pour intervenir militairement en Libye, la France s'est cependant heurtée à une fin de non-recevoir de la part du dialogue 5+5 réuni à Madrid en septembre 2014, qui a condamné unanimement la proposition française et plaidé pour une solution politique.

A l'inverse, lors du Forum sur la Paix et la sécurité réuni à Dakar en décembre, le président tchadien insistait sur la responsabilité des Occidentaux dans la crise libyenne : « nous ont-ils consulté lorsqu’ils ont attaqué la Libye, ou qu’ils ont divisé le Soudan ? (…) La solution en Libye n’est pas entre nos mains. Elle est entre celles de l’Otan qui a créé ce désordre (...) Il fallait accompagner la Libye après la chute de Mouammar Gaddhafi. La situation actuelle en est la conséquence »9 . Le président nigérien en visite à Alger fin janvier 2015, peu confiant dans une médiation politique, en appelait lui aussi à une « une intervention internationale (...) indispensable à la réconciliation de tous les Libyens, y compris gaddhafistes ».10

De son côté, Ramtane Lamara continuait de réaffirmer la préférence de son pays pour un dialogue national inclusif et une réconciliation en Libye. Allant même jusqu'à faire de certains partis islamistes maghrébins ses alliés pour isoler les milices extrémistes, l'Algérie avait déjà engagé des discussions avec deux figures importantes du mouvement des Frères musulmans : Abdelhakim Belhadj (ancien commandant du Groupe islamiste de Combat Libyen et ancien chef du Conseil militaire de Tripoli), et Rached Ghannouchi, chef du Parti tunisien Ennahda qui avait rencontré Abdelaziz Bouteflika au mois d'août 2014.

En appuyant une initiative politique destinée à stopper les combats entre milices rivales, Alger cherche à endiguer les transferts d'armes libyennes dans la région du Sahara-Sahel, et à réactiver les Accords de Ghadamès signés en 2013 entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, mais qui n'ont jamais pu être mis en œuvre dans la mesure où les frontières libyennes sont contrôlées par certaines milices islamistes ou par des réseaux locaux de trafiquants.

L'affaire libyenne reste complexe et l'Algérie le sait. Elle se heurte à d'énormes difficultés pour rassembler les parties autour de la table des négociations. Les pourparlers prévus pour la fin du mois de septembre 2014 sur le modèle des négociations inter-maliennes menées à Alger, ont été reportés sine die. Parmi ceux qui étaient disposés à engager un dialogue, il y a les représentants du gouvernement et du parlement de Tobrouk (reconnus par les Européens et les Américains), ainsi qu'une délégation du Congrès Général National (Ahmed Qadhaf Al-Damm, ancien coordinateur des relations égypto-libyennes durant l'ère Gaddhafi, le Général Khalifa Haftar, commandant l'opération Dignité, et le Général Ali Kana, ancien officier supérieur du régime de Gaddhafi). Parmi les opposants, on trouve des chefs proches de Ansar Al-Charia, une organisation appartenant à la coalition du Conseil des Révolutionnaires de Benghazi (instigateur du caliphat de Benghazi). Ces derniers considèrent que le Général Khalifa Haftar n'a aucune légitimité interne. Enfin, Alger refuse d'exclure les anciens gaddhafistes. Cette position qui se veut raisonnable reste pour l'instant intenable, les deux gouvernements n'ayant pas réussi à s'entendre (malgré le cessez-le-feu proclamé mi-janvier), et les combats entre milices armées rivales ayant entre-temps redoublé d'intensité.




Une prudence muée en méfiance



Le soutien supposé de l'Algérie à l'opération “Dignité” menée par le général Haftar au mois de mai 2014 (qui n'a jamais été confirmé par les autorités algériennes), peut être le fait d'un certain pragmatisme de la part d'Alger pour limiter l'implication opérationnelle de l'Algérie dans les affaires libyennes. Haftar avait clamé haut et fort qu'il était résolument favorable à des frappes algériennes et égyptiennes. Mais pour Alger, toute aide directe au général libyen dépendait d'abord de sa capacité à être un élément de stabilité plutôt qu'un acteur de déstabilisation.

Une alliance potentielle avec le Président égyptien était également à l'ordre du jour durant l'été 2014. Abdel Fatah Al Sissi qui s'est rendu à Alger au mois de juin pour sa première visite d'Etat à l'étranger, avait appelé à coordonner les efforts des deux pays pour lutter contre le militantisme islamiste. L'Algérie qui reste le principal fournisseur de l'Égypte en gaz naturel (rendant ainsi les intérêts économiques inextricables entre les deux pays), demeure très prudente face à l'activisme anti-islamiste dont l'Égypte fait preuve.

Cette prudence s'est muée en méfiance après les frappes aériennes menées en Libye par les Émirats Arabes Unis avec le soutien du Caire et le risque de déflagration que cette action a fait courir à toute la région. Alger envisage cependant de poursuivre un certain degré de coopération avec l'Égypte à travers le Haut Comité conjoint algéro-égyptien qui a été réssuscité après cinq ans d'inactivité. Il est vrai que toute convergence entre Alger et le Caire pourrait indubitablement représenter un élément-clé de sécurité pour l'ensemble du Maghreb. Mais le jeu du Caire en Libye et ses manœuvres en faveur de l'option militaire, ont éveillé la méfiance des autorités algériennes à l'égard d'un allié toujours plus farouchement hostile à un règlement politique de la crise libyenne.11




Priorité à la sécurité intérieure



Les suites de l'opération Serval associées à la détérioration rapide de la situation en Libye, ont crée un contexte volatil qui pourrait obliger Alger à s'engager dans une stratégie anti-terroriste nouvelle en Afrique du Nord comme au Sahara-Sahel.

Rétive à la militarisation du Sahel par la France et les États-Unis, l'Algérie continue d'invoquer la solution politique aux crises saharo-sahéliennes. Face à une situation régionale qui se complexifie de jour en jour, la nouvelle diplomatie algérienne est dictée par des motivations tactiques : éviter des conséquences stratégiques encore plus problématiques, voire irréversibles, pour elle-même et ses voisins. Reste à savoir si cette diplomatie va s'accompagner d'un virage dans la doctrine de défense et conduire l'Algérie à une collaboration opérationnelle plus active dans la région avec ses partenaires régionaux et occidentaux?

Bien qu'elle se présente comme un « exportateur de stabilité », l'Algérie n'en continue pas moins de donner la priorité à sa sécurité intérieure. En effet, au début des années 2000, la politique algérienne d'endiguement du terrorisme consistant à repousser vers le sud et au-delà de ses frontières méridionales l'ex-GSPC, a eu pour conséquence durable l'implantation de Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et, plus tard, d'autres groupes radicaux. L'attaque contre le site gazier de Tiguentourine (In Amenas) en janvier 2013, et les attentats contre des casernes de gendarmerie à Tamanrasset (30 juin 2010 et mars 2012) siège de la 6ème région militaire, et à Ouargla (juin 2012), siège de la 4ème région militaire, ont démontré une forte capacité opérationnelle des terroristes dans des zones pourtant hautement militarisées12 . Dix jours après In Amenas, c'était au tour du gazoduc de la région de Bouira (à 125 kilomètres au sud-est d'Alger) qui achemine le gaz du champ de Hassi R'Mel, d'être la cible d'une nouvelle action des islamistes armés13 .

Ces événements ont montré qu'Alger n'avait pas pris la mesure de la gravité de la menace et révélaient des défaillances dans la surveillance du territoire, au Sahara en général, et sur les sites stratégiques en particulier, qui sont le cœur de son économie et le gage de sa survie. Ce n'est qu'en 2014 que, tirant les leçons de l'attaque d'In Amenas, une 7e région militaire a été créée, dont le quartier général est établi à Illizi, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne, afin de mettre en place un maillage plus fin du territoire saharien.

La stratégie de refoulement des groupes terroristes vers une zone pourtant stratégique, qui escomptait se débarrasser définitivement de l'islamisme violent, s'est avérée contre-productive puisqu'elle n'a pas permis à l'Algérie de sécuriser la portion saharienne de son territoire, en particulier ses ressources. Aussi, pour l'instant, il est fort probable que le principe de non-intervention reste un élément central de la posture militaire algérienne.

Suite à la surprise stratégique de Tiguentourine, certains officiels algériens avaient assuré les responsables du Département anti-terrorisme du Pentagone que leur pays conduirait des opérations aux frontières si nécessaire14 . Cela a été fait en Tunisie et en Libye l'année dernière, mais un engagement de grande ampleur des forces armées algériennes dans la région reste exclu. Mobilisées aux frontières et sur les sites d'extraction, l'Armée Nationale Populaire et les autres forces de sécurité (environ 130 000 hommes) maintiennent pour l'heure leur conventionnelle posture défensive. La diplomatie se chargeant de traiter les dossiers politiques régionaux et d'ouvrir la voie à de futurs processus de résolution des crises.




1 Terme officiel employé par les autorités algériennes.

2 Terme utilisé par le Ministre des affaires étrangères lors de ses entretiens avec John Kerry à Washington, en septembre 2014. Voir aussi Laurence Aïda Ammour, « Algeria responds to turbulence in the Sahel », Jane's Islamic Affairs, IHS, Londres, 6 novembre 2014.

3 Kaci Haider, « L'Algérie est un pays exportateur de sécurité et de stabilité », Algérie1.com, 19 septembre 2014.

4 Voir Laurence Aïda Ammour, « Algeria’s Role in the Sahelian Security Crisis », Stability: International Journal of Security & Development, 2013, 2(2): 28, pp. 1-11.

5 Qui inclut aussi le Niger, le Burkina Faso et le Tchad.

6 Depuis les Accords de Ouagadougou de juin 2013, plusieurs étapes ont été franchies: en janvier et février 2014, des réunions préparatoires ont eu lieu à Alger et Bamako. Après le cessez-le feu signé le 23 mai 2014 à Kidal sous les auspices du Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz en sa qualité de président de l'Union africaine, le 9 juin, le MNLA, le HCUA et le MAA s'accordent pour signer La Déclaration d'Alger destinée à renforcer le processus de réconciliation à travers le dialogue de toutes les parties. Du 1er au 24 juillet 2014, le gouvernement malien et les groupes touareg signent un accord pour une feuille de route incluant l'arrêt des combats dans le nord du Mali. Les négociations qui devaient se tenir en septembre sont reportées suite à l'entrée en scène du groupe d'auto-défense Gaita, créé en août 2014, qui a des liens étroits avec le gouvernement malien et insiste pour être partie prenante des discussions inter-maliennes. Celles-ci reprennent en octobre et portent sur les questions de sécurité dans le nord et les aspects humanitaires de la crise. En 2015, de nouvelles réunions ont lieu à Alger qui n'ont toujours pas abouti à un véritable accord de paix.

7 En mai 2014, suite à la création d'un comité de coordination de défense algéro-malien, le Mali avait octroyé aux forces armées algériennes un droit de poursuite des djihadistes jusqu'à 50 kilomètres au Nord-Mali.

8 A partir de mai 2013, 80 points de contrôle ont été installés sur les 956 kilomètres de frontières communes, 20 zones militaires fermées ont été créées, et 60 000 hommes déployés. La coopération entre les deux pays a été renforcée du fait de l'aggravation de la situation dans cette région, en particulier après la mort de huit soldats tunisiens le 31 juillet 2013.

9 Vincent Duhem, « Paix et sécurité : Idriss Déby Itno se lâche sur la crise libyenne », Jeune Afrique, 17 décembre 2014.

10 Ali Boukhlef, « Le Mali au menu », El Watan, 26 janvier 2015.

11 Voir Laurence Aïda Ammour, « Algeria will seek to restrain Egyptian anti-Islamism », Oxford Analytica Daily Brief, Londres, 16 octobre 2014.

12 Ouargla n'est qu'à 86 kilomètres de l'un des plus grands sites d'exploitation pétrolière, celui de Hassi Messaoud, qui centralise toute la production algérienne de pétrole et d'où partent plusieurs oléoducs vers les terminaux et raffineries situés sur la côte méditerranéenne.

13 Hassi R'mel est le plus grand gisement de gaz naturel d'Algérie et la plaque tournante de son industrie gazière d'où partent le Transmed pour l'Italie via la Tunisie, le Maghreb-Europe via le détroit de Gibraltar, et d'autres gazoducs vers les grandes villes et les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) situés de la côte.

14 Ces propos sont à mettre en relation avec la proposition américaine de fournir aux forces algériennes du renseignement obtenu par leurs drones de surveillance afin de faciliter la sécurisation des frontières nationales. En contrepartie, il était demandé à l'Algérie de jouer un rôle plus proactif dans la région afin de limiter autant que possible l'immixtion d'autres acteurs occidentaux dans les affaires sahéliennes.
http://www.econostrum.info/La-nouvelle- ... 19695.html

tayeb
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par tayeb »

C'est la Laurence qui fait la fiche de documentation sur la défense Algérienne sur CF2R ... Elle fait comme les autres pseudo-experts de l'Algérie , elle reprend les infos d'El-Watan et fait une analyse sur l'Algérie, tout les clichés y sont, conflit générationnel, diplomatie en panne à cause des élections, Bouteflika...

Palmier Dattier
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par Palmier Dattier »

Ben, on va lire El Watan alors...

numidia
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par numidia »

ce qui serait intéressant c'est que nos experts et nos analystes publient beaucoup, beaucoup plus, qu'ils diffusent en Algérie et qu'on accède à leurs écrits et à leurs points de vue
on ne peut les lire que trop rarement dans quelques journaux ou les voir parfois (un peu plus aujourd'hui) à la télé
y a-t-il des organismes ou instituts qui puissent publier et diffuser des analyses de fond et développer une argumentation du point de vue algérien ?
apporter le regard algérien et expliciter nos principes et nos décisions politiques et/ou sécuritaires à un public assoiffé
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Palmier Dattier
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Re: Intervention de l'ANP en dehors de nos frontières

Message par Palmier Dattier »

Ce n'est pas parce que l'on est algérien que l'on diffuse un point de vue algérien. Les pro atlantistes d'El Watan en savent quelque chose; eux qui sont spécialisés dans les analyses pro US.

Reste qu'il n'y a pas de revue de sciences politiques digne de ce nom exprimant de manière universitaire le point de vue algérien sur les grandes questions géopolitiques. Le MAE avait publié quelques rares numéros malheureusement sans grande régularité et parfois sans grande consistance...Le manque d'une telle revue est criant.
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