Département du Renseignement et de la Sécurité [Dissou !]

Venez discuter et débattre a propos de l'Armée Algérienne "uniquement" lorsque le sujet débattu ne concerne pas spécifiquement une armée (contrats, doctrine...).
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mounircasadi
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par mounircasadi »

oui méme le reve est permis , c'est pas interdit , par contre lis bien ce que j'ai posté en haut , :fou:

la RADP est notre pays , de quoi je me méle :D

tayeb
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tayeb »

mounircasadi a écrit :continue de rever et continue de poster des anneries , ce méme benhadid disait avant que le DRS et son chef sont intouchable , ceux qui sont hors de porté des decisions se retrouvent a ecrire des bouquins ou se faire mediatisé :D

En 2014 : « Toufik est un loup parmi les plus féroces, et il sera difficile de prendre le dessus sur lui. » Et sur la restructuration du DRS, Hocine Benhadid minimise les derniers changements décidés. Avec une étonnante contre-vérité « la (DCSA) était depuis longtemps sous l’autorité de l’état-major. Elle était dirigée par le DRS. Et c’est Khaled Nezzar (en tant que ministre de la défense) qui l’a transférée à l’état-major. » Ensuite sur la dissolution du service judiciaire, il dit que cette décision n’a aucun effet du fait que les dossiers de corruption demeurent entre les mains du DRS. Il continue « L’éviction de Toufik crée l’anarchie et des divisions au sein de l’armée, et Bouteflika le sait très bien, et s’il remplace Toufik dans cette configuration, il va donner l’impression qu’il s’est vengé de lui, et cela aura des suites impitoyables, c’est pour cela qu’il n’ira pas dans cette direction. »


:!: Edit admin : lien url non autorisé :!:
Le site du blogueur que tu postes accuse l'ANP de crimes et le général Benhadid de crimes contre la population durant la lutte anti-terroriste des années 90. En plus faudrait avoir un minimum de respect quand même, tu peux ne pas être d'accord avec lui ( perso je pense qu'il a pas raison sur certains points et sur d'autres non) mais faut un minimum de correction quand on parle des hommes du corps militaire qui ont un CV comme celui du général Benhadid.
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anzar
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par anzar »

Attention à vos sources quand vous ramenez des informations. Les blogs de mythos ne sont pas autorisés.
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mounircasadi
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par mounircasadi »

desolé anzar , c'est bien de l'apprendre :super:

Sifax
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

Pas une très grande profondeur dans les propos de Mr le Général.. Mais bon, J'imagine (J’espère) qu'il sait de quoi il parle.

Il m'a fait sourire à la minute 10' 50" :
Question du journaliste: Est ce que ce scénario peut encore se produire dans l'avenir - voir l'armée se réunir pour décider du successeur de Bouteflika pour nous autres algériens?

Réponse du Général Benhadid: L'armée n'est plus solide comme avant. N'est plus soudée comme avant. Je parle du commandement de l'armée. Je ne parle pas de l'armée. Qui va décider? Qui va réunir les chefs de régions militaires pour prendre une décision? Gaid Salah, il ne le fera pas.
Avant il y avait des décideurs. Il y avait Khaled Nezzar. Il y avait l'Ammari. Il y avait les autres (Touati). Ils prennent des décisions. Mais maintenant il n y a plus personne. C'est là le problème.

Journaliste: C'est peut être un problème. C'est peut être aussi une solution pour l'Algérie. Peut être que la parole va revenir au peuple?

Réponse du Général Benhadid: Il faut que le peuple le fasse. Voilà justement: le problème c'est le peuple maintenant.
Je me dit qu'on a sérieusement perdu 50 ans de notre histoire. Nous ne somme politiquement pas encore indépendant. Nous se réfère au peuple algérien dans son ensemble.
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anzar
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par anzar »

Je me demande si tu le fais par cynisme ou juste par malhonnneteté intellectuelle :?: Ce Général "en retraite" utilise un algérianisme "si on peut appelé ça comme ça", c'est à dire qu'il utilise un terme en français "problème" pour désigner une situation d'une complexité telle que la solution est difficile, mais que celle-ci viendra forcément du peuple.

Je sais que tu veux faire passer un message, soit, mais je supporte pas ce genre de chose. Tu as déjà essayé de le faire par le passé mais apparemment t'es comme le "colonialisme" .... tu n'apprends pas et tu persiste. Comme on dit "eErrarum humanum est, persevare diabolicum"
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Sifax
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

Je peux changer, la vérité ne change pas.
Si tu arrêtes de lire les postes de sifax avec les a prioris, tu t’apercevra que c'était juste un passage qui m'a fait sourire. Ce n'est pas comme si ce général voyait dans les algériens un problème. Le sens de sa phrase va justement dans le sens qu'il faut que le peuple s'approprie la décision politique. (Fait un peu confiance au bon sens des gens).

Par contre, et dans le fond, si le message que je veux passer, c'est que nous sommes une dictature, et qu'il faut que ça change. J'assume ce message. C'est une réalité. Ceux qui peuvent apercevoir une lueur positive dans ce qui s'ai fait politiquement en Algérie (depuis l’indépendance à nos jours) doivent apprendre comment fonctionnent les nations qui réussissent.

C'est facile de coller les étiquettes que d'écouter les autres avec sincérité.

Sifax
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

Question du journaliste: Est ce que ce scénario peut encore se produire dans l'avenir - voir l'armée se réunir pour décider du successeur de Bouteflika pour nous autres algériens?

Réponse du Général Benhadid: L'armée n'est plus solide comme avant. N'est plus soudée comme avant. Je parle du commandement de l'armée. Je ne parle pas de l'armée. Qui va décider? Qui va réunir les chefs de régions militaires pour prendre une décision? Gaid Salah, il ne le fera pas.
Avant il y avait des décideurs. Il y avait Khaled Nezzar. Il y avait l'Ammari. Il y avait les autres (Touati). Ils prennent des décisions. Mais maintenant il n y a plus personne. C'est là le problème.

Journaliste: C'est peut être un problème. C'est peut être aussi une solution pour l'Algérie. Peut être que la parole va revenir au peuple?

Réponse du Général Benhadid: Il faut que le peuple le fasse. Voilà justement: le problème c'est le peuple maintenant.
C'est ce que je trouve grave. J’espère tout comme le journaliste et le général H.B que la décision reviendra au peuple un jour.
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anzar
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par anzar »

Je ne vais pas analyser dans le texte ce que dit le général H.B, qui est en retraite depuis près de 20 ans, phrase par phrase pour essayer de tirer des plans sur la comète. Le message sous-entendu est que nous sommes dans une république bananière des généraux, à la sud-américaine moustache, cigares et communisme hein.... image d’Épinal qui nous sied si bien dans les chancelleries occidentales. La structure du pouvoir en Algérie est bien plus complexe mais tu continue à galvauder les choses pour distiller des idées fausses que dans le fond je réprouve et c'est là ce que je te reproche sur cette intervention bien précise et question étiquette j'ai dépassé ce stade depuis bien longtemps.
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stetch
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par stetch »

Le Général H BENHADID (le bien nommé :super: ), est sans doute l'un des meilleurs officiers qu'a eu l'ANP. Précocement sorti de l'armée, il est devenu un citoyen qui n'est plus lié par le droit de réserve et donc libre de donner son avis sur la situation politique du pays, surtout que ce qu'il dit est un avis communément partagé par la majorité des algériens. Est-ce que quelqu’un peut dire aujourd'hui que l'Algérie se porte bien?? Non seulement on a raté notre développement industriel, en faisant des investissements si illogiques que sans verser dans le complotisme on est en droit de se poser des questions sur l'indépendance de nos ministres, et même de leur probité, le cas de l'investissement Renault qui s'est fait désirer pendant des années pour être concrétisé enfin avec des conditions inacceptables et une morgue du DG de Renault qui aurait révulsé le dernier des pays bananiers, et le timing de la déstructuration des services de renseignements est alarmant et même inquiétant pour l'avenir de notre pays dans ce contexte. Le général BENHADID est en droit de donner son avis inquiet sur des décisions sensibles et vitales pour le pays, on est libre d'y adhérer ou pas. Moi je trouve qu'il n' a pas assez dit...

Sifax
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

Question purement technique. Un officier général n'est il pas toute sa vie tenu par le devoir de réserve? où 5 ans après sa retraite?

Pour revenir à notre sujet, un officier des services (sans qu'il soit forcement général) n'est il pas tenu par le devoir de réserve toute ça vie? Cette question m'a traversé l'esprit en lisant quelque part que Boudjera Soltani invitait le Général Toufik à écrire ses mémoires :face:

Concrètement, qu'est ce que prévoit la loi (pour ceux qui connaissent)?

PS: @Anzar D'accord avec toi, la situation est très complexe.

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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par tayeb »

Le militaire une fois qu'il a quitté l'armée n'est plus lié à un devoir de réserve étant donné qu'il recouvre la vie civile. Il n'est plus militaire mais un retraité, donc un citoyen à part entière qui peut exprimer ses idées politiques et qui n'est plus tenu par le droit de réserve des fonctionnaires d'état.

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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par El-Harrachi »

Sifax a écrit :Question purement technique. Un officier général n'est il pas toute sa vie tenu par le devoir de réserve? où 5 ans après sa retraite?

Pour revenir à notre sujet, un officier des services (sans qu'il soit forcement général) n'est il pas tenu par le devoir de réserve toute ça vie? Cette question m'a traversé l'esprit en lisant quelque part que Boudjera Soltani invitait le Général Toufik à écrire ses mémoires :face:

Concrètement, qu'est ce que prévoit la loi (pour ceux qui connaissent)?
S'agissant de secrets d'Etat, de secrets défense et de toute autres informations confidentielles, tout le personnel au service de l'Etat (qu'il soit militaire ou civil) reste naturellement tenu au devoir de réserve et il pourrait même être passible de poursuites judiciaires si nécéssaire.

Par-contre, n'étant plus en fonction, il devient simple citoyen et se voit donc tout a fait en droit d'exprimer ses opinions personelles sur les questions politiques ou tout autre intérêt publique. Il pourrait aussi se présenter à des éléctions ou afficher son adhésion à tel ou tel parti politique ... etc.
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anzar
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par anzar »

Tout ce qui est secret défense ou secret d'état le reste, même en retraite les officiers, agents ou autres personnes "politiques" ou autres, ils sont tenus de ne pas divulguer les détails dont ils auraient pris connaissance dans leur fonction
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Sifax
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Re: Département du Renseignement et de la Sécurité [DRS]

Message par Sifax »

L'analyse de Dahou Ould Kablia un peu plus sérieuse que celle du général H.B mais toujours dans le même sens. Assez lucide pour un homme qui fait parti des DZinosaures.
DRS CRISE BOUTEFLIKA TOUFIK…
Entretien avec Dahou Ould Kablia (23 septembre 2015, Par Nadia Mellal)

Q: Vous avez été un membre influent au sein du MALG durant la lutte de libération nationale et vous avez exercé des pouvoirs importants au sein de l’État depuis l’indépendance (longtemps wali puis ministre de l’Intérieur). Comment expliquez-vous que chaque fois que l’on parle de la sécurité militaire ou du DRS, on fait le rapprochement sur sa filiation avec le MALG. Qu’en est-il exactement ?

R: Il y a une filiation de fait puisqu’une grande majorité des éléments des services de renseignement du MALG a été reprise dès l’indépendance pour constituer le premier noyau de la sécurité militaire sous la tutelle du ministre de la Défense nationale, c’est-à-dire du colonel Boumediene. Mais à part cette filiation, il y a une grande différence entre les missions et les méthodes propres à chaque service.

Pendant la Guerre de libération nationale, la mission des services était concentrée sur la connaissance de l’ennemi. C’est-à-dire le gouvernement français dans ses intentions et son action, et l’armée française qui combattait le FLN. Et accessoirement, la direction de la vigilance et du contre-renseignement s’employait à connaître les hommes, c’est-à-dire ceux qui pouvaient constituer un danger pour la sécurité du combat libérateur. Quant aux méthodes, un nombre restreint de cadres pilotaient à distance des réseaux de renseignement à l’intérieur du territoire national ou à l’extérieur. Pour ce qui est des moyens techniques, une seule méthode : l’écoute des réseaux radio-électriques de l’ennemi (réseaux de transmission au service de la révolution). C’était suffisant pour une bonne information.

À l’indépendance, la sécurité militaire s’est vue assignée d’autres missions et d’autres objectifs : la protection de l’État naissant dirigé par un pouvoir issu d’une confrontation violente entre les ex-dirigeants du FLN, ce que l’on a appelé la crise de l’été 62, était la priorité. Ce pouvoir incarné par Ben Bella et Boumediene était beaucoup plus préoccupé par la menace intérieure. La SM a été chargée de réduire toute velléité de remise en cause de ce pouvoir, choix du parti unique et choix clientélistes des responsables.

Les opposants étaient nombreux tant sur le plan politique que sur le plan du projet de société puisque Ben Bella avait choisi la voie socialiste pour la gestion des affaires du pays. La sécurité militaire prenait, par conséquent, une dimension considérable et écrasait de son poids le champ politique national. Sans contrôle, ni contre-pouvoir. À la mort de Boumediene en 1978, le président Chadli, amené au pouvoir par cette même sécurité militaire, mettra beaucoup de temps pour réduire la puissance de cette structure en changeant les hommes à sa tête, à l’image de la marginalisation de Merbah et de certains de ses collaborateurs.

Mais la mission de la sécurité militaire était restée la même et ses méthodes tout à fait identiques, c’est-à-dire tout à fait convenables au plan de la légalité. Bien plus, Chadli introduisait une dimension supplémentaire avec le développement d’un fichier nécessaire à la connaissance des responsables dans le cadre de la procédure d’habilitation pour les nominations aux emplois supérieurs.

Q: La sécurité militaire avait-elle prévu les événements d’octobre 88 ?

R: La réponse est difficile. Personnellement, je ne pense pas que les services ignoraient le foisonnement de colère qui s’amplifiait au sein du peuple. J’opte pour le fait que le président Chadli a dû être informé, mais qu’il n’en a pas tenu compte. Ce même défaut d’anticipation de sa part a déjà été à l’origine du Printemps berbère de 1980 à cause de l’initiative prise localement à Tizi Ouzou d’interdire une conférence de Mouloud Mammeri.

Q: Que s’est-il passé après 88 ?

R: Beaucoup de choses, particulièrement une ouverture débridée et incontrôlable du champ politique qui a vu la naissance du Front islamique du salut (FIS). Ce dernier, profitant du désamour du peuple vis-à-vis du parti unique, s’est rapidement développé sur l’ensemble du territoire national, arrachant la presque totalité des assemblées locales (APC et APW) et qui s’apprêtait de manière légale à contrôler l’Assemblée populaire nationale (APN).

Q: C’est à cette époque que la SM a été transformé en DRS ?

R: Oui. Le réveil a été brutal. Le peuple algérien échappait à un pouvoir autoritaire pour tomber entre les mains d’un autre qui promettait ni plus ni moins qu’une dictature construite sur un postulat religieux. La sécurité militaire, instrument unique d’information du pouvoir a été prise en défaut et c’est cette carence qui a été à l’origine de la démission du président Chadli. Conseillé par ses principaux collaborateurs militaires (les généraux), il a créé le Département du renseignement et de la sécurité, plus connu sous le nom du DRS, lequel a été confié au général Mediène, dit Toufik

Q: Pourquoi ce choix ?

R: Chadli a toujours choisi ses collaborateurs parmi les personnes qui ont travaillé sous ses ordres dans ses différents commandements. Le général Toufik était de ceux-là : un homme discret, efficace, loyal et surtout fondamentalement républicain. Il n’avait d’autres ambitions que de servir l’État. Devant le défi de l’insurrection armée des éléments radicaux du FIS, il a développé un maillage important de réseaux destinés à juguler l’organisation terroriste à l’intérieur des villes et dans les zones rurales. En plus de la mission de renseignement, il a créé des groupes d’intervention opérationnels qui opéraient auprès des unités constituées de l’ANP, composées en grande partie d’appelés.

Le DRS gérait les forces de frappe qui étaient les groupes de légitime défense (GLD), les patriotes et la garde communale. La toile intégriste a été extirpée des corps de l’État, armée, justice, administration et les élus. L’action du DRS a permis, à côté de celle de l’ANP et des autres services de sécurité et durant toute la décennie, de réduire la dangerosité de l’œuvre de destruction et de déstabilisation entreprise par l’hydre intégriste.

Q: Nous arrivons à la fin de la décennie et Abdelaziz Bouteflika est coopté pour être candidat à la tête du pays. Le général Toufik a-t-il participé à cette cooptation ?

R: Oui. Il n’a pas été le seul général dans ce cas. Il faut citer en premier lieu les généraux Larbi Belkheir, Mohamed Touati, Abdelhamid Djouadi, pour les plus connus. Puis les généraux Khaled Nezzar et Mohamed Lamari qui, sans doute, sans être tout à fait pour, n’étaient pas tout à fait contre.

Q: Quelles ont été les relations de Bouteflika président avec ces généraux ?

R: Le président Bouteflika était un homme expérimenté, intelligent et conscient du rôle qu’il voulait s’attribuer. C’est-à-dire être en tout lieu et à tout moment maître de la décision. Il ne pouvait supporter de partager le pouvoir et en manœuvrier habile, il va prendre tout son temps pour asseoir son autorité. Il écarte le général Lamari, chef d’état-major de l’ANP, à la fin de son premier mandat en 2004. Au cours du deuxième mandat, c’est le tour de son puissant directeur de cabinet le général Larbi Belkheir nommé ambassadeur à Rabat ainsi que quelques généraux qui ne jouissait pas de sa confiance tel que le général Fodhil, chef de la première région militaire et le général Kamel Abderrahmane, chef de la deuxième région militaire. Il continuait à avoir l’appui du général Toufik et à se préparer à mettre en œuvre une vision réfléchie de longue date, c’est-à-dire réformer l’État dans sa profondeur

Q: Que visait-il et avec quelle stratégie ?

R: Il visait une Algérie nouvelle avec un régime et des institutions totalement différentes de ce qui a prévalu depuis l’indépendance. Il pensait le pays suffisamment apaisé par l’opération de réconciliation nationale, de même que par la percée économique favorisée par les grands chantiers publics qui ont amélioré les conditions de vie des citoyens pour envisager de nouvelles étapes. Pour cela, il avait besoin d’un troisième mandat. Durant ce troisième mandat, contesté par de nombreux opposants, il a officiellement annoncés les réformes que nous avons connues : loi sur la représentation des femmes, loi électorale, la loi sur la commune, sur la wilaya, loi sur les partis et les associations.

Q: Pensez-vous que ces lois constituent une avancée démocratique ?

R: Pas tout à fait. En raison d’une concertation restrictive sur la teneur des textes par les familles politiques et d’un encouragement non dissimulé du parti officiel, le FLN, qui a réussi à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Laquelle Assemblée nationale majoritairement conservatrice a considérablement réduit l’impact des avancées démocratiques lors de l’examen des textes que j’ai cités plus haut.

Q: Revenons à la situation actuelle marquée par de profonds changements notamment au niveau du DRS…

R: Dans la continuité de la pensée du président Bouteflika, quoi que pas toujours exprimée clairement, la réforme du DRS était une chose prévisible. Sans entrer dans le détail de nombreuses rumeurs, l’objectif premier du président Bouteflika était de donner de l’Algérie une image mieux vendable à l’extérieur, un État sinon démocratique du moins allant vers la démocratie à grand pas. Le DRS, plus souvent assimilé à une police politique d’une autre époque, devait revenir à des missions propres, conformes aux normes internationales : lutte contre la subversion intérieure et la menace extérieure. Ce genre de mission a été convenablement rempli par le général Toufik à la tête du DRS

Q: Mais il n’y avait pas que cela ?

R: Oui, il y avait le contrôle de l’activité des partis et des associations, le contrôle de la presse, le contrôle des écoutes téléphoniques, la gestion des caméras de surveillance et surtout la mission de combattre la corruption en disposant d’un outil légal de police judiciaire

Q: Comment le général Toufik a-t-il géré tout cela ?

R: Tout le monde s’accorde à dire qu’il a obtenu dans tous les domaines d’excellents résultats. Il a respecté les consignes du Président concernant les modes de gestion au regard de la liberté et de l’intégrité physique des personnes depuis le début 2000. J’ajoute que le général Toufik et son service de recherche extérieur a été la sentinelle vigilante en matière d’intelligence sur les affaires extérieures, régionales ou internationale, sous-jacentes à une diplomatie officielle complaisante et de façade. Peut-être à ce sujet que les positions fermement périodiques du général Toufik n’ont pas plu à tout le monde.

Q: Considérez-vous la réforme du DRS comme une bonne chose ?

R: Bonne chose ou pas, elle va dans le sens de la construction d’un État civil où l’administration joue son plein rôle, les missions de sécurité soigneusement équilibrée entre les trois services : DRS, gendarmerie nationale et sûreté nationale, une justice réellement indépendante et des droits pleinement assurés.

Q: Le général Toufik ne pouvait-il pas continuer sa mission avec des prérogatives restreintes mais essentielles ?

R: Il s’agit du destin d’une structure et non d’un homme. Toufik qui a été à la tête de cette structure durant 25 ans n’a plus rien à prouver. Il part, que ce soit de son plein gré, suite à un deal ou simplement remercié, et il peut s’honorer de son bilan. Un bilan qui est reconnu présentement partout à l’étranger.

Q: Certains disent que le flou actuel résulte des luttes de clan qui se battent pour la succession au pouvoir. Est-ce vrai ?

R: Vous avez utilisé le mot « flou », c’est tout à fait exact. Le président Bouteflika n’a jamais été très transparent dans ce qu’il envisage de faire ou de défaire. La rumeur y ajoute plusieurs couches qui confortent cette opacité et empêche toute interprétation politique sérieuse. On le voit d’ailleurs avec cette question de la révision constitutionnelle pour laquelle il se réserve le calendrier de sa mise en œuvre. Et puisque nous parlons de transparence, il aurait été logique et naturel qu’elle soit rendue publique et que tout le monde puisse donner son avis dans la cadre d’un grand débat d’idées. C’est cela la démocratie, à mon avis. Mais s’il s’agit d’un projet secret qui sera soumis au dernier moment à un Parlement élargi qui l’examine sans en débattre et l’adopte, sans aucun doute à la majorité requise, ce sera un raté dans le processus de construction de la démocratie.

Q: Vous pensez donc que le président Bouteflika ne songe pas à une réelle construction de la démocratie ?

R: Ce n’est pas dans sa culture, mais peut-être y songe-t-il pour ses successeurs. Je dois quand même vous dire que la démocratie, au sens strict du terme, n’est pas la panacée pour la résolution des nombreux problèmes du pays. Elle peut être source de progrès comme elle peut être source de désordre si le peuple n’acquiert pas la maturité politique qui lui ferait accepter l’autre quand il est différent. La démocratie ne peut pas non plus se construire s’il n’y a pas un État fort et crédible, des lois et des règlements rigoureux applicables à tous. Le citoyen ne respectera la loi que s’il verra que les puissants se plient à sa volonté. Mais pour le moment, les problèmes sont tellement complexes et divers, instabilité et insécurité aux frontières, crise économique et son impact sur le pouvoir d’achat, crise de gouvernance et absence de dialogue avec l’opposition que l’on perçoit difficilement le cap tracé par le président de la République.

Q: Pensez-vous que d’autres personnes interfèrent dans la conduite des affaires du pays pour fixer le cap ?

R: Officiellement et légalement, Bouteflika est le président de la République, élu par le peuple. Il a un handicap, c’est sûr, mais les grandes décisions qui ont été prises dernièrement ne peuvent que porter sa signature. Il ne s’occupe certainement pas des questions de détail, mais même malade, il est suffisamment conscient de son statut pour ne pas se laisser dicter ses choix. Le seul problème, c’est qu’il délivre ses choix à dose homéopathique en s’appuyant sur la conjoncture. Ce qui n’est pas rassurant pour le peuple qui veut savoir clairement où va son pays.

Q: Comment voyez-vous l’avenir ?

R: Il y a autant de signaux positifs que négatifs. À la moindre rupture d’équilibre, tout peut basculer et le pays être entraîné vers l’irréparable. Les dirigeants en poste ainsi que les responsables de l’opposition et de la société civile doivent avoir la pleine conscience qu’il faut tout faire pour éviter cela. Le peuple algérien a souffert dans sa chair des affres de la division et de la violence. Ils doivent avoir à l’esprit que seul un dialogue sérieux pour une transition pacifique, le moment venu éloignera le pays du spectre de la violence et de la destruction qui fait tant de ravages dans le monde arabe aujourd’hui sous nos yeux. Que Dieu nous en préserve.
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