Crise diplomatique dans le Golfe

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zeitrecht
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

numidia a écrit :
04 août 2017, 13:14
oui
on assiste à des trahisons et "poignardages dans le dos" comme dans toute l'histoire de l'humanité, malheureusement

mais laisse-moi douter un peu de la naïveté des uns ou des autres, je ne crois qu'ils soient dupes
sachant que Dahlane est depuis de nombreuses années le même personnage aux duplicités multiples, il est l'homme des intérêts divers (qui ne le sait pas chez les Palestiniens ?) le Hamas (organisation très cloisonnée à sa tête) en a eu besoin pour des raisons politiques et financières, dans leur situation ça se comprend parfaitement
mais dans leur discours politique ils sont restés FM et c'est dommageable
mais bon, aux Palestiniens de prendre des décisions pour eux-mêmes
je constate c'est tout


et depuis des décennies, Dahlane n'est pas le seul, ceux qui ont profité de la manne et qui ont marchandisé la cause palestinienne sont nombreux et ne sont pas que Palestinien. c'est pour moi le cas de ces dirigeants du Hamas (partis de très mauvaise manière de Syrie, planqués au Qatar) dont je parlais plus haut (c'est eux que je visais, pas les résistants palestiniens qui oeuvrent sur le terrain qu'ils soient du Hamas ou pas)

c'est une petite partie de ce que l'on voit et qui est utilisé par la propagande sioniste, les colonisateurs ont parfaitement joué des enjeux entre partis politiques palestiniens, il ne devrait y avoir qu'un seul et unique mouvement, celui de la libération, de l'anti-sionisme
le "diviser pour régner" est l'arme des subversifs et des pernicieux, les sionistes en ont constamment joué
et les sionistes ne sont pas les seuls à avoir user de cette carte, certains pays arabes aussi

les idéologues, les révolutionnaires, les militants et résistants palestiniens sont entourés par certaines sangsues (comme dans toute histoire humaine)
au Fatah ou au Hamas
attention, cela n'occulte en rien le travail énorme des résistants, des combattants contre l'occupant sioniste
chaque jour, chaque instant des Palestiniens résistent, refusent, se battent, se renforcent et se soutiennent, pour leur noble cause

bref, tout ceci c'était pour se questionner sur le devenir de ces dirigeants exilés au Qatr dont l'organisation est honteusement désignée comme terroriste (je suis persuadée d'une chose quelque soit ses opinions politiques, le membre du Hamas ou du Fath ou du FPLP ... qui s'attaque à l'occupant sioniste n'est pas terroriste mais c'est un résistant pour la liberté, la dignité, le droit et la souveraineté)

penses-tu qu'ils resteront au Qatar ou partiront ? que c'est un point d'achoppement entre Saoudiens et Qataris ?
Non,le Hamas n'est pas dupe.Il a été dupé par M.Dahlene et M.Bin Zaid,avec l'argent des UAE Dahlene a financé pleins de projets a Gaza et arrosé les dirigeants
et politiciens locaux,le Hamas n'a eu d'autres choix que de suivre.
Pour le reste je suis d'accord avec toi,cependant en ce qui conserne les FM même si je ne suis pas fan de leur organisation,force est de constater que se sont les seuls qui ont aidé les Gazaouis quand Morsi etait au pouvoir.Les Gazaouis ont pu aller se soigner,etudier,commercer avec l'Egypte et le reste du monde Arabe.

Tu sais,toute resistance prend l'aide òu elle la trouve même si parfois cela semble contre nature.C'est vrai que son point faible est sa dispersion entre FPLP,Fatah,Djihad Islamique,Hamas et chaque organisation a une politique différente face a la situation et,que tous cherchent a prendre le pouvoir,mis a part les resistants sur le terrain et le peuple qui a démontré encore une fois une grande résistance lors de la fermeture du Dome du rocher.

[*]penses-tu qu'ils resteront au Qatar ou partiront ? que c'est un point d'achoppement entre Saoudiens et Qataris ?

Tant que le Qatar résiste a ses cousins,les dirigeants du Hamas resteront et de toute manière cela n'arrangerait pas les UAE s'ils partent en Turquie

numidia
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par numidia »

merci pour ta réponse

en tout cas comme à chaque fois les Saoudiens s'enlisent, le Qatar va encore tenir et peut être même développer ses liens à l'international, puisque désormais tous les coups sont permis
concernant leurs querelles, qu'ils nous fichent la paix c'est tout que je souhaite
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motu
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par motu »

Quoiqu'il arrive et en depit de la position ambigue des USA le Qatar a le soutient implicite de la plupart des pays occidentaux qui ne veulent pas voir l'organisation de la coupe du monde de football en 2022 remise en cause par un conflit armé ,quand à l'embargo de ses voisins ,il n'empeche pas le pays de poursuivre son bizness largement délocalisé en europe , j'ai vu depuis le debut de l'été des milliers de touristes Qataris debarquer à Paris et investir les palaces de la capitale française et ses grands magasins comme si de rien n'etait .

zeitrecht
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

motu a écrit :
05 août 2017, 16:06
Quoiqu'il arrive et en depit de la position ambigue des USA le Qatar a le soutient implicite de la plupart des pays occidentaux qui ne veulent pas voir l'organisation de la coupe du monde de football en 2022 remise en cause par un conflit armé ,quand à l'embargo de ses voisins ,il n'empeche pas le pays de poursuivre son bizness largement délocalisé en europe , j'ai vu depuis le debut de l'été des milliers de touristes Qataris debarquer à Paris et investir les palaces de la capitale française et ses grands magasins comme si de rien n'etait .
Oh oui,le Qatar a travers son fond souverain QAI a fait des ravages en France,au point ou les politiciens commencent a s'inquiéter.Outre PSG foot et Handball il vient de payer 100 Million d'euros pour le joueur Barcelonnais Neymar.
il est présent au capital de Vinci, Total, Accor, Lagardère, LVMH au total 297 milliards d’euros.plus les Hotels de luxe comme le Martinez a Cannes et le Concorde Lafayette à Paris,la maison de haute couture Valentino etc,etc
En Allemagne des Hotels de Luxe aussi dont le Fameux Adlon a Berlin,il est le 1er investisseur etranger dans Volkeswagen avec 10 MIlliards d'euros et 4 Milliards dans Siemens.En GB 40 Milliards d'euros etc,etc...

Alors quand je vois Al-Sissi le president Egyptien et les autres Pingouins décréter leur Embargo et,même vouloir envahir le Qatar,je me demande s'il ont des conseillers stratégiques.Il est clair que les Occidentaux ne laisseront jamais le Qatar seul face a ces Abrutis. :boulet:
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geronimo
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

Turkey Marches Ahead With Its Military Plans in Qatar
Building Stronger Security Ties
Though Turkey's parliament agreed to the deployment last week, the decision to base Turkish forces in Qatar dates back to a 2014 agreement between the two states. Turkey has already sent a limited number of troops to Qatar; according to several reports, between 100 and 150 troops have been stationed at a Qatari military base since October 2016. But these forces are only the vanguard of what is intended to become a more meaningful and permanent deployment. The Turkish military dispatched a three-person delegation on June 12 to coordinate the arrival of additional forces. The latest available information, however, indicates there are practical issues relating to the facility intended to host the Turkish troops that need to be resolved before they can arrive.

Before the Turkish parliament and President Recep Tayyip Erdogan officially ratified the decision to send troops to Qatar, both countries had already agreed on the command structure of the Turkish base there. From that agreement, it would appear that Turkey is not simply looking for a base to run its own operations from, but is rather seeking a joint structure that will intertwine its activities with those of the Qatari military. While the Turkish forces will have their own facility, it will be under the command of a joint headquarters based in Doha, with a Qatari general at the helm supported by a Turkish general as his second in command.

Initially, Turkey planned to send about 600 troops to Qatar. While this number likely remains true for the next phase of Turkey's deployment, the vote in parliament and several statements by Turkish officials have generated talk of a much larger deployment that may follow, eventually totaling about 3,000 troops. Turkey is also considering sending fighter aircraft and warships to Qatar. Such a deployment would give Turkey a significant presence in Qatar, though it may not necessarily sound like one compared with the 11,000 U.S. forces currently stationed there.

https://worldview.stratfor.com/article/ ... gn=article
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

Les armées qatarienne et turque entreprennent des manoeuvres militaires au Qatar. Il y a des négociations en cours sur l'installation d'une base aérienne turque au Qatar. Qatar ayant accepté d'accorder un port d'attache à la marine turque.
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

Les seuls gagnants dans cette affaire sont la Turquie et l'Iran

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Message par koko150 »

le regime saoudien commence perdre le controle de la situation, ainsi en plus des incusions de plus en plus frequentes des houthis en territoires saoudiens, la rebellion chiite dans l'est prend de plus en plus d'ampleur, la petite ville d'awamiya est devenu incontrolable, et la rebellion se proprage dans plusieurs localites de l'est de l'arabie a majorite chiite, il est a signaler que le gros des reserves de petrole se trouvent dans cette region.

numidia
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par numidia »

le printemps saoudien ... serait-il à leurs portes ?
_____________

oui les zones riches comme premières à se soulever, avec la "coïncidence" religieuse,cf plus de chiites dans cette région avec la "coïncidence" pétrole (en fait pas de coïncidence, on fait monter la sauce plus qu'ailleurs c'est tout), rien d'étonnant, avec une gestion interne pire que tout et un discours anti-chiite ultra violent et voilà comment on s'enfonce dans un problème intérieur conséquent
ce qui est paradoxal c'est qu'ils risquent la partition du pays (cf plan USA) alors que la dynastie régnante a voulu prouver sa capacité à souffler le chaud et froid dans la région, elle pensait se faire obéir au doigt et à l'oeil par les autres au moindre mouvement
avec les milliards dépensés pour des armements ultra-modernes, ils ont oublié que "c'est que" du matos et que sans les hommes et le patriotisme qui va avec, pas grand chose ne tient
ils devraient s'occuper de chez eux
au lieu de ça, puant l'impérialisme et l'arrogance ils sont allés bombarder un pays dans la pauvreté et la misère (mais surtout fier et courageux) pourtant arabe, pourtant musulman, commettant des crimes contre l'humanité qui ne laissent aucun doute sur la nature de cette caste saoudite

les Saoudiens sont vraiment très mauvais diplomates, très mauvais politiciens
ils se sont spécialisés dans le chantage, la duperie, les coups bas, la subversion et le crime chez les autres
des mafiosii
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Message par tayeb »

Qu'ils s'entretuent tous...de toute façon c'est inéluctable.
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

L’Arabie saoudite rouvre sa frontière avec le Qatar
Le roi Salmane a reçu un émissaire de Doha et a décidé de permettre aux pèlerins de se rendre à La Mecque.

En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... dS6ueRq.99
:algerie01: :algerie01: :algerie01:

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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par zeitrecht »

D'aprés un rapport de l'ONU obtenu par Reuters,la coalitiom Arabe menée par l'Arabie Saoudite aurait tuée des centaines d'enfants depuis le debut du conflit en Mars 2015
Plus de 10.000 morts et 47,700 bléssés.

D'aprés l'association Save the children,l'Arabie Saoudite a bloquée un 1ere fois la mise sur liste noire sur liste noire de la coalition Arabe,mais cette fois ci aprés les bombardements qui ont fait 42 morts dont des enfants,l'ONU va certainement Blacklister cette coalition.

Franchement ces Royaumes de pacotille n'ont aucune morale.

The Saudi-led military coalition waging war in Yemen is responsible for the killing of hundreds of children in the war-torn country, a new UN draft report suggests.
The report claims 51 per cent of all child deaths and injuries in Yemen last year were the result of military operations by the coalition, describing the death toll as “unacceptably high”.
“Attacks carried out by air caused over half of all child casualties, with at least 349 killed and 333 injured,” said the report, which was obtained by Reuters.


https://www.alaraby.co.uk/english/news/ ... -un-report

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Message par koko150 »

la difference entre les palais des princes saoudiens, et la vie du petit peuple
https://youtu.be/Z9jsyiScz64
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Re: Crise diplomatique dans le Golfe

Message par geronimo »

C'est la desolation il y a un gouffre entre le haut et le bas dans ce Royaume et qui engendre l'icone de l'islam ,لقد مات عمر
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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Chifboubara
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Message par Chifboubara »

Le plan saoudien de Trump s’effiloche, par Alastair Crooke

Source : Alastair Crooke, Consortium News, 17-11-2017

Le président Trump et son gendre ont parié que le jeune prince héritier saoudien pourrait exécuter un plan pour remodeler le Proche-Orient, mais le stratagème s’est rapidement effiloché, révélant un amateurisme dangereux, écrit l’ancien diplomate britannique Alastair Crooke.

Aaron Miller et Richard Sokolsky, écrivant dans Foreign Policy, suggèrent que « le succès le plus notable de Mohammed ben Salman à l’étranger pourrait bien être la séduction et la conquête du président Donald Trump et de son gendre, Jared Kushner ». En effet, il est possible que ce « succès » soit le seul succès de MBS.


Le 20 mai 2017, le président Trump serre la main du vice prince héritier saoudien et ministre de la Défense Mohammad ben Salman. (Capture d’écran de Whitehouse. gov)

« Il n’ a pas fallu beaucoup de force de conviction », écrivent Miller et Sokolski : « Avant tout, la nouvelle bromance [une amitié forte entre deux hommes, avec un niveau émotionnel élevé et des démonstrations d’intimité fortes, sans composante sexuelle, NdT] reflétait une convergence opportune d’impératifs stratégiques. »

Trump, comme toujours, était désireux de prendre ses distances par rapport au président Obama et à toutes ses œuvres ; les Saoudiens, quant à eux, étaient déterminés à exploiter l’antipathie viscérale de Trump pour l’Iran – afin d’inverser la chaîne des récentes défaites subies par le royaume.

La récompense (que MBS semblait promettre) de faire d’une pierre deux coup (frapper l’Iran ; « normaliser » Israël dans le monde arabe, et obtenir un accord palestinien) était si irrésistible, que le président américain en a limité les détails au seul réseau familial. Il faisait ainsi délibérément un affront aux institutions de politique étrangère et de défense américaines en laissant les circuits officiels dans l’ignorance, et réduits aux conjectures. Trump a misé gros sur MBS, et sur Jared Kushner en tant qu’intermédiaire. Mais le grand projet de MBS s’est effondré à son premier obstacle : la tentative de fomenter une provocation contre le Hezbollah au Liban, à laquelle ce dernier réagirait excessivement et donnerait à Israël et à « l’Alliance sunnite » le prétexte attendu pour utiliser la force contre le Hezbollah et l’Iran.

La première étape a tout simplement sombré dans le feuilleton avec l’étrange détournement du Premier Ministre libanais Saad Hariri par MBS, qui n’a servi qu’à unir les Libanais, plutôt que de les diviser en factions belligérantes, comme on l’espérait.

Mais la débâcle au Liban est beaucoup plus importante qu’un feuilleton mal ficelé. Le fait vraiment important mis au jour par la récente mésaventure de MBS est que non seulement le « chien n’a pas aboyé la nuit » – mais que les Israéliens n’ont pas du tout l’intention « d’aboyer » : ce qui veut dire, d’assumer le rôle (comme l’a dit le correspondant israélien chevronné Ben Caspit), d’être « le bâton, avec lequel les dirigeants sunnites menacent leurs ennemis mortels, les chiites… en ce moment, personne en Israël, et encore moins le Premier ministre Benjamin Netanyahou, n’est pressé d’allumer le front du nord. Ce faisant, cela signifierait être aspiré par les portes de l’enfer » (soulignement ajouté).

La défaite syrienne

Soyons clairs, la soi-disant alliance sunnite (principalement l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, l’Égypte se retirant déjà) vient d’être défaite en Syrie. Elle n’a aucune capacité de « faire reculer » l’Iran, le Hezbollah ou l’UMP [Unité de Mobilisation Populaire, Ndt] irakienne (une milice chiite) – sauf en utilisant le « bâton » israélien. Israël peut avoir les mêmes intérêts stratégiques que l’Alliance sunnite, mais comme le note Caspit, « les Saoudiens sont intéressés à ce qu’Israël fasse le sale boulot pour eux. Mais il s’avère que tout le monde en Israël n’est pas aussi motivé. »


Le conseiller principal de la Maison-Blanche Jared Kushner et son épouse, l’adjointe du président Ivanka Trump, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson et le chef de cabinet de la Maison-Blanche Reince Priebus arrivent au palais de Murabba en tant qu’invités du roi saoudien Salman, le 20 mai 2017, à Riyad, en Arabie saoudite. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Shealah Craighead)

Caspit qualifie un éventuel affrontement entre l’Alliance sunnite et le front dirigé par l’Iran de « véritable guerre d’Armageddon ». Ces mots résument les réserves israéliennes.

Ce refus « d’aboyer » (dans le fameux récit de Sherlock Holmes, de Conan Doyle) mène en quelque sorte les blocs à fuir le « grand plan » de Kushner parce que si Israël se retire, de quoi reste-t-il à parler ? Justement Israël était aussi le « bâton » du plan de Trump. Pas de bâton : pas de chance de faire reculer l’Iran pour l’alliance sunnite ; pas d’avancée dans la normalisation des relations entre les saoudiens et Israël ; pas d’initiative israélo-palestinienne. La maladresse de MBS (« imprudence », comme l’a appelée un responsable américain) a coupé l’herbe sous le pied de la politique américaine au Moyen-Orient.

Pourquoi Trump a-t-il misé si gros sur l’inexpérimenté Kushner et l’impulsif MBS ? Eh bien, bien sûr, si un tel « grand plan » avait bien fonctionné, cela aurait été un tour de force majeur en matière de politique étrangère – et cela par dessus la tête des professionnels de la politique étrangère et de défense qui en avaient été exclus. Trump se serait alors senti plus libre de s’élever au-dessus des tentacules de l’establishment : d’atteindre une certaine indépendance rehaussée et se libérer de ses « nounous ». Il aurait réussi son coup par la voie familiale, plutôt que d’être conseillé par la voie officielle.

Mais, si cela sombre dans la farce, et que MBS en vient à être considéré aux États-Unis comme un excentrique, plutôt qu’un Machiavel, le « système » (offensé) prendra sa revanche : les jugements présidentiels seront dévalorisés – et auront encore plus en plus besoin d’être justifiés et « surveillés ».

MBS (et Kushner) ont donc peut-être nui au Président Trump de manière beaucoup plus large : le pari perdu sur un MBS inexpérimenté peut déborder dans d’autres sphères – comme, par conséquent, les alliés des américains qui remettent ouvertement en question la justesse des jugements de Trump en Corée du Nord. Bref, la crédibilité du président américain supportera les conséquences de s’être laissé manipuler par MBS.

Vœux pieux

Il y a, pour être juste, une grande part d’inconséquence (et même d’obséquiosité) dans le traitement occidental de l’Arabie saoudite (le président Trump n’est pas le seul à être subjugué par ce qui est saoudien) : la notion même d’Arabie saoudite se métamorphosant en une puissance régionale musclée, « moderne » qui peut faire baisser les yeux à l’Iran, semblerait en soi un tantinet irréaliste, pourtant cela est largement accepté par les commentateurs américains. Oui, le royaume n’a guère d’autre alternative que de se transformer à mesure que ses dividendes pétroliers approchent de leur terme, et cela pourrait bien, en théorie, forcer le royaume à prendre un nouveau cap.


Le ministre de la défense saoudien, le prince héritier Mohammed ben Salman el Saoud

Mais définir exactement la manière dont le royaume peut se réinventer, sans se déchirer, est probablement beaucoup plus complexe que de préconiser une conversion superficielle à la « modernité occidentale » ou de lutter contre la « corruption ». Ce sont des diversions : la famille est l’État, et l’État (et sa richesse pétrolière) appartient à la famille. Il n’y a pas de démarcation, ni de frontière délimitée, entre l’État et la famille. Les membres de cette dernière jouissent des privilèges et des avantages de la naissance (en fonction de la proximité ou de la distance par rapport au trône). Et les avantages accessoires accordés ou acquis, ne reflètent que les besoins de puissance du monarque qui servent à asseoir son absolutisme. Il n’y a pas de “fichu mérite” ou d’équité dans ce système, et cela n’a jamais été voulu.

Que peut donc signifier le terme « corruption » dans un tel système ? L’ Arabie saoudite ne feint même pas d’avoir des règles du jeu équitables. La loi (et les règles) sont simplement ce que le roi dit, ou signe, tous les jours.

Ce que « corruption » signifiait auparavant, lorsque l’Europe « jouissait » d’un système absolutiste similaire, était assez clair : vous aviez contrarié le roi, c’est tout ce que « corruption » impliquait. Ainsi, si le monde extérieur pense que la MBS fait évoluer l’Arabie saoudite vers une modernité occidentale, cela signifie soit que MBS planifie d’écarter « la famille » (les 15.000 princes de sang royal), soit qu’il s’oriente vers un système monarchique constitutionnel et une société fondée sur des règles et constituée de citoyens, plutôt que sur des sujets.

Rien dans les actions de MBS ne laisse supposer qu’il va dans cette direction. Ses actions suggèrent plutôt qu’il veut récupérer et restaurer l’aspect absolutiste de la monarchie. Et la modernité qu’il recherche est du type que vous achetez, virtuellement prête à l’emploi, fournie dans sa boîte et prête à être assemblée. Bref, le projet est d’acheter une base industrielle « clés en main », prête à l’emploi, pour compenser l’épuisement des revenus pétroliers.

Le plan Vision 2030 [plan de développement mis en place par le gouvernement saoudien en 2016 qui vise à faire sortir le pays de sa rente pétrolière historique en diversifiant son économie et en ayant recours à diverses privatisations, NdT] nous dit que cette « base industrielle » de haute technologie bien emballée est censée rapporter mille milliards de dollars de profits par année, si tout se passe bien… à terme. En d’autres termes, il s’agit d’une source de revenus de remplacement : précisément pour subvenir aux besoins de « la famille » – et non pour l’évincer. Il n’est donc pas « réformiste » dans le sens occidental de la modernité qui est « l’égalité devant la loi » et la protection des droits.

Des espoirs irréalistes

Eh bien, ce type d’industrialisation artificielle à grande vitesse n’est pas si facile à greffer dans la société (si vous n’êtes pas Joseph Staline). Elle est coûteuse et, comme l’histoire nous le dit aussi, socialement et culturellement perturbatrice. Il en coûtera beaucoup plus cher que les 800 milliards de dollars que MBS espère « récupérer » auprès de ses détenus (par la contrainte physique – environ 17 personnes ont déjà été hospitalisées à la suite de leur traitement en détention).


Le président Donald Trump et la première Dame Melania Trump se joignent au roi saoudien Salmane et au président égyptien Abdel Fattah Al Sisi, le 21 mai 2017, pour participer à l’inauguration du Centre mondial de lutte contre l’idéologie extrémiste. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Shealah Craighead)

Mais, si ce n’est pas pour occidentaliser l’économie, pourquoi donc tant de membres importants de la famille doivent-ils être « écartés » ? Cette partie du « grand plan » est peut-être liée à la raison pour laquelle MBS souhaitait tant courtiser et conquérir le président Trump (comme Miller et Solkosky l’ont formulé). MBS est franc à ce sujet : il a dit au Président Trump qu’il voulait restaurer la grandeur passée du royaume, être à nouveau le chef du monde sunnite et le gardien de l’islam. Pour ce faire, l’Iran arriviste et le renouveau chiite doivent être ramenés par la force à se soumettre au leadership saoudien.

La difficulté, c’est que certains membres de la famille se seraient opposés à un tel aventurisme contre l’Iran. MBS semble poursuivre une idée similaire à celle adoptée par les néoconservateurs : l’argument kristolien selon lequel on ne peut pas faire (ou restaurer) une omelette « d’hégémonie bienveillante » sans casser quelques œufs. Et comme Miller et Sokolsky l’ont noté, Trump « n’a pas eu besoin d’être très convaincant » – la vision de MBS a recoupé précisément ses propres impératifs (et son animosité envers l’Iran). Trump a dûment twitté son appui à la répression de la « corruption » en Arabie saoudite.

Et voici enfin la troisième étape du « grand plan » : Israël serait « le bâton » de l’alliance Arabie saoudite-Émirats Arabes Unis-États-Unis contre l’Iran (le Hezbollah devait être son prétexte à une action). L’Arabie saoudite, en retour, évoluerait vers la reconnaissance de l’État juif, et Israël donnerait aux Palestiniens « quelque chose » : une « chose » qu’on pourrait appeler un État, même s’il serait beaucoup moins qu’un État. Les États-Unis et l’Arabie saoudite se coordonneraient pour faire pression sur les Palestiniens afin qu’ils acceptent les propositions américaines d’un « accord ».

Pourquoi cela s’est-il si mal passé ? Des attentes exagérées sur ce que chaque partie autre pouvait réellement effectuer. Croire la rhétorique de l’autre. L’histoire d’amour de l’Amérique avec la famille royale saoudienne. Les liens de la famille Kushner avec Netanyahou. Des vœux pieux de la part de Kushner et de Trump sur le fait que MBS pourrait être l’instrument de restauration, non seulement de l’Arabie saoudite comme « flic » de l’Amérique, dans le monde islamique, mais aussi du leadership de l’Amérique au Moyen-Orient.

Peut-être que Jared Kushner croyait que Bibi Netanyahou, quand il suggérait que la « normalisation » des relations entre l’Arabie saoudite et Israël verrait sa réciprocité avec des concessions faites aux Palestiniens (alors qu’en fait, le cabinet de la sécurité d’Israël était déjà contre ces concessions – encore moins d’avoir un État – qui étaient discutées à ce sujet) ?

Peut-être que Jared croyait MBS quand celui-ci suggérait qu’il pourrait mobiliser le monde sunnite contre l’Iran, si l’Amérique et Israël le soutenait (quand l’Égypte elle même s’opposait à la déstabilisation du Liban) ?

Peut-être que MBS croyait que Trump parlait au nom de l’Amérique quand il lui offrait son soutien (quand en fait, il parlait seulement au nom de la Maison Blanche) ?

Peut-être que MBS pensait que Trump rallierait l’Europe contre le Hezbollah au Liban (alors qu’en fait, les Européens avaient mis en priorité la stabilité au Liban) ?

Et peut-être que MBS et Kushner pensaient que Netanyahou parlait au nom d’Israël quand il promettait d’être un partenaire sur le front contre le Hezbollah et l’Iran ? Était-ce le « grand plan » qui a été établi entre Netanyahou et Trump la veille du jour où ce dernier a lancé son attaque virulente contre l’Iran devant les Nations Unies en septembre ? Alors qu’en fait, alors que n’importe quel premier ministre israélien peut se mettre en guerre contre les Palestiniens relativement librement, il n’en va pas de même lorsque l’État d’Israël lui-même est en jeu. Aucun premier ministre israélien ne peut s’engager dans un conflit possiblement existentiel (pour Israël), sans avoir un large soutien de la part de l’establishment politique et sécuritaire israélien. Et l’establishment d’Israël n’envisagera la guerre que si elle est clairement dans l’intérêt israélien, et pas seulement pour plaire à MBS ou à M. Trump.

Ben Caspit (et d’autres commentateurs israéliens) confirment que l’establishment israélien ne voit pas la guerre avec le Hezbollah et le risque d’un conflit plus large comme étant dans l’intérêt israélien.

Les retombées de cet épisode sont extrêmement importantes. Il a révélé qu’Israël est actuellement dissuadé d’envisager une guerre dans la région (comme l’explique Caspit). Elle a elle aussi souligné la vacuité des ambitions de la MBS d’établir une « alliance sunnite » contre l’Iran, et elle a sapé la politique de confinement de l’Iran du président Trump. Pour l’instant, du moins, nous pouvons espérer que l’Iran et la Russie consolident l’État syrien et stabilisent le tiers nord. La « guerre d’Armageddon » de Caspit peut encore arriver – mais pas pour l’instant, peut-être.

Alastair Crooke est un ancien diplomate britannique haut placé dans les services secrets britanniques et dans la diplomatie de l’Union européenne. Il est le fondateur et directeur du Conflicts Forum.

Source : Alastair Crooke, Consortium News, 17-11-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
Source : https://www.les-crises.fr/le-plan-saoud ... ir-crooke/
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