Expédition Coloniale Française en Tunisie 1881

De l'époque numide aux temps modernes.

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Le Kairouanais
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Expédition Coloniale Française en Tunisie 1881

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L'expédition coloniale de la Tunisie par la France a lieu en 1881, lorsque les troupes françaises pénètrent le territoire de la régence de Tunis, alors sous domination de l'Empire ottoman et source de nombreuses intrigues entre puissances européennes.
Le protectorat, instauré à la fin des combats et de la répression des révoltes, s'achève en 1956 avec l'indépendance de la Tunisie.

Début janvier 1881, Jules Ferry, alors président du Conseil hésite encore. Lorsque son ministre des Affaires étrangères le presse d'intervenir en Tunisie, il lui rétorque : « Une expédition à Tunis dans une année d'élections, mon cher Saint-Hilaire, vous n'y pensez pas ! ». Les partisans de l'intervention comprennent qu'il faut persuader Léon Gambetta, alors président de la Chambre des députés. C'est chose faite le 23 mars lorsque le baron de Courcel lui explique longuement les avantages d'une telle conquête. Gambetta convaincu, les hésitations de Ferry disparaissent.

Il ne reste plus qu'à attendre l'occasion favorable.

Vers la fin février, à la suite d'un différend entre deux tribus, les Ouled Nahd algériens attaquent le campement des Kroumirs tunisiens. Cinq Algériens et trois Tunisiens sont tués.

Pour éviter l'escalade, le caïd tunisien de Béja et les autorités coloniales française en Algérie tentent de négocier une résolution du conflit par le paiement d'indemnités comme cela s'est toujours fait dans des cas similaires. La négociation échoue et, pour venger leurs morts, les 30 et 31 mars, 400 à 500 membres de la tribu nomade des Kroumirs attaquent à deux reprises la tribu des Ouled Nahed en territoire algérien, puis se voient repoussés par les troupes françaises ; les combats font six morts parmi les soldats français.


C'en est trop pour le gouvernement français qui ne peut supporter une telle insécurité à sa frontière.

Le 7 avril, Jules Ferry obtient du Parlement, par 474 voix sur 476 votants, un crédit de 5,7 millions de francs pour rétablir l'ordre à la frontière algéro-tunisienne. Un corps expéditionnaire de 24 000 hommes placé sous le commandement du général Léonard-Léopold Forgemol de Bostquénard est alors réuni à la frontière pour "punir" les tribus kroumirs. Il est décidé d'attaquer la Kroumirie de trois côtés à la fois, par le Nord, l'Ouest et le Sud.

Le 25 avril, le fort de l'île de Tabarka est bombardé et presque détruit par la frégate cuirassée La Surveillante.

Le lendemain, le débarquement a lieu : le deuxième fort de Tabarka – Bordj Jedid – est aussi pris. Tous les gourbis sont incendiés.

Le 27 avril, le débarquement des navires et des munitions est achevé.


Le 2 mai, le général Jules Aimé Bréart arrive de Toulon à Bizerte et prend le commandement des troupes françaises. Le 8 mai, il quitte Bizerte pour Tunis à la tête d'une colonne de 6 000 hommes. Il passe par Gournata, Zhana, Sidi Thabet et arrive à Djedeida le 11 mai. Le 12 mai, il campe à La Manouba, non loin du palais du Bardo.

Il a en sa possession le texte d'un traité établissant un protectorat. Le 12 mai, Bréart et le consul général Théodore Roustan, accompagnés par un escadron armé, présentent au bey de Tunis, résidant au palais de Ksar Saïd, les clauses du traité. Surpris, Sadok Bey demande réflexion et rassemble immédiatement son cabinet : le grand vizir Mustapha Ben Ismaïl, le ministre-conseiller Mohammed Khaznadar, le ministre de la Guerre Ahmed Zarrouk, le conseiller au ministère des Affaires étrangères Mohamed Baccouche, le président de la municipalité de Tunis Mohamed Larbi Zarrouk et le ministre de la Plume Mohammed Aziz Bouattour. Seul Mohamed Larbi Zarrouk tente de dissuader le bey mais l'armée beylicale est affaiblie et le frère du bey, Taïeb, est prêt à signer pour prendre sa place. À 19 heures, le traité du Bardo est signé par Sadok Bey, Ben Ismaïl, Bréart et Roustan. La France est appelée à contrôler la sécurité et la politique étrangère du pays « jusqu'à ce que les autorités militaires française et tunisienne auront reconnu, d'un commun accord, que l'administration locale est en état de garantir le maintien de l'ordre ».

Les premiers mois se passent dans l'espoir que l'Empire ottoman lance la reconquête de la régence de Tunis. Mais très vite, il faut se rendre à l'évidence : malgré les discours enflammés, Constantinople s'est résigné à la perte de sa province.

Les victimes tunisiennes n'ont jamais été recensées. À la lecture des rapports militaires, on peut les estimer à plusieurs milliers.
Le nombre de victimes françaises n'apparaît pas dans les rapports militaires. Paul d'Estournelles de Constant donne le chiffre de 782 morts.


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French_troops_occupying_Fort_Sidi_Bil_Hassan,_commanding_Tunis_in_1881.jpg
Lutte_pour_la_décolonisation_Béja_1881.jpg
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.

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