Eurocoptère EC-665 TIGRE

Venez parler des différents matériels militaires
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geronimo
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Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Le tigre
Sans plus tarder, voici un TRÈS LONG article sur le Tigre.

TIGRE HAP
Les premières questions portaient sur la machine elle-même et son système d’arme. Il ne s’agit en aucun cas de révélations fascinantes, mais j’ai tenu à retranscrire l’intégralité des échanges, histoire d’avoir un récapitulatif aussi complet que possible de l’utilisation qui est faite aujourd’hui et en opération de de hélicoptères de combat.
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geronimo
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Re: Helicopteres militaires

Message par geronimo »

Désignation d’objectifs:
L’équipage du Tigre HAP/HAD obtient ses informations de détection et de désignation de cible depuis plusieurs capteurs situés dans un unique outil: le viseur de toit STRIX. D’autres capteurs servent à l’autodéfense, mais c’est tout. Pas de FLIR sous le nez, pas de radar non plus, à l’évidence.
La question qui m’intéressait n’était pas tant celle de l’obtention des informations que celle de la présentation de ces dernières auprès de l’équipage et de leur traitement par ce dernier (notons d’ailleurs que les postes de pilote et d’artilleur sont interchangeable entre place avant et place arrière, les visualisations sont donc les mêmes).
-Pour résumer, l’équipage du Tigre dispose de 3 modes principaux de visée de cible, trois affichages: le HUD, le HMD et les écrans tactiques de l’habitacle, chacun ayant ses avantages et ses inconvénients.
Le HMD est le plus réactif d’emploi pour un tir canon: on pointe le viseur sur la cible (le canon est déjà pointé dans la bonne direction), on tire, c’est tout. Il est collimaté à 800m, et donc au delà il faut anticiper la balistique et pointer légèrement au dessus de la cible visée, mais rien de plus compliqué. Nous y reviendrons.

Les écrans tactiques permettent de visualiser les cibles repérées, désignées ou suivies par les optiques (IR, TV, laser...) du viseur de toit, avec un fort grossissement. C’est l’idéal si on veut viser, de loin, une zone bien spécifique (une entrée ou une aile bien précise d’un bâtiment plutôt que tout le bâtiment lui même, ou un véhicule précis au sein d’une colonne par exemple). C’est moins réactif, mais plus précis, ce n’est clairement pas pour le même usage: là on prend le temps de pointer de loin, c’est du boulot de sniper, sauf qu’on tire à coups de 30mm, de roquettes (68mm pour l’instant, mais on ne devrait pas tarder à tout passer en 70mm OTAN a priori, même si la question se pose en terme de capacité d’emport totale) et de missiles (Mistral ou Hellfire bientôt).

Le HUD offre une solution intermédiaire, puisqu’il n’offre qu’une solution de tir dans l’axe et ne permet pas d’avoir autant de détails que sur les écrans, mais affiche quand même suffisamment de données pour tirer de la roquette très rapidement, contrairement au HMD ou aux écrans.
Au final le choix se fait facilement en fonction du besoin tactique: on ne fait pas exactement le même job quand on fait du CAS très rapproché que quand on tire à 3000m des cibles qui ne sont pas en contact avec nos propres unités au sol.

Armements:
-Le canon avec sa visée de casque est extrêmement précis et extrêmement réactif. C’est leur arme à tout faire, celle du CAS, de l’attaque en meute, du combat anti-aérien... C’est simple, quelle que soit la cible qui était évoquée dans la conversation et le moyen adéquate de la traiter (Mistral, roquettes, Hellfire), la discussion se terminait par «sinon y’a le canon de toute manière!». Anti-personnel, anti-véhicule, c’était l’arme idéale dans les trois derniers conflits. A une distance d’un kilomètre, l’équipage peut placer une première salve complète dans une fenêtre bien précise d’un bâtiment ciblé.
La puissance d’impact des obus perforants est telle qu’elle a permis de mettre hors de combat des chars de combat en Libye (avec destructions des chaînes mais surtout des optiques de visée et des systèmes de communication) lorsque les Gazelle HOT/Viviane ne pouvaient pas intervenir.

-En dessous de 2500-3000m, les roquettes sont très précises, parfois même trop précises. Il n’est pas rare que 4 roquettes tapes coup sur coup exactement au même endroit à près de 2000m alors qu’on aurait aimé ratisser un peu plus large. A noter que la zone d’impact reste bien plus large qu’avec un obus de 30mm, et que l’usage n’est pas le même.
Au delà de 3000m de portée, les tirs de précision reposent plutôt sur la Gazelle HOT actuellement, et plus tard sur les Hellfire des Tigre, même s’il est possible de tirer des roquettes à 4000m, pour autant qu’on accepte une précision moindre.

Dans tous les cas, on est sur des systèmes bien plus précis que ce qui se faisait sur la génération précédente, en ne parlant que des armes elles-même. Le système de combat intégré apporte également une souplesse et une réactivité inédite jusque là sur un hélicoptère européen, notamment grâce au suivi automatique de cible du viseur STRIX qui semble particulièrement efficace. Il permet notamment d’alléger considérablement la charge opérationnelle de l’équipage, ce qui permettra à ce dernier d’opérer dans des environnements plus complexes, plus rapidement et avec plus d’efficacité.

L’ALAT utilise principalement 2 types de roquettes: les roquettes fumigènes, et les roquettes à fléchettes. Ces roquettes sont réglées de base pour exploser au dessus du sol à une certaine distance qui peut être reparamétrée par l’équipage avant le tir (le calcul se fait en millisecondes avant l’impact plutôt qu’en distance). J’ai trouvé ça surprenant que ça puisse se faire aussi simplement, mais c’est plutôt une bonne nouvelle. Ces roquettes là sont à usage anti-personnel et anti-véhicules non-blindés principalement, et le fait de les faire exploser plus ou moins proche du sol permet de concentrer le tir ou au contraire de cibler plus large.


-Les Tigre en opération emportent souvent des fumigènes également. Cela peut permettre soit de marquer une cible au sol pour une frappe aérienne lourde, soit pour vérifier qu’il s’agit bien de la cible (ou d’un point reconnaissable) décrite par les troupes au sol avant d’effectuer la frappe.
Seul soucis à l’heure actuelle: les roquettes dans un panier sont tirées dans l’ordre. C’est donc à l’équipage de déterminer, en fonction de sa mission, de combien de roquettes fumigènes il aura besoin, et comment les placer dans le panier. Par exemple, si les 4 premières roquettes sont des fumigènes mais que le Tigre tombe directement sur une cible à traiter d’urgence à la roquette, il faudra qu’il sélectionne une salve de 8 roquettes, les 4 premières seront tirées pour rien sur la cible, seules les 4 dernières auront un véritable effet militaire.
Par contre, j’ai oublié de demandé s’il était possible de choisir le panier qui va tirer, et si donc il était possible dans une configuration 4 paniers d’avoir un panier pour les fumigènes et 3 pour les fléchettes. Si quelqu’un a une idée, je serais ravis d’avoir plus d’infos sur ce point précis.


-La version HAD et les nouveaux missiles sont très attendus, autant pour leur capacité anti-bâtiments que leur capacité anti-char finalement.
Cela dit, même après l’arrivée du HAD, la Gazelle continuera d’être utilisée avec ses missiles HOT.
L’emploi des deux hélico est très complémentaire, la Gazelle restant plus rustique et bien moins cher à faire voler (10 fois moins cher à l’heure de vol en OPEX).
Même après l’arrivée des HAD, il ne sera pas rare de voir des Gazelle Hot en compagnie de Tigre (HAD ou HAP) dotés de roquettes uniquement.
Eurocopter présentait sur son stand une maquette de Tigre avec des Hellfire en point externe. Il m’a été confirmé que ce n’était pas du tout prévu par les opérateurs, et que ça n’avait pas été demandé à l’industriel.
En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un problème mais d’un choix cohérent: le Tigre est fin, discret et maniable et n’est pas le plus à son aise dans les configurations lourdes. Je n’ai plus en tête les chiffres qui m’ont été donnés, mais l’utilisation de 4 lanceurs quadruples de Hellfire n’aurait pas grand intérêt puisque cela ponctionnerait de trop sur l’emport en carburant.
On en revient au soucis habituel: ça ne sert à rien de pouvoir détruire 16 blindés à portée de son artillerie quand on peut en détruire 8 loin derrière la ligne de front.


-Des réservoirs externes ont déjà été utilisés en opération, souvent en configuration asymétrique avec un réservoir d’un côté et un panier à roquettes de l’autre (rien en externe), même s’il est théoriquement possible d’emporter 2 réservoirs et 2 paniers légers en points externes.
Les réservoirs de voilure sont de 350 litres (1400 litres en interne si mes souvenirs sont bons), et l’autonomie avec 2 réservoirs externes passerait de 2h30 avec réserve de carburant à plus de 4h de vol. Même si le choix doit souvent se faire entre emport de carburant et emport en armement (plein obus, armements sous voilures etc.) pour respecter la masse maximale au décollage.
La version HAD avec ses nouvelles turbines devrait apporter une demi tonne d’emport supplémentaire, et il sera possible de décoller en configuration lourde armement avec le plein carburant sans se poser trop de questions.


-Des roquettes à guidage laser seraient «sur le point d’arriver» d’après le pilote, qui avait l’air confiant du fait que les RETEX des dernières OPEX montrent le besoin pour une telle arme. Je ne sais pas quelles sont ses sources, ni ou en est ce projet en France pour être tout à fait honnête. Je ne savais même pas qu’on devait passer en 70 mm.
L’intérêt de la roquettes guidée laser (qui garde le terme de «roquette» puisqu’il s’agit plus de maintenir et corriger légèrement la trajectoire que de véritable capacité d’évolution type “missile“) se verrait surtout en anti-véhicule ou en anti-bâtiments, pour ne pas gaspiller un missile bien plus coûteux, sans pour autant risquer de se retrouver à court de munitions.
Parce que ça, apparemment, ça a été un vrai problème dans plusieurs missions de longue durée et/ou de haute intensité.


-Et c’est là qu’on en arrive à la partie fun: à court de munitions et/ou devant le besoin impérieux d’intervenir rapidement à longue distance, des Tigre au dessus de la Libye ont détruit des véhicules et des infrastructures au sol à coups de ... Mistral.
Cela n’est pas un scoop, on en avait entendu parlé, mais c’est la première fois que j’en avais le compte rendu détaillé.
Tout l’intérêt d’une telle solution bricolée est de pouvoir détruire une cible précise, parfois à moyenne portée, dans un environnement très contraint notamment en termes de dommages collatéraux ou de défense anti-aérienne. Je n’ai pas eu de détails précis sur la nature des cibles, mais j’ai cru comprendre de la discussion qu’il avait été question à au moins une occasion de faire taire une arme de DCA adverse.
La procédure normale aurait recommandée de faire appel à des Gazelle HOT, mais il s’agissait là de tir d’opportunité ou de «time sensitive target».
Alors, ça nécessite «d’arriver à chopper la bonne cible sur l’autodirecteur» répercutée sur les écrans tactiques, ce qui est franchement illusoire dans certains contextes tactiques, mais apparemment c’est tout à fait possible dans bien des cas.

Et ce n’est pas tout. A court de munitions ou de roquettes de désignation, on a également vu des équipages de Tigre larguer... des grenades à main. Fumigènes, ou explosives. J’en avait entendu parlé par des fantassins, sous forme de rumeur, mais là c’est la première fois qu’on me le confirmait. J’ai également eu plusieurs sous-entendus moyennement discrets de la part d’autres personnels Tigre comme quoi certains équipages avaient aussi utilisé du FAMAS pour tirer au sol (on m’a même montré où et comment il était placé dans l’habitacle pendant le vol).
Une “originalité“ qui aurait été héritée des équipages de Gazelle semble-t-il. Ça ne me surprend pas.
On a même eu droit à un petit commentaire d’un pilote de Rafale : «Non mais les pilotes de Tigre, de toute manière, ce sont des tarés ! Ils sont complètement fous ces types !» en parlant de ce genre de facéties. Logique, quand on connait la différence de problématique opérationnelle entre ces deux armes.


-Autrement, le Mistral reste une arme de DA très efficace pour le Tigre, soit en défense anti-hélico, soit en anti-drones, mais aussi en anti-aérien.
En défense de site ou de convoie, le Tigre est apparemment très efficace. En quasi stationnaire au dessus de l’objectif à protéger, il reste très difficile à spotter pour un chasseur, même moderne (on reviendra plus loin sur la furtivité du Tigre), dans un environnement électronique complexe, ce qui peut obliger l’assaillant à tenter une approche en radada à vitesse assez réduite, ce qui le fera entrer dans le champs d’action d’un tir de Mistral ou même de canon.
Le Tigre est extrêmement manoeuvrable pour un hélicoptère, malgré l’absence de CVDE. Il réagit très rapidement au doigt et à l’oeil (littéralement dans le cas de cet appareil), et effectue de vraie manoeuvres de combat aérien. Apparemment la différence est très nette par rapport aux autres hélicoptères de combat de nos forces armées (Gazelle ou famille Ecureuil). L’absence de CDVE ne semble aucunement un problème en terme de qualités de vol. J’ai pu en discuter tant avec les pilotes de Tigre qu’avec les “béta-testeurs“ du NH-90: l’intérêt se fait surtout en terme de masse à vide, mais pas en terme de manoeuvrabilité ou de maniabilité (ce qui n’est pas la même chose).
Ceux qui étaient au Bourget ont vu quelques démonstrations de manoeuvres, sachant que j’ai eu trois confirmations différentes que "les trucs funs, on a pas le droit de les faire". Tonneaux, boucles, le Tigre peut faire ce genre de choses sans broncher mais ce n’est pas dans le domaine de vol autorisé par le constructeur, et donc par l’utilisateur. "On ne peut pas faire d’erreur de pilotage. Si on en fait, l’appareil les corrige automatiquement et se remet dans une position stable".
Ceci étant dit, le fait que ce ne soit pas autorisé ne veut certainement pas dire que ce n’est pas pratiqué m’aura-t-on glissé entre deux clins d’oeil.


-En combat anti-hélicoptère, la seule vraie menace réaliste c’est le Mi-24/35, et peut-être un jour le Ka-50/52, des menaces que le Tigre surclasse de très loin, que ce soit en combat canon ou en combat missile.
Tout le but d’une manoeuvre de dog-fight entre hélicoptères est en fait de coller au cul de l’adversaire. La position idéale est entre 150 et 300m: suffisamment pour pouvoir anticiper ses manoeuvres et ne pas rentrer en collision avec lui ou ses débris quand on l’a touché, et pas assez loin pour lui permettre de se retourner sans qu’on ne puisse rien faire.
Mais le canon du Tigre a le meilleur débattement et la meilleur réactivité du marché actuel et futur pour ce type de combat, sans même parler des Mistral.
Ces derniers vont acquérir leur cible automatiquement une fois leurs caches dépliés, mais ne vont pas scanner en permanence devant l’hélicoptère: ce dernier doit être prévenu de la présence potentielle d’un hostile par un autre moyen (interne ou externe) pour entamer une recherche de cible. Quand la cible est trouvée, un signal sonore prévient le pilote qui peut soit tirer immédiatement, soit vérifier sur ses écrans s’il s’agit de la bonne cible.

Au delà des cibles «réalistes», les pilotes ont été interrogés sur les capacités de leur hélicoptère face à d’autres cibles occidentales. La réponse est sans appel: c’est le meilleurs dog-fighter de sa catégorie, loin devant l’Apache, le Mangusta ou le Cobra, sans même parler des derniers Hind et Kamov russes. Non seulement c’est l’un des plus manoeuvrant, mais il est l’un des très rares hélicoptères du marché à avoir un canon de 30mm conçu pour le combat aérien tournoyant, avec un fort débattement dans toutes les directions.
Reste qu’un Super Cobra dans sa dernière mouture ou un AH-64E équipés de Sidewinder ou de Stinger ne feraient rigoler personne, mais c’est pas demain la veille qu’on aura un adversaire comme ça en face d’un Tigre. Mais même là, s’il leur a «chopé l’arrière-train», il est extrêmement difficile de faire lâcher prise à un Tigre.
Discrétion et guerre électronique:
-Comme pour le Rafale, tout l’équipement de guerre électronique est intégré dans la cellule de l’appareil.
Ce dernier dispose de brouilleurs et lance-leurres internes (les lance-leurres sont visibles sous l’appareil, à l’arrière du fuselage), de détecteurs de menaces diverses (radar, laser, départ missile...)
Les DDM sont reliés directement au SNA de l’appareil et peuvent déclencher automatiquement le lancement des leurres (dont le panachage dépend de la nature de la mission). Un signal est envoyé automatiquement au pilote dans le même intervalle (qui dépasse rarement la seconde dans la chaîne détection/réaction) pour qu’il entame immédiatement des manoeuvres d’évitement.

Plusieurs appareils ont été la cible du feu ennemi sur les trois théâtres où ils sont intervenu, principalement par des RPG, mais fort probablement aussi par des MANPAD (leur présence sur place est avérée, le fait qu’ils aient été tirés probable, mais rien ne dit qu’ils étaient réellement menaçant, i.e. utilisés convenablement et avec des chances de succès).
Dans tous les cas, le système d’autoprotection de l’appareil a toujours bien réagit pour les pilotes à qui j’ai pu parler (qui ont été la cible de 3 à 6 tirs sur leurs différents théâtres)


-Deux des personnels interrogés n’hésitent plus à parler du Tigre comme d’un hélicoptère "furtif". Il ne l’est pas dans le même sens qu’un F-22 ou feu le RAH-66, mais il reste redoutablement discret, dans la même veine que le Rafale (dans le sens ou, pour un hélicoptère, la discrétion visuelle reste plus importante que la discrétion radar, nous y reviendrons).
Ses formes comme sa peinture ont été optimisées pour réduire autant que possible sa SER. A bien des égards, il est "furtif" dans le sens naval du terme, comme nos FLF ou nos FREMM: il ne sera pas forcément invisible pour un radar adverse, mais il pourra passer pour autre chose sur l’écran de l’opérateur radar. Un vol de perdrix entre deux collines, un 4x4 parmi d’autres roulant au fond d’une vallée etc.

Idem pour la signature infrarouge: les déviateurs et mélangeurs ont été directement intégrés au design de l’appareil (le système était amovible sur Gazelle, et pas aussi complet). De l’air frais est prélevé à l’extérieur pour refroidir les gaz chauds produits par les turbines, l’air ainsi refroidi est ensuite dilué dans le flux des pâles du rotor principal.
La peinture contribue aussi à la discrétion IR de l’appareil.
C’est pour cela que les marquages sur les Tigre sont réduits à leur plus simple expression (l’immatriculation à l’avant, obligatoire pour voler en France). Pas de cocarde, pas de mention "Armée de Terre", ni d’insigne d’unité. Les équipages n’ont pas le droit d’y coller le moindre sticker non plus.
La forme des paniers roquette et l’emplacement du viseur du mât contribuent aussi à cette réduction de la SER et de la signature visuelle de l’appareil.
Viseur de toit, signature visuelle et compromis
Beaucoup de compromis ont été fait pour préserver les deux facteurs principaux du design du Tigre: une discrétion maximale et un poids contenu. D’autant plus que ces facteurs sont interdépendant, puisque la signature visuelle du Tigre repose sur sa grande finesse, garantissant elle-même un bon rapport poids/autonomie.

-Des concessions ont certes été faites après les premiers RETEX (l’habitacle a été renforcé au niveau du blindage planché) mais sa protection repose encore principalement sur sa discrétion et sa silhouette ramassée.
Ainsi, les verrières (composées de plexi sur les côtés) ne sont pas blindées, la protection de l’équipage résidant toujours dans sa faible largeur et sa manoeuvrabilité. Il aurait été impossible de blinder ces verrières sans alourdir l’appareil au-delà du raisonnable, à moins d’accepter de sacrifier en taille et donc en visibilité latérale, comme sur le Mi-28. Difficilement envisageable vu l’usage qui est fait du canon.


-Un exemple significatif de compromis ayant conduit à un choix original (et injustement contesté par certains) est le choix du viseur de mât STRIX au détriment du viseur de toit OSIRIS qu’on rencontre sur le Tiger allemand, qu’on a pu voir évoluer au Bourget d’ailleurs.

Ce viseur de toit, comparé au viseur de mât, n’est aucunement un problème mais bel et bien un choix opérationnel cohérent qui découle de plusieurs facteurs et apporte autant d’avantages:
-L’habitude d’abord: l’ALAT utilise le viseur de toit depuis des décennies sur les Gazelle notamment, et dispose déjà de nombreuses tactiques éprouvées concernant l’utilisation de ce matériel, sans même parler de l’habitude logistique.
-La logistique, puisqu’on en parle: cet équipement est bien plus facile et rapide à déployer et réparer en OPEX, qu’il s’agisse de le transporter par avion ou de l’utiliser depuis un BPC.
-L’aérodynamique: le Tigre français est nettement plus véloce que le Tiger allemand en raison de ce choix technique. La vitesse de croisière du HAP est de 280km/h contre 260km/h pour le UHT, et les vitesses de pointe vont de 290km/h à plus de 320km/h selon la version. La différence n’a pas forcément l’air gigantesque, mais elle prend tout son sens quand on sait que ces machines doivent escorter et surtout précéder des NH-90 de manoeuvre aux performances quasi identiques au UHT. Avoir une réserve de vitesse sur eux n’est pas du tout un luxe en opération.
-L’utilisation opérationnelle: le but n’est pas de faire de l'affût comme sur un Apache Longbow (ou un Tiger). L’ALAT a appris d’expérience (comme l’Army et les Marines d’ailleurs) que la mobilité et la vitesse sont la clef de la survie dans le combat héliporté dès que l’on sort de la bataille rangée de chars lourds, ce qui sera la grande majorité de son utilisation.

En effet, le mât permet de se camoufler à la lisière des arbres ou derrière une crête en ne laissant apparaître que son viseur de mât, ce qui permet le tir de missiles directement depuis cette position, ou éventuellement d’émerger juste le temps du tir.
Cela correspond à un usage anti-char typique de la guerre froide, quand un hélicoptère en position de tir n’était pas à l’abris d’un tir d’obus de 125mm dans la tronche en contrepartie.
Cela n’a plus aucun sens dans un combat de soutien aux troupes au contact à coups de roquettes de 68mm ou de canon de 30mm.
Au contraire, dans un tel contexte, le viseur de toit offre certains avantages en terme de visée vers le bas, de protection générale (contre les lignes électriques notamment) et, toujours, de discrétion visuelle et radar.


-Sur la version HAD, le choix du viseur de toit n’a pas été remis en question.
En effet, l’ALAT ne devrait pas pratiquer d’observation et de tir "à l’affût" sur des colonnes de ravitaillement ennemies comme les Longbow américains ou les UHT allemands, mais devrait plutôt utiliser une tactique "caméléon". A l’instar des évolutions les plus récentes du Super Cobra de l’USMC par exemple, on ne cherche pas à se mettre derrière les arbres ou une crête en ne faisant dépasser que le moins possible, on cherche à se mettre DEVANT le flanc de montagne ou la forêt en ne laissant RIEN dépasser du tout, fusionnant avec le décor ambiant.
Immobile, avec un tel camouflage, le Tigre est quasiment impossible à détecter visuellement (le seul risque restant un reflet sur l’optique ou la verrière, un risque qui n’est pas inexistant sur la solution mât non plus) ou au radar, tandis que sa signature sonore est extrêmement difficile à localiser précisément.

Bien sur, cette solution ne marche pas à tous les coups, si le paysage ne correspond pas au camouflage, si l’adversaire est équipé de capteurs infrarouges modernes etc.
Dans ce cas là, la chasse à l’affût peut être pratiquée. Sauf qu’au lieu de ne laisser dépasser qu’un mât, on laisse dépasser une tête de rotor (le rotor en rotation n’est pas des plus visible) et le viseur de toit.
Rien de bien dramatique donc.

La concession la plus importante qui a été faite à la version HAC initiale est celle du FLIR sous le nez. Apparemment, sur la version allemande, ce dernier permet une navigation plus confortable en environnement humide, surtout de nuit.
Mais comme on passe plus de temps à mitrailler au 30mm au dessus du désert qu’à se planquer au dessus des rivières de forêts d’Europe Centrale, le regret n’est pas des plus amers.


Conclusion
On le voit, le Tigre obtient auprès de ses équipages et opérateurs la même adhésion que le Rafale auprès des siens.
La machine telle qu’elle est aujourd’hui utilisée et telle qu’elle est prévue dans ses évolutions n’est pas parfaite: elle pourrait être un poil plus rapide, avoir plus de puissance moteur, plus de blindage etc.
Mais tout cela ne peut pas se faire sans contrepartie. Et l’équilibre qui est aujourd’hui à l’oeuvre sur le Tigre répond parfaitement aux exigences de l’ALAT.
Si certaines concessions ont été faites aux Allemands (notamment sur les CDVE, avec les contraintes de poids qui en résultent), l’appareil qui est aujourd’hui présent dans nos forces a su faire ses preuves au combat sur quatre théâtres d’opération et n’a connu à l’heure actuelle qu’une seule perte, lors d’un atterrissage violent en Afghanistan.

Source air defense
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Blackcode
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Re: Helicopteres militaires (Le tigre)

Message par Blackcode »

Très bon article mon Ami ... et pour illustrer ton post :

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Comparatif entre les différents Hélicoptères de combat européens :

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geronimo
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Re: Helicopteres militaires (Le tigre)

Message par geronimo »

Bon contribution tu es toujours la ou il faut Blackcode :clap:
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anzar
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par anzar »

Titre du topic modifié pour plus de clarté ;)
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geronimo
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Les deux version du TIGRE
HAP = Hélicoptère d'Appui Protection.
Autrement dit un hélicoptère de combat conçu pour l'escorte de convoi et la protection de troupes au sol contre des menaces de type infanterie, véhicules, autres hélicoptères, avions légers etc.

HAD = Hélicoptère Appui Destruction.
C'est une version évoluée du HAP qui reprend l'intégralité de ses équipements et de ses missions, mais comprend des fonctionnalités supplémentaires.
Il est équipé d'un désignateur laser qui lui permet de mettre en oeuvre des missiles Hellfire conçus pour détruire des chars de combat mais aussi des barges de débarquement ou des constructions en dur.

En gros, en plus de pouvoir protéger les troupes au sol ou les hélicoptères de transport allié avec son canon, ses missiles air-air et ses roquettes, il peut détruire (comme son nom l'indique) des équipements "lourds" adverse, qu'il s'agisse d'infrastructures ou de véhicules de combat, là où le HAP ne pouvait au mieux que les mettre hors de combat (ce qui est déjà très bien).
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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sadral
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par sadral »

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Sur le BPC Tonnerre
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Plus de photos ici :arrow: http://www.helicopassion.com/fr/02/gam02.htm
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.
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sadral
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par sadral »

Futur munitions pour le Tigre :twisted:
La roquette guidée touche au but

TDA Armements (filiale de Thales spécialisée dans les armements terrestres et aéroportés), prévoit le tir complet, avec guidage sur une tache laser, d’une roquette à précision métrique pour le mois de juillet prochain. L’idée de roquette guidée agite le Landerneau depuis plusieurs années de part et d’autre de l’Atlantique. Pour tous, il s’agit d’offrir un grand niveau de précision à un armement idéalement taillé en terme de puissance, mais dont la dispersion à l’impact cadre mal avec les exigences de précision des conflits actuels. Moins maniable qu’un missile, la roquette guidée promet en revanche d’être bien meilleur marché et bien plus disponible : plusieurs dizaines de projectiles pourront être emportées par hélicoptère
TDA fournit déjà les roquettes de 68mm qui équipent les Tigre de l’Alat et qui ont été tirées à plusieurs milliers d’exemplaires en Afghanistan, en Libye et plus récemment au Mali. L’industriel a déjà développé des solutions innovantes pour ses roquettes, avec notamment depuis 2009 la transmission d’informations et la commande de mise à feu par simple induction : aucun branchement électrique n’est nécessaire une fois la roquette installé dans son tube. Le processus d’armement gagne en simplicité, en fiabilité et en rapidité. Toutes les roquettes aujourd’hui livrées à l’Alat bénéficient de ce système.
La roquette à précision métrique est le fruit d’un développement sur fonds propre de TDA qui bénéficie toutefois d’un PEA (Plan d’Etude Amont) de la DGA sur le développement d’une charge militaire muratisée à effet collatéral réduit. Les autres travaux de développement porte sur la fusée qui emporte le kit de guidage, le dispositif de mise à feu du propulseur et de la charge militaire. Le propulseur reste inchangé par rapport à une munition classique. Chaque roquette guidée se voit fournir un code laser unique ce qui autorise le tir simultané de plusieurs roquettes. Une innovation qui ira de pair avec la possibilité, sur le Tigre HAD, d’emporter jusqu’à cinq modèles différents de projectiles dans un même panier et de sélectionner précisément la munition devant être tirée. Le HAP n’offre actuellement que la possibilité de choisir le panier qui va tirer. Bien évidemment, un autre atout du Tigre HAD est de disposer d’un illuminateur laser dans son viseur de toit Strix, ce qui lui permettra de guider lui-même ses propres munitions.
Le tir du mois de juillet se fera à partir d’un Tigre HAP avec un guidage déporté et ne comprendra que deux roquettes dont la charge militaire sera remplacée par un système de télémétrie. Plusieurs centaines de tirs ont déjà été simulés sur un banc d’essais reproduisant tout le vol de la munition. TDA envisage une mise en service dans les forces à partir de 2018.
http://forcesoperations.com/2013/05/21/ ... touche-au/
« Une page est tournée ; l'Algérie est d'abord fille de son histoire, qu'elle ait surmonté l'épreuve coloniale et même défié l'éclipse, atteste, s'il en était besoin, de cette volonté inextinguible de vivre sans laquelle les peuples sont menacés parfois de disparition.
L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par sadral »

Le TIGRE Australien: C'est une version HAD avec missiles Hellfire, baptisée Tiger ARH (Armed Reconnaissance Helicopter). Choisi face à l'AH64D Apache Longbow, l'AH1Z Viper et l'A129 Scorpion.Un total de 22 appareils acquis dont 18 assemblés en Autralie.
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Par contre quelques problèmes sont apparus :think: Apparement, l'assemblage local n'est pas tout à fait au point :ghr:
Enfumage australien…

L’Australie a opté en décembre 2001 pour le Tigre d’Eurocopter dans sa version ARH (Armed Reconnaissance Helicopter). Sur les 22 appareils commandés, 18 ont été assemblés à Brisbane par la filiale locale d’Eurocopter. On se souvient, ou pas, que la mise en service de ces appareils avaient été longue et laborieuse au sein du 1st Aviation Regiment de Darwin. Il se racontait à l’époque que les équipages australiens, habitués à des appareils beaucoup plus pépères, faisaient preuve d’une frilosité excessive face à un appareil complexe promettant de révolutionner leur quotidien. Fait-on face de nouveau à ce mauvais scénario ? Toujours est-il que la presse australienne évoque ces derniers jours le refus de certains navigants de voler sur les hélicoptères de combat, en raison de fumées suspectes apparues dans les cockpits. L’armée australienne, a déjà interrompu de vols les appareils en mars et juillet de cette année, le temps de trouver l’origine de deux incidents de cette nature. Un troisième incident, lié semble-t-il à une unité de conditionnement d’air défectueuse sur un seul appareil, aurait conduit les pilotes à voter pour la suspension des vols. L’armée australienne évoque quant à elle une interruption normale des vols pour des périodes d’entretien.
Rappelons que depuis l’été 2009, le Tigre a été engagé avec succès sous les couleurs françaises dans deux guerres différentes, en Libye et en Afghanistan, au cours desquelles il a accumulé plusieurs milliers d’heures de vol au combat. Les équipages de l’Alat, qui ont toujours loué les capacités de leurs appareils, sont en l’état actuel des choses plus enclins à demander des heures de vol supplémentaires qu’à saisir des prétextes pour rester au sol…
http://forcesoperations.com/2012/12/17/ ... ustralien/

Sinon personnellement, j'ai un faible pour la version espagnole avec le camo sable

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L'ornière qui nous a contraints à croupir dans l'existence végétative des asphyxies mortelles nous imposa de nous replier sur nous-mêmes dans l'attente et la préparation d'un réveil et d'un sursaut qui ne pouvaient se faire, hélas ! que dans la souffrance et dans le sang. La France, elle-même, a connu de ces disgrâces et de ces résurrections. » Le président Houari Boumediene.
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par dil@w »

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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par Blackcode »

geronimo a écrit :...

bah voilà ! les français ont bien réussi à mettre leurs gunship sur les LPD ... et nous ?

site très intéressant , à parcourir ! :arrow: http://rpdefense.over-blog.com/tag/Eurocopter/
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Désignation d’objectifs
Soumis par PolluxDeltaSeven le Fri, 02/08/2013 - 13:12
Lors des journées pro du Bourget, j’ai pu discuter longuement avec un officier de l’ALAT, pilote de Tigre ayant servi en Afghanistan et au Mali, ainsi qu’avec plusieurs personnels servant à Pau et au Luc. Leurs récits et les informations obtenues étaient pour le moins intéressantes. Certains éléments ne sont sans doute pas des scoop pour tout le monde, d’autres étaient même carrément du domaine publique depuis des années, mais c’est la première fois que j’avais un récit d’utilisation aussi précis et complet de la part d’un pilote de l’ALAT.

Les premières questions portaient sur la machine elle-même et son système d’arme. Il ne s’agit en aucun cas de révélations fascinantes, mais j’ai tenu à retranscrire l’intégralité des échanges, histoire d’avoir un récapitulatif aussi complet que possible de l’utilisation qui est faite aujourd’hui et en opération de nos hélicoptères de combat. Voilà ce que j’ai pu en tirer:
Désignation d’objectifs

L’équipage du Tigre HAP/HAD obtient ses informations de détection et de désignation de cible depuis plusieurs capteurs situés dans un unique outil: le viseur de toit STRIX. D’autres capteurs servent à l’autodéfense, mais c’est tout. Pas de FLIR sous le nez, pas de radar non plus, à l’évidence. La question qui m’intéressait n’était pas tant celle de l’obtention des informations que celle de la présentation de ces dernières auprès de l’équipage et de leur traitement par ce dernier (notons d’ailleurs que les postes de pilote et d’artilleur sont interchangeable entre place avant et place arrière, les visualisations sont donc les mêmes).

Pour résumer, l’équipage du Tigre dispose de 3 modes principaux de visée de cible, trois affichages: le HUD, le HMD et les écrans tactiques de l’habitacle, chacun ayant ses avantages et ses inconvénients.

Le HMD est le plus réactif d’emploi pour un tir canon: on pointe le viseur sur la cible (le canon est déjà pointé dans la bonne direction), on tire, c’est tout. Il est collimaté à 800m, et donc au delà il faut anticiper la balistique et pointer légèrement au dessus de la cible visée, mais rien de plus compliqué. Nous y reviendrons.

Les écrans tactiques permettent de visualiser les cibles repérées, désignées ou suivies par les optiques (IR, TV, laser...) du viseur de toit, avec un fort grossissement. C’est l’idéal si on veut viser, de loin, une zone bien spécifique (une entrée ou une aile bien précise d’un bâtiment plutôt que tout le bâtiment lui même, ou un véhicule précis au sein d’une colonne par exemple). C’est moins réactif, mais plus précis, ce n’est clairement pas pour le même usage: là on prend le temps de pointer de loin, c’est du boulot de sniper, sauf qu’on tire à coups de 30mm, de roquettes (68mm pour l’instant, mais on ne devrait pas tarder à tout passer en 70mm OTAN a priori, même si la question se pose en terme de capacité d’emport totale) et de missiles (Mistral ou Hellfire bientôt).

Le HUD offre une solution intermédiaire, puisqu’il n’offre qu’une solution de tir dans l’axe et ne permet pas d’avoir autant de détails que sur les écrans, mais affiche quand même suffisamment de données pour tirer de la roquette très rapidement, contrairement au HMD ou aux écrans.

Au final le choix se fait facilement en fonction du besoin tactique: on ne fait pas exactement le même job quand on fait du CAS très rapproché que quand on tire à 3000m des cibles qui ne sont pas en contact avec nos propres unités au sol.
http://www.air-defense.net/journal/book ... 9objectifs
:algerie01: :algerie01: :algerie01:
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Armements
Soumis par PolluxDeltaSeven le Fri, 02/08/2013 - 13:20

Le canon avec sa visée de casque est extrêmement précis et extrêmement réactif. C’est leur arme à tout faire, celle du CAS, de l’attaque en meute, du combat anti-aérien... C’est simple, quelle que soit la cible qui était évoquée dans la conversation et le moyen adéquate de la traiter (Mistral, roquettes, Hellfire), la discussion se terminait par «sinon y’a le canon de toute manière!». Anti-personnel, anti-véhicule, c’était l’arme idéale dans les trois derniers conflits. A une distance d’un kilomètre, l’équipage peut placer une première salve complète dans une fenêtre bien précise d’un bâtiment ciblé.La puissance d’impact des obus perforants est telle qu’elle a permis de mettre hors de combat des chars de combat en Libye (avec destructions des chaînes mais surtout des optiques de visée et des systèmes de communication) lorsque les Gazelle HOT/Viviane ne pouvaient pas intervenir.

En dessous de 2500-3000m, les roquettes sont très précises, parfois même trop précises. Il n’est pas rare que 4 roquettes tapes coup sur coup exactement au même endroit à près de 2000m alors qu’on aurait aimé ratisser un peu plus large. A noter que la zone d’impact reste bien plus large qu’avec un obus de 30mm, et que l’usage n’est pas le même.
Au delà de 3000m de portée, les tirs de précision reposent plutôt sur la Gazelle HOT actuellement, et plus tard sur les Hellfire des Tigre, même s’il est possible de tirer des roquettes à 4000m, pour autant qu’on accepte une précision moindre.

Dans tous les cas, on est sur des systèmes bien plus précis que ce qui se faisait sur la génération précédente, en ne parlant que des armes elles-même. Le système de combat intégré apporte également une souplesse et une réactivité inédite jusque là sur un hélicoptère européen, notamment grâce au suivi automatique de cible du viseur STRIX qui semble particulièrement efficace. Il permet notamment d’alléger considérablement la charge opérationnelle de l’équipage, ce qui permettra à ce dernier d’opérer dans des environnements plus complexes, plus rapidement et avec plus d’efficacité.

L’ALAT utilise principalement 2 types de roquettes: les roquettes fumigènes, et les roquettes à fléchettes. Ces roquettes sont réglées de base pour exploser au dessus du sol à une certaine distance qui peut être reparamétrée par l’équipage avant le tir (le calcul se fait en millisecondes avant l’impact plutôt qu’en distance). J’ai trouvé ça surprenant que ça puisse se faire aussi simplement, mais c’est plutôt une bonne nouvelle. Ces roquettes là sont à usage anti-personnel et anti-véhicules non-blindés principalement, et le fait de les faire exploser plus ou moins proche du sol permet de concentrer le tir ou au contraire de cibler plus large.

Les Tigre en opération emportent souvent des fumigènes également. Cela peut permettre soit de marquer une cible au sol pour une frappe aérienne lourde, soit pour vérifier qu’il s’agit bien de la cible (ou d’un point reconnaissable) décrite par les troupes au sol avant d’effectuer la frappe.

Seul soucis à l’heure actuelle: les roquettes dans un panier sont tirées dans l’ordre. C’est donc à l’équipage de déterminer, en fonction de sa mission, de combien de roquettes fumigènes il aura besoin, et comment les placer dans le panier. Par exemple, si les 4 premières roquettes sont des fumigènes mais que le Tigre tombe directement sur une cible à traiter d’urgence à la roquette, il faudra qu’il sélectionne une salve de 8 roquettes, les 4 premières seront tirées pour rien sur la cible, seules les 4 dernières auront un véritable effet militaire.
Par contre, j’ai oublié de demandé s’il était possible de choisir le panier qui va tirer, et si donc il était possible dans une configuration 4 paniers d’avoir un panier pour les fumigènes et 3 pour les fléchettes. Si quelqu’un a une idée, je serais ravis d’avoir plus d’infos sur ce point précis.

La version HAD et les nouveaux missiles sont très attendus, autant pour leur capacité anti-bâtiments que leur capacité anti-char finalement. Cela dit, même après l’arrivée du HAD, la Gazelle continuera d’être utilisée avec ses missiles HOT. L’emploi des deux hélico est très complémentaire, la Gazelle restant plus rustique et bien moins cher à faire voler (10 fois moins cher à l’heure de vol en OPEX). Même après l’arrivée des HAD, il ne sera pas rare de voir des Gazelle Hot en compagnie de Tigre (HAD ou HAP) dotés de roquettes uniquement.
Eurocopter présentait sur son stand une maquette de Tigre avec des Hellfire en point externe. Il m’a été confirmé que ce n’était pas du tout prévu par les opérateurs, et que ça n’avait pas été demandé à l’industriel.

En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un problème mais d’un choix cohérent: le Tigre est fin, discret et maniable et n’est pas le plus à son aise dans les configurations lourdes. Je n’ai plus en tête les chiffres qui m’ont été donnés, mais l’utilisation de 4 lanceurs quadruples de Hellfire n’aurait pas grand intérêt puisque cela ponctionnerait de trop sur l’emport en carburant.
On en revient au soucis habituel: ça ne sert à rien de pouvoir détruire 16 blindés à portée de son artillerie quand on peut en détruire 8 loin derrière la ligne de front.

Des réservoirs externes ont déjà été utilisés en opération, souvent en configuration asymétrique avec un réservoir d’un côté et un panier à roquettes de l’autre (rien en externe), même s’il est théoriquement possible d’emporter 2 réservoirs et 2 paniers légers en points externes.

Les réservoirs de voilure sont de 350 litres (1400 litres en interne si mes souvenirs sont bons), et l’autonomie avec 2 réservoirs externes passerait de 2h30 avec réserve de carburant à plus de 4h de vol. Même si le choix doit souvent se faire entre emport de carburant et emport en armement (plein obus, armements sous voilures etc.) pour respecter la masse maximale au décollage.

La version HAD avec ses nouvelles turbines devrait apporter une demi tonne d’emport supplémentaire, et il sera possible de décoller en configuration lourde armement avec le plein carburant sans se poser trop de questions.

Des roquettes à guidage laser seraient «sur le point d’arriver» d’après le pilote, qui avait l’air confiant du fait que les RETEX des dernières OPEX montrent le besoin pour une telle arme. Je ne sais pas quelles sont ses sources, ni ou en est ce projet en France pour être tout à fait honnête. Je ne savais même pas qu’on devait passer en 70 mm.

L’intérêt de la roquettes guidée laser (qui garde le terme de «roquette» puisqu’il s’agit plus de maintenir et corriger légèrement la trajectoire que de véritable capacité d’évolution type “missile“) se verrait surtout en anti-véhicule ou en anti-bâtiments, pour ne pas gaspiller un missile bien plus coûteux, sans pour autant risquer de se retrouver à court de munitions.
Parce que ça, apparemment, ça a été un vrai problème dans plusieurs missions de longue durée et/ou de haute intensité.

Et c’est là qu’on en arrive à la partie fun: à court de munitions et/ou devant le besoin impérieux d’intervenir rapidement à longue distance, des Tigre au dessus de la Libye ont détruit des véhicules et des infrastructures au sol à coups de ... Mistral.

Cela n’est pas un scoop, on en avait entendu parlé, mais c’est la première fois que j’en avais le compte rendu détaillé. Tout l’intérêt d’une telle solution bricolée est de pouvoir détruire une cible précise, parfois à moyenne portée, dans un environnement très contraint notamment en termes de dommages collatéraux ou de défense anti-aérienne. Je n’ai pas eu de détails précis sur la nature des cibles, mais j’ai cru comprendre de la discussion qu’il avait été question à au moins une occasion de faire taire une arme de DCA adverse.

La procédure normale aurait recommandée de faire appel à des Gazelle HOT, mais il s’agissait là de tir d’opportunité ou de «time sensitive target». Alors, ça nécessite «d’arriver à chopper la bonne cible sur l’autodirecteur» répercutée sur les écrans tactiques, ce qui est franchement illusoire dans certains contextes tactiques, mais apparemment c’est tout à fait possible dans bien des cas.

Et ce n’est pas tout. A court de munitions ou de roquettes de désignation, on a également vu des équipages de Tigre larguer... des grenades à main. Fumigènes, ou explosives. J’en avait entendu parlé par des fantassins, sous forme de rumeur, mais là c’est la première fois qu’on me le confirmait. J’ai également eu plusieurs sous-entendus moyennement discrets de la part d’autres personnels Tigre comme quoi certains équipages avaient aussi utilisé du FAMAS pour tirer au sol (on m’a même montré où et comment il était placé dans l’habitacle pendant le vol).

Une “originalité“ qui aurait été héritée des équipages de Gazelle semble-t-il. Ça ne me surprend pas. On a même eu droit à un petit commentaire d’un pilote de Rafale : «Non mais les pilotes de Tigre, de toute manière, ce sont des tarés ! Ils sont complètement fous ces types !» en parlant de ce genre de facéties. Logique, quand on connait la différence de problématique opérationnelle entre ces deux armes.

Autrement, le Mistral reste une arme de DA très efficace pour le Tigre, soit en défense anti-hélico, soit en anti-drones, mais aussi en anti-aérien.

En défense de site ou de convoie, le Tigre est apparemment très efficace. En quasi stationnaire au dessus de l’objectif à protéger, il reste très difficile à spotter pour un chasseur, même moderne (on reviendra plus loin sur la furtivité du Tigre), dans un environnement électronique complexe, ce qui peut obliger l’assaillant à tenter une approche en radada à vitesse assez réduite, ce qui le fera entrer dans le champs d’action d’un tir de Mistral ou même de canon.

Le Tigre est extrêmement manoeuvrable pour un hélicoptère, malgré l’absence de CVDE. Il réagit très rapidement au doigt et à l’oeil (littéralement dans le cas de cet appareil), et effectue de vraie manoeuvres de combat aérien. Apparemment la différence est très nette par rapport aux autres hélicoptères de combat de nos forces armées (Gazelle ou famille Ecureuil). L’absence de CDVE ne semble aucunement un problème en terme de qualités de vol. J’ai pu en discuter tant avec les pilotes de Tigre qu’avec les “béta-testeurs“ du NH-90: l’intérêt se fait surtout en terme de masse à vide, mais pas en terme de manoeuvrabilité ou de maniabilité (ce qui n’est pas la même chose).

Ceux qui étaient au Bourget ont vu quelques démonstrations de manoeuvres, sachant que j’ai eu trois confirmations différentes que "les trucs funs, on a pas le droit de les faire". Tonneaux, boucles, le Tigre peut faire ce genre de choses sans broncher mais ce n’est pas dans le domaine de vol autorisé par le constructeur, et donc par l’utilisateur. "On ne peut pas faire d’erreur de pilotage. Si on en fait, l’appareil les corrige automatiquement et se remet dans une position stable". Ceci étant dit, le fait que ce ne soit pas autorisé ne veut certainement pas dire que ce n’est pas pratiqué m’aura-t-on glissé entre deux clins d’oeil.

En combat anti-hélicoptère, la seule vraie menace réaliste c’est le Mi-24/35, et peut-être un jour le Ka-50/52, des menaces que le Tigre surclasse de très loin, que ce soit en combat canon ou en combat missile.

Tout le but d’une manoeuvre de dog-fight entre hélicoptères est en fait de coller au cul de l’adversaire. La position idéale est entre 150 et 300m: suffisamment pour pouvoir anticiper ses manoeuvres et ne pas rentrer en collision avec lui ou ses débris quand on l’a touché, et pas assez loin pour lui permettre de se retourner sans qu’on ne puisse rien faire. Mais le canon du Tigre a le meilleur débattement et la meilleur réactivité du marché actuel et futur pour ce type de combat, sans même parler des Mistral.

Ces derniers vont acquérir leur cible automatiquement une fois leurs caches dépliés, mais ne vont pas scanner en permanence devant l’hélicoptère: ce dernier doit être prévenu de la présence potentielle d’un hostile par un autre moyen (interne ou externe) pour entamer une recherche de cible. Quand la cible est trouvée, un signal sonore prévient le pilote qui peut soit tirer immédiatement, soit vérifier sur ses écrans s’il s’agit de la bonne cible.

Au delà des cibles «réalistes», les pilotes ont été interrogés sur les capacités de leur hélicoptère face à d’autres cibles occidentales. La réponse est sans appel: c’est le meilleurs dog-fighter de sa catégorie, loin devant l’Apache, le Mangusta ou le Cobra, sans même parler des derniers Hind et Kamov russes. Non seulement c’est l’un des plus manoeuvrant, mais il est l’un des très rares hélicoptères du marché à avoir un canon de 30mm conçu pour le combat aérien tournoyant, avec un fort débattement dans toutes les directions.
Reste qu’un Super Cobra dans sa dernière mouture ou un AH-64E équipés de Sidewinder ou de Stinger ne feraient rigoler personne, mais c’est pas demain la veille qu’on aura un adversaire comme ça en face d’un Tigre. Mais même là, s’il leur a «chopé l’arrière-train», il est extrêmement difficile de faire lâcher prise à un Tigre.
http://www.air-defense.net/journal/book/armements
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Discrétion et guerre électronique
Soumis par PolluxDeltaSeven le Fri, 02/08/2013 - 13:22

Comme pour le Rafale, tout l’équipement de guerre électronique est intégré dans la cellule de l’appareil.

Ce dernier dispose de brouilleurs et lance-leurres internes (les lance-leurres sont visibles sous l’appareil, à l’arrière du fuselage), de détecteurs de menaces diverses (radar, laser, départ missile...).

Les DDM sont reliés directement au SNA de l’appareil et peuvent déclencher automatiquement le lancement des leurres (dont le panachage dépend de la nature de la mission). Un signal est envoyé automatiquement au pilote dans le même intervalle (qui dépasse rarement la seconde dans la chaîne détection/réaction) pour qu’il entame immédiatement des manoeuvres d’évitement.

Plusieurs appareils ont été la cible du feu ennemi sur les trois théâtres où ils sont intervenu, principalement par des RPG, mais fort probablement aussi par des MANPAD (leur présence sur place est avérée, le fait qu’ils aient été tirés probable, mais rien ne dit qu’ils étaient réellement menaçant, i.e. utilisés convenablement et avec des chances de succès).
Dans tous les cas, le système d’autoprotection de l’appareil a toujours bien réagit pour les pilotes à qui j’ai pu parler (qui ont été la cible de 3 à 6 tirs sur leurs différents théâtres).

Deux des personnels interrogés n’hésitent plus à parler du Tigre comme d’un hélicoptère "furtif". Il ne l’est pas dans le même sens qu’un F-22 ou feu le RAH-66, mais il reste redoutablement discret, dans la même veine que le Rafale (dans le sens ou, pour un hélicoptère, la discrétion visuelle reste plus importante que la discrétion radar, nous y reviendrons).
Ses formes comme sa peinture ont été optimisées pour réduire autant que possible sa SER. A bien des égards, il est "furtif" dans le sens naval du terme, comme nos FLF ou nos FREMM: il ne sera pas forcément invisible pour un radar adverse, mais il pourra passer pour autre chose sur l’écran de l’opérateur radar. Un vol de perdrix entre deux collines, un 4x4 parmi d’autres roulant au fond d’une vallée etc.

Idem pour la signature infrarouge: les déviateurs et mélangeurs ont été directement intégrés au design de l’appareil (le système était amovible sur Gazelle, et pas aussi complet). De l’air frais est prélevé à l’extérieur pour refroidir les gaz chauds produits par les turbines, l’air ainsi refroidi est ensuite dilué dans le flux des pâles du rotor principal.
La peinture contribue aussi à la discrétion IR de l’appareil.

C’est pour cela que les marquages sur les Tigre sont réduits à leur plus simple expression (l’immatriculation à l’avant, obligatoire pour voler en France). Pas de cocarde, pas de mention "Armée de Terre", ni d’insigne d’unité. Les équipages n’ont pas le droit d’y coller le moindre sticker non plus.

La forme des paniers roquette et l’emplacement du viseur du mât contribuent aussi à cette réduction de la SER et de la signature visuelle de l’appareil.
http://www.air-defense.net/journal/book ... ectronique
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Re: Eurocoptère EC-665 TIGRE

Message par geronimo »

Viseur de toit, signature visuelle et compromis
Soumis par PolluxDeltaSeven le Fri, 02/08/2013 - 13:26

Beaucoup de compromis ont été fait pour préserver les deux facteurs principaux du design du Tigre: une discrétion maximale et un poids contenu. D’autant plus que ces facteurs sont interdépendant, puisque la signature visuelle du Tigre repose sur sa grande finesse, garantissant elle-même un bon rapport poids/autonomie.

Des concessions ont certes été faites après les premiers RETEX (l’habitacle a été renforcé au niveau du blindage planché) mais sa protection repose encore principalement sur sa discrétion et sa silhouette ramassée.

Ainsi, les verrières (composées de plexi sur les côtés) ne sont pas blindées, la protection de l’équipage résidant toujours dans sa faible largeur et sa manoeuvrabilité. Il aurait été impossible de blinder ces verrières sans alourdir l’appareil au-delà du raisonnable, à moins d’accepter de sacrifier en taille et donc en visibilité latérale, comme sur le Mi-28. Difficilement envisageable vu l’usage qui est fait du canon.

Un exemple significatif de compromis ayant conduit à un choix original (et injustement contesté par certains) est le choix du viseur de mât STRIX au détriment du viseur de toit OSIRIS qu’on rencontre sur le Tiger allemand, qu’on a pu voir évoluer au Bourget d’ailleurs.

Ce viseur de toit, comparé au viseur de mât, n’est aucunement un problème mais bel et bien un choix opérationnel cohérent qui découle de plusieurs facteurs et apporte autant d’avantages:

L’habitude d’abord: l’ALAT utilise le viseur de toit depuis des décennies sur les Gazelle notamment, et dispose déjà de nombreuses tactiques éprouvées concernant l’utilisation de ce matériel, sans même parler de l’habitude logistique.
La logistique, puisqu’on en parle: cet équipement est bien plus facile et rapide à déployer et réparer en OPEX, qu’il s’agisse de le transporter par avion ou de l’utiliser depuis un BPC.
L’aérodynamique: le Tigre français est nettement plus véloce que le Tiger allemand en raison de ce choix technique. La vitesse de croisière du HAP est de 280km/h contre 260km/h pour le UHT, et les vitesses de pointe vont de 290km/h à plus de 320km/h selon la version. La différence n’a pas forcément l’air gigantesque, mais elle prend tout son sens quand on sait que ces machines doivent escorter et surtout précéder des NH-90 de manoeuvre aux performances quasi identiques au UHT. Avoir une réserve de vitesse sur eux n’est pas du tout un luxe en opération.
L’utilisation opérationnelle: le but n’est pas de faire de l'affût comme sur un Apache Longbow (ou un Tiger). L’ALAT a appris d’expérience (comme l’Army et les Marines d’ailleurs) que la mobilité et la vitesse sont la clef de la survie dans le combat héliporté dès que l’on sort de la bataille rangée de chars lourds, ce qui sera la grande majorité de son utilisation.

En effet, le mât permet de se camoufler à la lisière des arbres ou derrière une crête en ne laissant apparaître que son viseur de mât, ce qui permet le tir de missiles directement depuis cette position, ou éventuellement d’émerger juste le temps du tir.

Cela correspond à un usage anti-char typique de la guerre froide, quand un hélicoptère en position de tir n’était pas à l’abris d’un tir d’obus de 125mm dans la tronche en contrepartie.
Cela n’a plus aucun sens dans un combat de soutien aux troupes au contact à coups de roquettes de 68mm ou de canon de 30mm.

Au contraire, dans un tel contexte, le viseur de toit offre certains avantages en terme de visée vers le bas, de protection générale (contre les lignes électriques notamment) et, toujours, de discrétion visuelle et radar.

Sur la version HAD, le choix du viseur de toit n’a pas été remis en question.

En effet, l’ALAT ne devrait pas pratiquer d’observation et de tir "à l’affût" sur des colonnes de ravitaillement ennemies comme les Longbow américains ou les UHT allemands, mais devrait plutôt utiliser une tactique "caméléon". A l’instar des évolutions les plus récentes du Super Cobra de l’USMC par exemple, on ne cherche pas à se mettre derrière les arbres ou une crête en ne faisant dépasser que le moins possible, on cherche à se mettre DEVANT le flanc de montagne ou la forêt en ne laissant RIEN dépasser du tout, fusionnant avec le décor ambiant.

Immobile, avec un tel camouflage, le Tigre est quasiment impossible à détecter visuellement (le seul risque restant un reflet sur l’optique ou la verrière, un risque qui n’est pas inexistant sur la solution mât non plus) ou au radar, tandis que sa signature sonore est extrêmement difficile à localiser précisément.

Bien sur, cette solution ne marche pas à tous les coups, si le paysage ne correspond pas au camouflage, si l’adversaire est équipé de capteurs infrarouges modernes etc. Dans ce cas là, la chasse à l’affût peut être pratiquée. Sauf qu’au lieu de ne laisser dépasser qu’un mât, on laisse dépasser une tête de rotor (le rotor en rotation n’est pas des plus visible) et le viseur de toit. Rien de bien dramatique donc.

La concession la plus importante qui a été faite à la version HAC initiale est celle du FLIR sous le nez. Apparemment, sur la version allemande, ce dernier permet une navigation plus confortable en environnement humide, surtout de nuit. Mais comme on passe plus de temps à mitrailler au 30mm au dessus du désert qu’à se planquer au dessus des rivières de forêts d’Europe Centrale, le regret n’est pas des plus amers
http://www.air-defense.net/journal/book ... -compromis

Quatre article sur le tigre très intéressant de nos amis de AIR DEFENSE que je remercie vivement au passage
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