7ième Wilaya: la Révolution en France

De l'époque numide aux temps modernes.

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7ième Wilaya: la Révolution en France

Message par numidia »

Pendant notre Révolution libératrice, mais aussi avant 54, les Algériens en France ont participé au combat libérateur de multiples manières (argent, armes, militantisme, attaques contre des cibles politiques ou militaires ou sécuritaires françaises, sabotages d'installation industrielle, économiques, manifestations, ...)
Ce topic pour rendre hommage au combat mené en France par des Algériens pour que l'Algérie soit indépendante.

____________________________
attention: les documents ci-dessous, à lire en tenant compte du fait qu'il s'agit de documents de sources françaises (vous verrez notamment le vocabulaire utilisé dans les textes et les expressions dénigrants le FLN par exemple), donc c'est juste une base à travailler encore avec notamment des analyses et documents algériens. ces documents existent à nous de les exploiter.

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Dernière modification par numidia le 01 avril 2012, 12:19, modifié 1 fois.
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Re: 7ième Wilaya: le front révolutionnaire mène la guerre en

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Re: 7ième Wilaya: le front révolutionnaire mène la guerre en

Message par numidia »

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une source de référence: Ali Haroun, un des responsables de la Fédération de France du FLN.
article de 2006 paru dans El Watan.
Le second front de la guerre d’indépendance
Il y a quarante-six ans, un événement marquant de la guerre d’indépendance, qui fit la une des journaux d’Europe, semble tomber dans l’indifférence de l’oubli, notre histoire récente mal transmise ou volontairement occultée passant sous silence certains de ses glorieux épisodes.


En cette nuit du 25 août 1958, s’ouvrait en France le « second front » de la guerre d’Algérie. Et pendant plus d’un mois, une véritable guerre clandestine secoua le sol français. Des commissariats, des casernes, des centrales à gaz furent attaquées, le pétrole algérien extrait à Hassi Messaoud brûlait dans les vastes dépôts de l’étang de Berre... Avant que le temps qui passe n’efface de la pensée collective, les actions d’éclat de ces hommes et femmes anonymes qui arrachèrent notre liberté, n’est-il pas juste d’évoquer leur sacrifice ? Et au risque de froisser la modestie des vivants et la mémoire des disparus, ne convient-il pas de les citer nommément, pour éviter que l’ombre, qui les recouvre aujourd’hui, ne leur conteste à jamais la place qui leur revient. Car les héros ne sont pas toujours ceux que l’on hisse sur le pavois(1). Le 22 août 1958 se tient à Sceaux, dans la banlieue sud de Paris, la réunion ordinaire mensuelle de la direction du FLN en France. Y participent : Saïd Bouaziz, Ali Haroun et Kaddour Ladlani représentant le Comité fédéral. Moussa Kebaïli, Mohamed Haddad, Amor Ghezali et Ahmed Benattig dit « J3 » sont les chefs des quatre wilayas. Mais cette fois-ci l’ordre du jour de la réunion pour l’examen mensuel des rapports organiques et financiers comporte également l’ultime vérification du dispositif, avant l’heure H. Tout est au point. Aucun imprévu n’a perturbé le programme établi à Cologne un mois plus tôt. On confirme le planning et on se sépare. Le compte à rebours commence.

25 août, 0 heure. Coup de tonnerre dans un ciel serein Le peuple français dans sa grande masse découvre par la presse, le 26 au matin, que la guerre vient de franchir la Méditerranée, au moment même où il commençait à s’en accommoder. Commissariats, postes de police et casernes attaqués, dépôts de carburants incendiés, voies ferrées sabotées, objectifs économiques atteints, policiers et militaires abattus, raffineries en flammes et quartiers entiers évacués… tout cela en une seule nuit.

Peut-on en dresser le bilan exact ?


Dans la région parisienne, les commandos, sous les ordres directs de Mohand Ouramdane Saâdaoui et Mohammed Mezrara dit Hamada, passent à l’attaque. A 2h 5, l’annexe de la préfecture de police, 66, boulevard de l’Hôpital à Paris, est visée. Sur les quatre policiers de garde, trois sont tués, le quatrième grièvement atteint. Les hommes pénètrent dans les lieux, allument des bidons d’essence. L’incendie fait diversion et l’épais nuage de fumée qui s’en dégage va protéger leur fuite. Menée par Diafi et Messerli, l’action aura permis la prise d’un pistolet-mitrailleur 38 et d’un pistolet automatique de 9 mm. Le commissariat du XIIIe arrondissement est arrosé de rafales de mitraillette. Quai de la Gare, un dépôt d’essence est touché. La cartoucherie de Vincennes est visée. On se propose de la faire sauter. L’attaque, dirigée par Larbi Hamidi dit Amar, a lieu à 3 h. Mais des policiers alertés quelque temps auparavant patrouillent. Elle se solde par une intense fusillade : un policier tué, plusieurs blessés et du côté du FLN deux tués et huit blessés. L’objectif de Vincennes a été manqué à cause d’une préparation hâtive. Mohand Akli Benyounes dit Daniel, alors responsable de région dans la Wilaya I, explique vingt-cinq ans plus tard : En ce qui concerne la cartoucherie, mon chef de wilaya de l’époque - Moussa Kebaïli - m’avait demandé de lui remettre une trentaine d’éléments sûrs, absolument inconnus de l’organisation et non fichés par la police. J’ai donc choisi 26 militants convaincus, plus le responsable habituel du choc. Ces hommes devaient subir un entraînement intensif pour être prêts à engager l’action au jour J. Moi-même, en tant que régional, j’ignorais d’ailleurs que celle-ci était fixée au 25 août. Ce soir-là, ces militants s’emparent dans un garage des voitures nécessaires à l’action, non sans avoir auparavant ligoté le gardien et attaquent la cartoucherie. Nous avons déploré un mort. Plusieurs policiers sont tués ou blessés. Le résultat n’a pas été à la mesure de nos espérances, parce que, à la suite d’une erreur d’interprétation, d’autres groupes ont agi avant l’heure prévue, alertant ainsi la police qui patrouillait aux alentours. Dès lors, l’effet de surprise n’a pu jouer en faveur des assaillants. Des dépôts de pétrole à Gennevilliers et à Vitry sont incendiés. Toujours à Vitry est attaquée une usine de montage de camions militaires. Sont aussi visés, mais sans succès, un hangar à l’aéroport du Bourget et une usine à Villejuif. Dans le découpage géographique de l’OS(2), la Normandie constitue une région militaire confiée à Omar Tazbint, dit Abdou, chef de région avec Arab Aïnouz comme adjoint et Abderrahmane Skali comme artificier. Ces trois hommes, avec leurs éléments — une trentaine au maximum — vont mener les opérations du 25 août et des jours suivants jusqu’à leur arrestation, intervenue le 29 septembre. A Port-Jérôme, près du Havre, la raffinerie Esso-Standard est sabotée. Muni d’un bâton de nitroglycérine, un fidaï détruit la cuve, son compagnon Abdelmadjid Nikem, chargé d’en faire sauter deux autres, est déchiqueté par l’explosion. La centrale de gaz de Rouen est attaquée avec succès et l’affaire ne sera jugée que les 6, 7 et 8 février 1961, les auteurs du sabotage ayant dû comparaître pour de nombreuses autres affaires(3). Une tentative d’attaque contre le commissariat central de Rouen est stoppée par la police qui intercepte la voiture du commando et saisit la bombe destinée à être lancée sur le bâtiment. Lors du désamorçage, l’engin explose, tuant et blessant plusieurs policiers. Le commando compte un mort : Omar Djillali. A Elbeuf, un brigadier-chef est grièvement blessé. Plusieurs attaques seront menées à Evreux pour lesquelles les fidayne Mohamed Tirouche et Ali Seddiki, condamnés à mort, seront guillotinés en 1960. Au Petit-Quevilly, près de Rouen, le dépôt pétrolier est saboté. Malgré la présence de la police qui, faisant usage de ses armes, tue un militant et en blesse un autre, le commando parvient à incendier quatre cuves de carburant d’une contenance de 4000 m3. Compte tenu des nombreux objectifs économiques et militaires recensés par l’OS dans le midi de la France, cette zone est subdivisée en plusieurs circonscriptions ou « régions militaires ». Le chef en est Ouahmed Aïssaoui, aidé par l’artificier Ouznani. Deux agents de liaison, Yamina Idjerri, dite Antoinette et Rabia Dekkari, dite Djamila, assurent un contact permanent avec Paris où se tient l’état-major de la « Spéciale ». Les quatre subdivisions ont respectivement à leur tête : Chérif Meziane, dit Allaoua, pour la première région ou Marseille-Centre ; Ali Boulbina pour la deuxième région ; Ahmed Belhocine pour la troisième ou Port-de-Bouc ; enfin Ali Betroni, dit Abdelaziz, pour la quatrième, englobant Bordeaux et Toulouse. Ces cadres avec leurs hommes — moins d’une centaine pour toute la zone sud — vont en quelques jours déclencher une vague de sabotages impressionnante. Dans son rapport, Aïssaoui a décrit le détail des objectifs attaqués cette nuit du 25 août et dressé le bilan — somme toute modeste à ses yeux — de l’action dans sa zone :

Première région : Mourepiane, Cap Pinède, Les Aygalades. Moyens utilisés : pour le premier objectif, une bombe à retardement, munie d’un mécanisme d’horlogerie. Pour le deuxième, deux petites bombes étanches à retardement. Et pour le troisième, deux charges télécommandées. Opération réussie sur les deux premiers objectifs ; pour le dernier, les charges n’avaient pas fonctionné.

Deuxième et troisième régions :
raffineries de Berre, Lavéra, La Mède, Sète. Aucune charge télécommandée n’avait fonctionné. L’attaque proprement dite, du point de vue organisation, avait pleinement réussi, puisque nos éléments, conduits par leurs chefs de groupe, avaient pénétré dans les lieux, placé les charges sur les vannes, déroulé les fils et en étaient ressortis sans avoir été remarqués.

Quatrième région : Port-la-Nouvelle, La Rochelle. Les charges télécommandées ont fonctionné sur le premier objectif qui a brûlé. Peu enclin à l’exagération, le responsable de l’OS pour la zone Sud, paraît d’une modestie qui ne traduit sans doute pas les résultats réels de la « nuit rouge », ni l’impact certain qu’elle obtint sur les medias. Si la presse souligne les attentats manqués contre les dépôts des sociétés Shell et British Petroleum à Saint-Louis-les-Aygalates près de Marseille, à la Mède, au Cap Pinède, à Frontignan près de Montpellier, à la raffinerie de Lavéra, elle informe sans le vouloir que le FLN dispose désormais de techniciens capables d’utiliser des engins sophistiqués et des bombes télécommandées. Elle ne peut davantage passer sous silence que, simultanément à ces actions manquées, le dépôt de la Mobil Oil près de Toulouse brûle encore. Deux réservoirs ont sauté provoquant un incendie dont les flammes atteignent plus de 100 m de hauteur et les colonnes de fumée sont visibles à 20 km. Mobil Oil perd ce jour-là 8000 m3 de carburant. Mais c’est l’affaire de Mourepiane qui, tant pas ses conséquences immédiates que par les péripéties judiciaires qui s’ensuivront, caractérisera dans les mémoires ce « second front » ouvert la nuit du 25 août 1958. Quatorze ans plus tard(4), Albert-Paul Lentin décrit ainsi l’action : « L’opération capitale est cependant celle qui est dirigée contre le plus grand dépôt de stockage de carburant du sud-est de la France, celui de Mourepiane, dans la banlieue nord de Marseille, non loin du port. Là, l’attaque est précédée par une manœuvre de diversion. Des Algériens allument, à 21 h, plusieurs foyers d’incendie dans les forêts de l’Estérel de manière que plusieurs équipes de pompiers chargées de combattre le sinistre s’éloignent de Marseille(5). A 3 h 15, l’explosion fait sauter les deux réservoirs et secoue tout le quartier de l’Estaque. Un incendie qui éclaire tout le ciel de Marseille ravage 7 des 14 bacs. Nouvelle explosion à 8h 45, après que l’on eut fait évacuer en toute hâte les habitants des quartiers en danger, puis le soir, à 20 h 20, formidable explosion qui détruit toutes les installations qui avaient jusque-là échappé aux destructions. Un pompier - Jean Péri - est tué. Il y a 19 blessés, parmi lesquels le maire de Marseille, Gaston Defferre, qui s’était rendu sur les lieux et qui a été touché à un pied. Le feu brûle encore à Mourepiane pendant dix jours… 16 000 m3 de carburant ont été détruits. » Rappelant les faits en 1972, Aïssaoui estimait prudemment que cette nuit du 25 août aurait pu être une catastrophe pour la France. Mais au moment même, le Provençal titrait : « C’est une catastrophe nationale ». Comme il fallait s’y attendre, la répression se durcit. Un couvre-feu pour les Nord-Africains est instauré dès le 27 août dans le département de la Seine, le 3 septembre dans le Rhône et le 4 en Seine-et-Oise. Les « chasses au faciès » se multiplient à Paris, Marseille, Lyon, Belfort et les « transferts » en Algérie se développent. Tout « basané » devient suspect et les Algériens emplissent les hôpitaux désaffectés, comme Beaujon, ou les casernes spécialement aménagées pour eux. Des milliers d’entre eux sont « triés » au Vélodrome d’hiver, avant d’être internés dans les camps d’Algérie. « Retour aux sources », écriront les rares journalistes encore courageux, rappelant que naguère, au même Vél’ d’Hiv, les juifs étaient, avec la complicité d’une partie de la police française, raflés puis parqués, avant d’être envoyés, dans des wagons plombés, vers les camps de la mort. Ni les contrôles renforcés ni les arrestations préventives n’empêchent l’action déclenchée le 25 de se poursuivre, avec moins d’éclat peut-être, mais non sans efficacité. A Paris, accrochage, dans la nuit du 27 au 28 août, d’une cellule de l’OS avec un groupe de policiers. Trois d’entre eux, Chauvin, Alfred Dufrie et Louis Rougerie, sont sérieusement blessés place Denfert-Rochereau et l’adjudant-chef André Durau est atteint à la station de métro Bonne-Nouvelle. Le 31 août, attaque réussie de dépôts d’essence à Arles et de l’usine à gaz d’Alès, qui explose. Le 1er septembre, les commandos essuient un échec devant le siège de l’Office algérien d’action économique (Ofalac), avenue de l’Opéra, à Paris. Le 2, explosion d’une bombe près de Rouen. Le 3, sabotage de la voie ferrée Paris-Le Havre. Les commandos s’attaquent, le 4 septembre, à l’aérodrome de Melun et, le lendemain, un sabotage entraîne le déraillement d’un train de marchandises à Cagnes-sur-Mer, dans le midi. Espérant rééditer leurs prouesses du 25 août contre les installations pétrolières, les fidayine du Midi visent les dépôts des banlieues de Marseille et de Bordeaux à Bègles, ce même 7 septembre. Le résultat est mince. Le lendemain, c’est le tour de la centrale électrique de la Boisse, dans l’Ain. En rade de Toulon, les hommes de l’OS tentent vainement de fixer des charges explosives sur les coques du cuirassé Jean Bart, de l’escorteur Bouvet et du sous-marin Dauphin. Cependant, le sabotage du paquebot Président de Cazalet, qui assure la liaison Marseille-Algérie et sert à l’occasion pour le transport des troupes, fait quelque bruit. Le 5 septembre 1958, le navire quitte Marseille vers 11 h à destination de Bône. A 12 h, alors qu’il se trouve à une vingtaine de miles au large, il signale une explosion dans le compartiment des ventilateurs de chauffe, immobilisant les machines, causant d’importants dégâts et soufflant les cloisons. Un commencement d’incendie vite enrayé suit la déflagration. Le navire, en difficulté, est pris en remorque par le Djebel Dira qui se trouve dans les parages. Treize personnes sont blessées et un chauffeur, André Barreda, qui souffre de graves brûlures, succombe deux jours plus tard. L’enquête établit qu’une bombe placée dans le compartiment des ventilateurs en était la cause. Lors de l’arrestation du groupe de Mourepiane, la police découvre qu’il s’agit des mêmes éléments. En tout, quatorze personnes dont deux femmes. Le piétinement du combat, l’arrivée de de Gaulle au pouvoir proclamant l’intégration des « Français à part entière » dans le giron de la mère-patrie…, tout cela n’était pas pour faire monter la cote du CCE(6) auprès des Frères et alliés arabes. L’offensive du 25 août se poursuivait. Entre-temps, parvenait à Paris le communiqué du CCE publié au Caire en date du 31 août 1958. Intitulé « Déclaration du comité de coordination et d’exécution de la révolution algérienne à propos de la guerre portée en France par le Front de libération nationale », le texte trahit, le soulagement de la direction établie en Egypte de voir le FLN reprendre un second souffle, après une lutte de quatre années, caractérisée surtout les derniers mois par un affaiblissement momentané mais certain de l’ALN, consécutif au « rouleau compresseur » passé sur l’Algérie par les 800 000 hommes de l’armée française. A la veille des actions d’août en France, l’ALN marque militairement le pas dans les maquis. La saignée qu’elle vient de subir affecte le moral des troupes. Ainsi, dans la Wilaya III (Kabylie), les opérations commencées à l’époque avec 12 000 combattants se terminent avec 3000 survivants (7). Au point que le chef du département de la guerre, au nom du CCE, sentait le besoin de « diffuser par radio un ordre général n°1 destiné à soutenir, à encourager et à fortifier la combativité des djounoud ( 8 ) : « Grâce à votre dévouement, à votre esprit de sacrifice, à votre ardeur et votre discipline, vous réaliserez la victoire […](9). » Apprenant la nouvelle du 25 août, rapportée par les radios internationales et amplifiée par la presse du Moyen-Orient, la direction l’a reçue « comme un véritable ballon d’oxygène », au 32, rue Abdelkader-Sarwat, siège central du FLN au Caire. Alors que les dirigeants égyptiens, doutant d’une issue conforme aux aspirations algériennes, manifestent depuis plusieurs mois une attention moins soutenue à l’égard du Front, ils demandent à rencontrer, dès le 26, les membres du CCE présents dans la capitale. Les Egyptiens paraissent réconfortés de n’avoir pas joué une carte perdante, en soutenant la lutte du FLN. Dès l’annonce de la nouvelle, Fethi Dib — du groupe des « officiers libres », compagnon et homme de confiance de Nacer et aussi chef des services de renseignements égyptiens — souhaite rencontrer Krim et Bentobbal pour leur exprimer sa satisfaction de constater que « la révolution n’a pas perdu son souffle ». En Tunisie, les deux hommes, en compagnie de Mahmoud Chérif, autre membre du CCE, sont également sollicités par Ahmed T’lili et Tayeb Mehiri, membres du gouvernement. Ils les assurent que le combat continuera « quel que soit l’homme au pouvoir en France et jusqu’à l’indépendance ». Des wilayas d’Algérie, les messages arrivent qui traduisent le contentement des djounoud particulièrement sensibles au fait que l’action du 25 août immobilise en France même 80 000 soldats. La Wilaya II (constantinois), quant à elle, accueillait avec une satisfaction évidente « l’élargissement du front constituant un encouragement pour l’ALN ». « Le moral des combattants algériens, rapporte un témoin, s’est élevé du fait que tous les nationaux s’avèrent alors mobilisés à l’intérieur des frontières, comme à l’extérieur, pour atteindre le même but : l’indépendance du pays. Le fardeau, partagé par tous, devient donc moins lourd(10) ». Le jour même de l’attentat à Paris contre le gouverneur Soustelle, les cars de police sont systématiquement mitraillés, rue Rivoli, dans le XVe arrondissement, à Vanves, à Issy-les-Moulineaux et à Boulogne-Billancourt. Un militaire est tué et deux autres blessés, rue Jean-Mermoz, à Joinville-le-Pont. A Metz, un capitaine de parachutistes est grièvement atteint. Le 21 septembre, le mitraillage des voitures de police se poursuit à Villejuif, à l’Haÿ-les-Roses, à Aubervilliers. Tandis que les « groupes de choc » attaquent le commissariat d’Aulnay-sous-bois, où un inspecteur est blessé, l’OS fait sauter des usines de caoutchouc de Kléber-Colombes et sabote le relais de télévision du Havre. Ce sont également deux éléments de la « Spéciale », deux femmes, Aïcha Aliouet et Marcelle X… qui tentent le sabotage du poste émetteur clandestin de la DST, installé au troisième étage de la Tour Eiffel. Cette action va soulever un tollé général d’indignation, présentant le FLN en France comme dirigé par une équipe de terroristes. Les moins indignés lui dénient tout sens politique. « Voyez donc, ils ne respectent même pas le symbole universel et innocent de la Ville Lumière ! » On omet simplement de mentionner l’existence du relais radio spécial de la police, au sommet du monument. De toute façon, la bombe à retardement est préparée par Chaïeb avec une charge calculée pour ne détruire que le poste, sans aucun risque pour la stabilité de la tour. L’engin est découvert avant qu’il n’explose. Evidemment, il n’était pas question — et le FLN n’en a jamais eu les moyens — de soumettre tous les soirs le territoire français à une nuit du 25 août. C’était simplement une bataille au cours d’une guerre de plus de sept ans. Il est certain, toutefois, que ce n’est pas ce « risque d’essoufflement » qui, « reconnu même par les membres les plus intransigeants du GPRA », les aurait ralliés à une décision d’arrêter les opérations militaires en France. Le Comité fédéral n’a jamais reçu le 27 septembre d’ordre du GPRA lui enjoignant de « faire cesser les agressions », (comme l’a soutenu alors la presse française). Après une offensive de quelques semaines, le but fixé par la Fédération paraissait relativement atteint. Quoi qu’il en soit, retenons cette date du 27, puisque des bilans officiels ont été établis jusque-là. Entre le 21 août et le 27 septembre, ont été dénombrés 56 sabotages et 242 attaques contre 181 objectifs. Les opérations ont fait 188 blessés et 82 morts. Nombreux ont été les militants blessés et tués les armes à la main, déchiquetés par leurs engins, abattus par les forces de répression ou assassinés sous la « question », d’autres poursuivis et arrêtés furent guillotinés. C’est pourquoi, tout en dressant un constat globalement positif, pensant à toutes ces morts gratuites, fruits vénéneux du mépris de certains pays persévérant à en maintenir d’autres sous la sujétion, il eut été souhaitable que cette bataille fût la dernière, que l’on abandonnât les bombes inutiles au plus profond d’un étang sans poissons et que l’on dise avec Malek Haddad :

La grenade a son temps

mais le temps des cerises,

celui que je préfère

est encore celui-là.

Hélas, de Gaulle refuse le rameau d’olivier tendu le 28 septembre par le GPRA qui proposait « une négociation sans préalable ». Comme en Algérie, en France la grenade allait encore éclater. Il n’y avait pas d’autre choix. Les cerisiers n’avaient pas encore fleuri. Ils le feront un certain 19 mars 1962.

Notes

1- L’essentiel du texte ci-après est extrait de La 7e Wilaya Editions du Seuil Paris 1986 - Casbah Editions - Alger 2006.

2- L’Organisation spéciale chargée des actions directes. Le responsable en est Saïd Bouaziz et son adjoint opérationnel Nacereddine Aït Mokhtar.

3- Dans une note à Ali Haroun, responsable des détentions, Serge Moureaux, avocat à Bruxelles, rapportait fin décembre 1960 : « L’affaire du gaz de France (attentat du 25 août à Rouen) avec Tazbint, Aïnouz, Skali et Bourenane, déjà condamnés à mort dans d’autres affaires, est venue les 4 et 5 décembre 1960 devant le tribunal militaire de Lille. Après deux jours de procédure (à la barre Oussedik, Zavrian, Marie-Claude Radziewski, Moureaux, Cécile Draps, Merchies), nous avons obtenu le renvoi sine die. « Malgré leur situation critique, les quatre accusés brandissent à l’audience de février le drapeau FLN ce qui — on s’en doute — n’incitera pas des juges militaires survoltés à plus de clémence ».

4- Historia - Magasine n° 265 du 27 novembre 1972.

5- C’eut été évidemment une tactique valable pour le FLN, mais il semble que l’auteur ait été mal informé. En réalité, un des buts principaux de la nuit du 25 août avait été de brûler le maximum de forêts selon une ancienne directive du CCE qui entendait venger les forêts algériennes systématiquement arrosées au napalm par l’armée française sous prétexte d’en « sortir le fellagha comme le chacal de sa tanière ». Ainsi, l’ensemble des « groupes de choc » de l’organisation avait pour mission cette nuit-là de mettre le feu aux forêts. Des orages locaux firent que l’opération « forêts » passa inaperçue.

6- Comité de coordination et d’exécution, organe suprême du FLN.

7- Témoignage de Abdellah Bentobbal, confirmé par les déclarations du commandant Hamimi, au cours de la table ronde tenue pour l’écriture de l’histoire de la révolution, 1er séminaire, octobre 1984.

8- Emission du Caire en date des 8 et 9 juin 1958.

9- Le texte complet de l’appel est publié dans El Moudjahid, n° 26, 4 juillet 1958.

10- Entretien avec Salah Boubnider (dit Saout el Arab), colonel de la wilaya II, avril 1984.


Par Ali Haroun
http://www.elwatan.com/spip.php?page=ar ... icle=49006
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Re: 7ième Wilaya: la Révolution en France

Message par numidia »

Fédération de France du FLN : Un duel en terrain ennemi
mai 11, 2020 - Adel Fathi - by Memoria

Plus que toute autre considération, le combat qui devait être mené, sur le sol même de l’occupant, contre ceux qui s’affichèrent dès le départ comme contre-révolutionnaires, sera déterminant pour le sort de la lutte pour l’indépendance du pays, et notamment pour l’essor de la Fédération de France du FLN sur laquelle le commandement de la Révolution misait beaucoup pour mobiliser la communauté algérienne installé en France et collecter les fonds nécessaires pour la poursuite du combat.

FLN-2.png
La pugnacité et la cruauté et des rivalités qui minaient les deux camps, irréconciliables et prêts à tout pour asseoir leur mainmise sur l’importante communauté des ouvriers algériens établis en France, qui constituait, jusqu’à la veille de l’Indépendance, la principale source de financement du mouvement national et de la Révolution. Sauf que, à la différence du parti messaliste, le FLN avait cet avantage d’avoir largement acquis sa légitimité politique et populaire. Or, la motivation principale des membres du MNA dans leur acharnement impitoyable contre le FLN, c’est leur attachement «obsessionnel» et aveugle à Messali Hadj, le « zaïm », dont ils ne pouvaient accepter la moindre contestation par des Algériens se disant nationalistes.


Le conflit s’est dès le départ creusé suite aux révélations d’une enquête de la police française, lors de l’arrestation en 1955 d’Ali Mahsas et Terbouche Mourad, premier chef de la fédération, selon lesquels les meneurs de cette compagne, sous la direction de Mohamed Boudiaf, aidé de Yacef Saadi, auraient décidé de «liquider» les principaux dirigeants du MNA à commencer par Messali Hadj. D’ailleurs, un attentat a bien eu lieu contre Messali Hadj, le 17 septembre 1959, mais il a échoué parce qu’un des hommes du commando aurait refusé, d’après des témoignages, de lui tirer dessus parce qu’il a reconnu ce leader charismatique. C’est dire à quel point Messali Hadj était vénéré par une partie importante de la base militante algérienne, y compris au sein du FLN qui, pourytant, le combattait.

De leur côté, les groupuscules MNA ont tué plusieurs militants du FLN, notamment à Marseille. Ces groupuscules continuaient à semer la terreur dans les lieux fréquentés par les sympathisants du FLN, souvent avec la complicité de la police et des autorités françaises.

Les statistiques annuelles des victimes de cette lutte fratricide, pour la France, de janvier 1956 à décembre 1961, communiquées par le ministre d’Etat chargé des affaires algériennes Louis Joxe, et cité par l’historien français Benjamin Stora dans son ouvrage-référence Ils venaient d’Algérie, montrent l’ampleur de la tragédie, sans préciser toutefois l’appartenance politique des victimes algérienne. Ce qui aurait permis de situer les responsabilités dans cette lutte fratricide entre le FLN et le MNA sur le sol français pendant cette période. Le document met en évidence le combat du FLN contre le colonialisme français et l’absence quais-totale du MNA sur ce front. Il y est ainsi mentionné que les commandos MNA n’ont commis aucun attentat sérieux contre de cibles ennemies, entendre françaises en Métropole. Ainsi, entre 1957 et 1961, 53 policiers ont été tués et 279 blessés dans des attentats attribués au FLN. Cela montre, en définitive, à quel point le MNA était déjà totalement hors-course, et à vrai dire trop isolé pour ambitionner de conduire ou même de récupérer un événement de cette taille.

Il faut aussi analyser les événements du 17 octobre 1961 à la lumière de cette guerre d’influence que se livrait le FLN et le MPNA en terre française, dans un sens où les manifestations décidées et organisées par la Fédération de France du FLN, pour appuyer la cause nationale alors débattus aux Nations Unies, visaient également à s’assurer l’adhésion massive des Algériens établis en France (ils étaient plus de 300 000), face à des rivaux politiques qui se sont montrés aussi machiavéliques que tenace pour s’imposer sur la scène, en dépit de tous les déboires rencontrés depuis le début de cette aventure. Il s’agit clairement d’écraser définitivement le MNA sur son terrain, c’est-à-dire là où ses hommes se croyaient protégés et jouissant du soutien d’une partie des ouvriers algériens qui agissaient plutôt par fidélité à Messali Hadj, le père du nationalisme algérien. La bataille du 17 octobre fut alors l’occasion de s’assurer une nette victoire sur un rival qui menaçait de brouiller le noble combat pour la liberté et le recouvrement de la souveraineté de l’Algérie. Mais, en même temps, la propagande colonialiste a vite fait d’exploité cet événement tragique pour tenter d’accréditer la thèse selon laquelle les dizaines ou les centaines de cadavres d’Algériens jetés dans la Seine ce jour-là seraient les résultats des « règlements de comptes » entre Algériens. Les promoteurs de cette compagne pernicieuse d’intoxication entendaient bien évidemment disculper la police française des crimes atroce perpétrés contre des manifestants pacifiques.
https://memoria.dz/2020/05/11/federatio ... in-ennemi/

Fédération de France du FLN Comment mener une guerre « sans armes »
mai 11, 2020
By Memoria

Très tôt, les dirigeants de la Révolution se sont rendus compte de l’importance vitale d’un redéploiement sur le sol français pour le succès de leur projet. C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée, sous l’impulsion de Mohamed Boudiaf, de créer une Fédération du FLN en France, dont la principale mission au départ était de soustraire la communauté algérienne installée dans l’Hexagone de l’influence des messalistes du MNA incarné par le leader nationaliste Messali Hadj, et qui constituait alors un sérieux rival pour FLN sur le terrain de la lutte contre l’occupation.

Il faut rappeler que la guerre fratricide qui vont se livrer les groupes de choc du FLN et ceux de son rival par des « règlements de compte » très meurtriers va faire plus de 4 000 morts et de 12 000 blessés. La Fédération de France prend le dessus définitivement en 1958. Elle est alors dirigée par Omar Boudaoud, secondé par Ali Haroun.

Le FLN a, ainsi, à prendre de l’avance sur son rival, essentiellement grâce la multiplication des groupes de choc, constitués de fidayine aguerris, issus généralement de l’Organisation spéciale (OS) qui prêtent serment sur le Coran, et qui étaient déchargés de toute autre tâche, et exonéré de toute cotisation ou autre obligation. Ces groupes sont aussi dotés d’un service de renseignement et fonctionnent comme une organisation secrète, où seul le chef doit savoir où sont cachées les armes et les membres d’une cellule ne connaissent pas les autres groupes, et les hommes du commando ne connaissent pas le nom de leurs victimes.

Parallèlement aux groupuscules MNA, ces commandos de choc avaient comme cibles principales les policiers français, responsables des répressions et intimidations quotidiennes dans les quartiers algériens. Du 25 août au 27 septembre 1958, ses commandos exécutent en France 56 sabotages et 242 attaques contre 181 objectifs économiques, militaires ou politiques, sans recourir au terrorisme aveugle. Des attaques plus sélectives visent en 1960 et 1961 les agents de force de police auxiliaire, les harkis de la préfecture de police de Paris.

Le difficile défi que les membres la Fédération de France du FLN qu’ils eurent à relever, c’était de mener la guerre contre le colonialisme français sur le sol même de la France, et surtout de mener une guerre « sans armes ». C’est ainsi que la fédération eut également comme mission de tenter d’influencer les milieux intellectuels et politiques français, en les sensibilisant sur la question algérienne.

Cela dit, le rôle le plus important, car déterminant pour l’essor de la lutte armée, qu’aura joué la Fédération de France du FLN, durant cette période cruciale, c’est notamment dans la collecte de fonds (80% du budget de fonctionnement du GPRA provenaient des cotisations de l’immigration algérienne, selon plusieurs sources), l’achat des armes et des munitions, les contacts avec les réseaux de soutien et la mobilisation de la communauté algérienne qui culmina par les manifestations historique du 17 octobre 1961 qui eut des échos retentissants dans le monde entier.

Vu le coût très élevé pour l’approvisionnement en armes pour les wilayas en Algérie, la mission importante de la Fédération est de fournir au FLN et à l’ALN des fonds récoltés auprès des travailleurs algériens en France estimés par le ministère français du Travail à 250 000 d’anciens francs, (le montant de l’apport financier de 1955 à 1962 est de 40 milliards), transférés vers l’extérieur et, à partir de 1961, vers les wilayas d’Algérie par des réseaux spécialisés.

Selon des statistiques officielles, l’organisation comptait en 1956 plus de 8 000 membres, et grâce à l’amélioration du recrutement, le nombre de ses membres va atteindre le chiffre de 136 345 en 1960, en comptabilisant les 878 éléments de la Belgique et de la Sarre en Allemagne.


En janvier 1960, le Congrès de Tripoli, par reconnaissance de son rôle majeure dans la lutte de libération, promeut la Fédération de France du FLN en septième wilaya, il compte parmi les cinq membres représentants de la Fédération de France au CNRA.

Beaucoup de militants nationalistes ont joué des rôles prépondérants dans le combat mené par la Fédération de France du FLN : de Mourad Terbopuche qui créa la première cellule du FLN en France, à Mohamed Lebjaoui, qui fut le premier chef de la fédération jusqu’à 1957, remplacé par Omar Bodaoud, qui eut à assumer la responsabilité jusqu’à l’Indépendance, assisté d’Ali Haroune, désigné comme responsable politique de la fédération.

Plusieurs témoignages précieux sur cet épisode charnière de la guerre de Libération nationales ont été publiés. On cite notamment ceux écrits par Mohamed Lebjaoui, Ali Haroune, Omar Boudaoud.


Adel Fathi
https://memoria.dz/2020/05/11/federatio ... ans-armes/
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Dernière modification par numidia le 13 mars 2021, 21:07, modifié 2 fois.
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numidia
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Re: 7ième Wilaya: la Révolution en France

Message par numidia »

Fédération de France du FLN : L’apport financier en chiffres
mai 11, 2020 - Adel Fathi - By Memoria

La plus grande contribution de la communauté algérienne établie en France à l’effort de guerre, fut principalement financière. La Fédération de France du FLN n’a fait que catalyser l’engagement d’une majorité d’ouvriers en faveur de la Révolution, en dépit des conditions difficiles dans lesquelles ils évoluaient, aggravées par la recrudescence de la répression policière depuis le déclenchement de l’insurrection armée en Algérie.

Dans leur livre Les porteurs de valises, paru en 1979, Patrick Rotman et Hervé Hamon indiquent, à titre d’illustration, que la contribution mensuelle –obligatoire, faut-il préciser- des ouvriers algériens dans l’émigration, et notamment en France, était estimé à 500 millions francs, qu’ils versaient régulièrement à la Fédération de France du FLN. Les deux historiens français confirment ce qui est déjà rapporté par des sources algériennes, notamment un rapport rédigé en 1961 par Ahmed Francis, alors ministre des Finances au sein du GPRA, à savoir que ce montant couvrait, à une certaine période, 80% du budget du GPRA.


La fédération a su maintenir le volume des cotisations au même niveau, en fixant d’abord le montant à 1000 francs pour chaque ouvrier, de 1954 à 1956, puis en l’augmentant graduellement, au fur et à mesure que la structure prenait de l’ampleur, pour atteindre 2000 francs en 1956, puis 2500 en 1957, avant de monter à 3000 en 1958, et enfin à 4000 en 1959.

Il faut savoir qu’au total, les ouvriers algériens envoyaient en Algérie environs 400 milliards francs, dont 10% était versé au FLN, ce qui fait que ce dernier était doté d’un budget de 7 à 10 milliards francs.

Autre catégorie d’Algériens actifs qui cotisait en France pour la Révolution : les commerçants. Les statistiques montrent que ceux-là versaient entre 5 000 et 50 000 francs par mois, selon les chiffres d’affaires et les recettes de chacun.

Les étudiants, eux, versaient entre 500 et 1000 francs par mois, pour ceux qui avaient une bourse ou étaient aisés.

Avec la montée du nombre d’adhérents à la fédération, et le retrait progressifs des messalistes qui continuaient à exercer, jusque-là, une certaine influence sur les milieux ouvriers algériens en France, le volume des cotisations commençait à augmenter substantiellement à partir de 1957. Ainsi, la fédération a pu collecter 20 millions, lors du premier semestre de cette année, et 463 lors du deuxième. En 1958, elle a transféré 494,4 millions.

En janvier 1961, le total des cotisations versées par les travailleurs algériens en France a atteint 49 085 880 francs, dont 55 062 750 constituent l’apport des commerçants et 53 539 880, celui des ouvriers.


La Fédération de France du FLN avait d’autres sources de financement, hors cotisations mensuelles. Celles-ci provenaient notamment des taxes imposées par les « comités des mœurs » aux prostituées et autres proxénètes, en plus des frais de justices prescrits par les tribunaux révolutionnaires, les dons de différents types comme la zakate, le ouchour, sans oublier les aides provenant des pays arabes et musulmans et des organisations internationales. A ce sujet, on sait que la solidarité des pays étrangers était restée, pendant les premières années de la Révolution, au stade du discours politique. Ce n’est qu’à partir de 1961, que ces pays ont commencé à apporter des aides financières. C’est ainsi que la Ligue arabe a, lors d’une réunion au Liban, décidé d’allouer 12 milliards francs comme aide à l’effort de guerre des Algériens contre le colonialisme français.

S’agissant des opérations de transfert des fonds collectées en France, la fédération du FLN prenait de grandes précaution, parce qu’elle se savait épiée par les services de renseignements français. Face au durcissement des mesures de contrôle sur tout transfert de fonds des Algériens, les responsables de la fédération étaient parfois contraints de recourir à des amis de la révolution algérienne, comme les membres du célèbre réseau Jeanson, pour transporter dans leurs valises des fonds destinées au GPRA en Tunisie.

Cela dit, la plus grande difficulté rencontrée par les membres de la fédération, c’était dans la collecte de cotisations, eu égard aux risques encourus par les agents chargés de l’opération qui, à chaque fois, devaient user de nouveaux stratagèmes pour échapper à la police française, mais aussi aux différents indicateurs et aux messalistes du MNA. C’est pourquoi le comité fédéral a mis en place un réseau de type pyramidal, inspiré du modèle des cellules de fidayine de la bataille d’Alger, dont les membres ne se connaissaient pas.

Les membres de la fédération étaient confrontés à un autre écueil : les mauvais cotisants. Pour parer à d’éventuelles « évasions », le réseau FLN durcit le contrôle au niveau des hôtels et des différents foyers occupés par les ouvriers algériens et exigea de tous les Algériens établis en France de signaler tout changement de résidence, pour pouvoir continuer à recevoir leur cotisation.

https://memoria.dz/2020/05/11/federatio ... -chiffres/
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Fédération de France du FLN : Des noms et des lieux
mai 11, 2020
By Memoria

Lorsque Mohamed Boudiaf charge Mourad Tarbouche de structurer le FLN dans l’émigration, il lui suggère d’être offensif et de s’appuyer sur les militants issus de l’OS, qui avaient réussi à se rendre clandestinement en France. Ce groupe investit les milieux ouvriers crée un premier comité chargé de la propagande, des finances et des affaires syndicales, en même temps que des groupes d’action couvrant toute la France, mais aussi la Belgique, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.

Ce groupe se réunit en janvier 1955 à Luxembourg, pour tracer un programme aussi détaillé qu’ambitieux. Ce programme se résume comme suite :

Faire connaitre l’autorité du FLN auprès des émigrés algériens ;
Déjouer les plans de la police françaises ;
Eliminer physique de Messali Hadj et intégrer ses partisans au sein du FLN ;
Associer la communauté algérienne dans la lutte pour l’Indépendance ;
Préparer des actions armés sur le sol français ;
Sensibiliser l’opinion publique françaises sur la question algérienne et la justesse du combat que mène le peuple algérien ;
Faire barrage aux hommes de Messali dans la collecte des fonds.

Il va sans dire que certains points de ce plan d’action ont été recadrés ou tempérés, au moment où la fédération adoptait une nouvelle politique privilégiant l’action politique et la sensibilisation, au détriment de l’action armée et la guerre fratricide.

Le tout premier noyau qui initia la fédération de France du FLN était composé d’anciens militants du MTLD qui avaient déclaré leur dissidence suite à la crise de 1953-1954. Il s’agit notamment de :

Les militants de Sochaux : Mohamed Merrar, Ahmed Doum ;
Les militants de Lyon : Noui Aïssa, Mesli, Si Larbi, Mohamed Sahli, Si Mohamed, Si Hamed ;
Les militants de Marseille : M’hammed Haddad, Si Arezki (assassinés par les messalistes en 1956) ;
Les militants de Lilles : Oudjedi, Djilali Damerdji ;
Les militants de Paris : Boumediene Mohand-Akli, Slaimi Saïd et Mourd.

Ils seront bientôt rejoints par un deuxième groupe composé de : Benmhel, Tayeb Boulehrouf, Boulkroua Moussa, Didouche Mourad, M’hammed Yazid, Benferhat Boussaïd, Belaala Aïssa, Omar Bellouchrani et Amroune Saïd.

La deuxième rencontre secrète entre Mohamed Boudiaf et Mourad Terbouche en Suisse aboutit à la mise en place d’une instance organique du FLN dans l’émigration. Celle-ci comprenait : Ali Mahsas, Mohamed Zerrouk, Abderrahmane Gherras et Taleb Mehdi, rejoints un peu plus tard par Chawki Mostefaï et l’écrivain Mohamed-Chérif Sahli. Dans le même sillage, des militants exclus du parti lors de la crise dite berbériste de 1949, ont été réhabilités pour être intégré dans les premières cellules de la Fédération de France du FLN. Parmi ses militants, on peut citer : Mohand-Amokrane Khelifati et Rabah Oumoussa.

Les dirigeants ont conçu un découpage territorial adapté à la conjoncture et au déploiement organique, Selon ce découpage, le territoire français est divisé en quatre wilayas :

Wilaya du Nord ;
Wilaya de Paris, divisée en deux zones :

Paris I : rive gauche de la Seine ;
Paris II : rive droite de la Seine

Wilaya de l’Est ;
Wilaya du Sud : elle comprend Marseille, Lyon et Bordeaux.

La première instance ne dura pas longtemps, puisqu’elle fut vite démantelée par les autorités françaises, et ses deux principaux animateurs : Mourad Tarbouche et Ali Mahsas, arrêtés. Une deuxième instance fut créée et dont la direction fut confiée à Fodhil Bensalem. Elle était structurée comme suit :

Mohamed Mechati, responsable de la région Est de la France, chargé de l’information, de l’édition et de la distribution ;
Fodhil Bensalem, responsable de la région Nord, chargé de l’impression ;
Ahmed Gherras, responsable des régions Centre et Sud (Lyon, Marseille), chargé de l’information et de la distribution ;
Ahmed Doum, responsable de la région de Paris, chargé des finances.

Cette structure a, toutefois, connu des débuts difficiles, à cause d’une rupture de communication subite avec les frères en Algérie, mais Ahmed Doum a réussi, grâce à son dynamisme, à trouver des solutions et à renouer le contact avec Alger en s’y rendant en novembre 1955. Il a ainsi réussi à acheminer à Paris Mohamed-Salah Louanchi, fraichement nommé à la tête de la Fédération de France du FLN par Abane Ramdane. Ce dernier était en rivalité avec Mohamed Boudiaf pour chapeauter la représentation du FLN dans l’émigration. Louanchi arrive ainsi en France avec une nouvelle équipe composée de : Mohamed-Chérif Sahli, Chawki Mostefaï, Franz Fanon, Tayeb Boulehrouf, Zine El-Abidine Moundji, Hadj Chechali, Abderrazak Chentouf et Mostefa Lacheraf.

Ainsi, selon la nouvelle structuration, Salah Louanchi préside le nouveau comité de direction de la fédération, aidé de quatre membres : Mohamed Mechati, Fodhil Bensalem, Ahmed Gherras et Ahmed Doum. Deux nouveaux membres font leur entrée au comité : Ahmed-Taleb Ibrahimi, chargé des relations avec l’extérieur, et Tayeb Boulehrouf, chargé de l’information, assisté par Mohammed Harbi, Moussa Boulkroua, Abdelmalek Benhabyles et Hocine Moundji.

Adel Fathi
https://memoria.dz/2020/05/11/federatio ... des-lieux/
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DZsweetDZ
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Re: 7ième Wilaya: la Révolution en France

Message par DZsweetDZ »

salam merci pour ton excellent travail numidia

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numidia
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Re: 7ième Wilaya: la Révolution en France

Message par numidia »

j'en appelle aux députés de la diaspora et aux associations
grace à votre position, vos possibilités, vos relations vous pouvez oeuvrer pour développer la connaissance et la transmission de notre histoire,
auprès notamment des jeunes de la diaspora, mais aussi auprès des jeunes générations en Algérie

Messieurs les députés,
Actions d'éclat des fidayine sur le sol français: le rôle de l'immigration algérienne dans la Révolution mis en avant
Publié le : jeudi, 25 août 2022

ALGER - Les participants à une rencontre organisée mercredi à Alger à l'occasion du 64e anniversaire des actions d'éclat menées par les fidayine sur le sol français ont mis en avant le grand rôle joué par l'immigration algérienne dans la Révolution par l'ouverture d'un second front armé sur le territoire du colonisateur à travers des attentats ciblant des objectifs stratégiques.

Pour le conférencier Mohamed Lahcen Zeghidi, cette rencontre, organisée par l'association Machaâl Echahid au Forum d'El-Moudjahid, "permet de braquer les projecteurs sur le rôle joué par l'immigration algérienne dans la Révolution de libération en portant la lutte armée sur le territoire français et en faisant retentir l'écho de la Révolution à l'international".

Les actions d'éclat menées sur le sol français par les commandos de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), le 25 août 1958, ont montré au colonisateur que "porter la lutte armée sur le sol français était une réalité à admettre", a soutenu Mohamed Lahcen Zeghidi.

Et de préciser que ces actions armées, qui se sont poursuivies jusqu'au 8 septembre 1958, ont ciblé plus de 200 objectifs économiques et militaires, épargnant les civils, les enfants, les femmes et les vieillards, expliquant que "toutes les actions des commandos visaient à frapper les symboles de la France coloniale et à défendre la Révolution de libération".

Dans leurs interventions, des moudjahidine membres de la Fédération de France du FLN ont évoqué les principales opérations menées par des fidayine sur le sol français pour faire retentir l'écho de la Révolution et porter la voix du peuple algérien dans l'opinion publique française et internationale.

Les participants ont rappelé les manifestations pacifiques organisées le 17 octobre 1961 en France et qui ont été réprimées dans le sang par le colonisateur.

Les aides financières et les dons collectés par les immigrés algériens en France au profit du Gouvernement provisoire ont également été évoqués.

Les participants ont, par ailleurs, appelé les membres de la communauté algérienne à l'étranger à continuer à se tenir aux côtés de l'Algérie dans les moments difficiles, à partager ses joies et à contribuer à la construction de la nouvelle Algérie.
https://www.aps.dz/algerie/144053-actio ... s-en-avant
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