Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

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Sifax
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par Sifax »

En 1988 c'était une vraie révolution et l'Algérie a fait tomber l'unipartisme.

C'est exactement comparable à ce qui se passe aujourd'hui dans les pays arabe. Les revendications étaient politiques, sociales, économiques et même identitaires. Ce n'est pas non plus un fait isolé, il y avait une vague de "révolutions" dans le monde à cette époque là (Europe de l'Est).

Nous ne l'avons pas appeler "révolution" a cause de trois points:

1- Parce que dans la mémoire collective algérienne, la révolution c'est beaucoup plus noble que ça (Novembre 1954 par exemple)
2- Parce qu'on a fait tomber l'unipartisme sans pouvoir dissoudre le FLN.
3- Parce que des fondamentalistes religieux muni d'une idéologie moyen-nageuse, et une classe politico-militaire issu du système d'avant 1988 ont fait saboter l'ouverture démocratique par une violence extrême et par l'ignorance.

Donc oui ce qui s'est passé en octobre 1988 d'un point de vu arabe, c'est une vraie grande révolution. Et non, du point de vu algérien ce n'est pas une vraie grande révolution, en tout cas, pas avant l’installation définitive d'une vraie démocratie, une justice sociale et une prospérité.

sabot2012
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par sabot2012 »

ce qui s est passé en algerie en 88 est une révolte contre un système de parti unique (FLN) qui a force de mal gérer le destin du pays ce dernier s est retrouvé dans une crise grave a cause de la très grande dépendance des hydrocarbures , cette révolte vient essentiellement de la dégradation du niveau de vie suite a la chute des prix des hydrocarbures

maintenant 23 ans plu tard (2012) le pays est toujours le même a savoir :
FLN au pouvoir qu'il n a jamais quitté depuis 62
le pays est toujours aussi dépendant des recette du gaz et les revendications économiques reviennent régulièrement a la page : huile sucre crise récurrentes des pommes de terre etc etc qu'es ce qu'a changé?

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Sifax
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par Sifax »

Sabot, tu as tout, absolument tout, faux.
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scorpion-rouge35
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par scorpion-rouge35 »

sabot2012 a écrit :finalement si on analyse un peu :
les algerien sont sorti en 88 suite a la crise economique et la degradation de leur conditions de vie
en 2011 il sont sorti pour l'huile et le sucre
je me demande si les algeriens ne sortent pas que pour des raison économiques car si on commence a comparer un peu il y a eu des manifestations au Maroc en 81 pour hausse des denrée de 1er necessité et il y a eu des mort la police a ouvert le feu on peu appeller ça un printemps aussi

un printemps ce n'est pas des manifestation khoubzistes ( on sort parcequ on peu plus acheter a manger) je crois bien que le seul printemps que l'algerie a connu est le printemps berbère corrigez moi si je fait erreur
il y a une grande différence entre des manifestation pour la revendication de droit sociaux , exemple Algérie/Maroc 2011 , revendication politique algerie 1988/Tunisie 2010,revendication culturel Algérie 1980/2001.
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draganov
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par draganov »

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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par scorpion-rouge35 »

les changement de régime du printemps arabes ne semble avoir fournis la liberté tant attendue par les peuples arabes
Printemps arabe
Regards croisés d’experts à Alger


Ont pris part hier au débat, entre autres, Éric Denécé, Yves Bonnet, président du Ciret-Avt, Richard Labévière, reporter à la TV suisse romande (TSR) et consultant en relations internationales, et le Syrien Majed Nehmé.

Image

Deux années après l’apparition des Printemps arabes dans le monde arabo-musulman, ces mouvements se sont-ils vraiment transformés en “révolutions” ? Telle a été la problématique de la journée d’étude organisée, hier, à l’hôtel Hilton (Alger), par l’Association algérienne de solidarité avec la femme rurale (Aasfr), en collaboration avec le Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes (Ciret-Avt), section Algérie. Cette rencontre, comme ont eu à l’expliquer les organisateurs, fait suite à un travail d’approche de la réalité des évènements ayant éclaté en Libye et en Syrie, ensuite à la publication récente d’un ouvrage, intitulé La face cachée des révolutions arabes et paru aux éditions Ellipses (France). Le livre en question, réalisé par le Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r), sous la direction de son directeur, Éric Denécé, rassemble plus d’une vingtaine d’auteurs de 8 nationalités différentes (dont deux d’Algérie) et d’horizons divers.
Un panel d’experts internationaux ont pris part hier au débat, dont certains auteurs de La face cachée des révolutions arabes, comme par exemple Éric Denécé, Yves Bonnet, président du Ciret-Avt, Richard Labévière, reporter à la TV suisse romande (TSR) et consultant en relations internationales, et le Syrien Majed Nehmé, directeur de la rédaction du magazine Afrique Asie. Dans son intervention, Saïda Benhabylès, présidente de l’Aasfr et membre fondateur du Ciret-Avt, a clairement laissé entendre que deux ans après les évènements qui avaient secoué la région du Mena, les changements opérés depuis ne peuvent être vus comme “une libération des peuples”. Le prix des Nations unies pour la société civile a, en outre, estimé que ces “révolutions arabes” ont eu “des conséquences néfastes”, citant particulièrement le recul des droits de l’homme et ceux de la femme, la destruction de monuments religieux et l’instrumentalisation de l’islam politique. “À travers ces Printemps et révolutions, les courants islamistes ont plongé les peuples dans l’obscurantisme”, a soutenu Mme Benhabylès. De son côté, Yves Bonnet est revenu sur l’espace méditerranéen, rappelant que “c’est aussi une terre qui a fait l’objet d’un certain nombre d’appropriations, militaires, religieuses, idéologiques…”. L’ancien directeur de la surveillance du territoire (DST) a également insisté sur “l’enjeu” que représente la Méditerranée, en liaison avec les acteurs extérieurs, notamment les acteurs nouveaux, tels que l’Angleterre, l’Allemagne, Israël et les États-Unis. Dans ce cadre, il a affirmé que la politique israélienne a toujours été “de diviser, de fragmenter, d’émietter le monde arabe”. M. Bonnet a aussi abordé le rôle joué par le pays de l’Oncle Sam en sa qualité d’“inspiré de la politique israélienne”, signalant la réalité de “l’obsession américaine du danger russe” et celle de leur “politique d’endiguement”, en s’appuyant sur des pays comme l’Allemagne, la Turquie, l’Iran du Chah, le Pakistan ou le Japon. “Les États-Unis ont fabriqué cette réaction intégriste, qui n’a rien à voir avec la religion”, a encore noté l’intervenant, précisant que le but était de “persécuter tous les régimes dits laïques” et d’“essayer de les renverser”. L’intervenant suivant, Éric Denécé, pour sa part, a déclaré que les conditions des “révolutions arabes” ont été “préparées à partir de 2002, par les États-Unis”. D’après lui, les “méthodes de déstabilisation et de manipulation”, employées en Serbie, Ukraine et Géorgie, ont été “réadaptées”. De plus, outre le fait que le mouvement de révoltes ait été amplifié par les médias, Internet et les réseaux sociaux, les fuites de WikiLeaks ont constitué “un accélérateur du Printemps arabe”, dira-t-il. Mais, l’ex-analyste du renseignement n’a pas exclu que les ingérences extérieures (USA, pays du Golfe, etc.) ont aussi été rendues possibles par de “vraies raisons d’insatisfaction”, localement. “J’ai la conviction que les Américains ont été plus loin qu’Israël” concernant l’incitation de pseudos révolutions arabes, a révélé M. Denécé, en y voyant un “début de divergence entre Washington et Tel-Aviv”.

http://www.liberte-algerie.com/actualit ... abe-192209
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par Sifax »

Le think tank américain RAND qualifie le printemps arabe de “mirage” (Par Lila Ghali, 14/01/2013)

Le temps est en train de donner raison à l’Algérie qui a tôt pris ses distances par rapport à ce qui est appelé “le printemps arabe”.

Le think tank américain dont les études font autorité et qui jouit d’une grande audience auprès des décideurs politiques US vient de publier une étude consacrée aux récents bouleversements politiques intervenus dans le monde arabe, en expliquant que les belles perspectives de démocratisation ouvertes par les révolutions arabes se sont aujourd’hui assombries et que le “printemps arabe” n’aura été qu’un “mirage”.

Pour ce think tank , ceux qui croyaient que les événements de 2011 annonçaient “la fin tant attendue de l’immunité des pays arabes des mouvements de démocratisation, avaient fait, finalement, une lecture qui a mal interprété les événements et affiché un optimisme excessif”.

La disparition de l’autoritarisme dans le Monde arabe peut arriver mais il y a peu de raisons de penser que ce jour soit proche, analyse ce think tank. Certes, après la chute des anciens dirigeants tunisien, égyptien et libyen, des élections équitables ont été organisées dans les trois pays où les électeurs ont exprimé librement leurs opinions politiques, reconnaît-il.

Cependant, la plupart des pays du Monde arabe, dont la Tunisie qui célèbre aujourd’hui le deuxième anniversaire de “la révolution du jasmin” n’ont pas franchi cette voie politique, et ceux qui ont commencé à se libéraliser ont du mal à maintenir l’ordre, se sont enfermés au niveau des acquis réalisés et font face à une grande incertitude, observe ce cercle de réflexion spécialisé dans les questions de défense et des relations internationales.

A ce propos, il relève que le gouvernement “fragile” en Libye n’a pas réussi à désarmer les milices qui contrôlent de nombreuses régions du pays tandis que les violations des droits de l’homme se poursuivent, et qu’à l’instar de l’Irak, la rédaction d’une Constitution sera probablement entravée par des dissensions sur la question du pouvoir entre les différentes régions du pays.

Alors qu’en Tunisie, l’Etat reste “faible” et fait face au défi des salafistes radicaux, en Egypte, le gouvernement, dirigé par les Frères musulmans, tente de consolider son emprise du pouvoir et de faire taire les médias en recourant aux pratiques qui rappellent l’ère Moubarak, observe-t-il.

Par ailleurs, la Syrie a sombré dans une guerre civile sanglante, l’Irak et le Yémen, déjà instables auparavant, restent profondément fracturés avec la persistance de la violence. Pire encore, le terrorisme continue aussi d’être un problème majeur avec Al-Qaïda et ses affiliés qui essayent de combler le vide en Libye, en Syrie et dans d’autres pays instables, selon RAND.

Quant aux monarchies du Golfe, il souligne que ces dernières, “mal à l’aise à l’égard du Printemps arabe comme elles l’étaient à l’égard du nationalisme arabe, ont repris le flambeau de la contre-révolution.

“Evoquant les enjeux des Etats-Unis dans ce contexte, ce think tank juge que Washington ne devrait pas fonder sa politique à l’égard des pays arabes sur l’hypothèse d’une démocratisation rapide ou durable. Il soutient également que toute tentative de Washington d’établir la démocratie dans la région échouera “si les conditions sociales et économiques locales ne sont pas encore mûres et si ses intérêts particuliers dans ces pays s’opposent aux réformes politiques”.

Les Etats-Unis et leurs alliés, poursuit-il, “ont besoin de protéger leurs intérêts stratégiques vitaux dans la région pour contrebalancer les pays avec qui ils sont en conflit comme l’Iran, accéder aux ressources énergétiques et lutter contre le terrorisme”.

Son analyse va jusqu’à considérer que la réalisation de ces objectifs “nécessite de travailler avec certains gouvernements autoritaires et d’accepter le monde arabe tel qu’il est”, en faisant valoir que les Etats-Unis comptent parmi leurs alliés ”un certain nombre de pays arabes autoritaires qui sont des partenaires essentiels dans la protection de ses intérêts”.

De surcroît, il juge qu’il s’agit aussi de contrecarrer l’Iran en l’empêchant d’acquérir des armes nucléaires et en gardant l’œil sur ses ambitions régionales à long terme. “Même si la plupart des pays sur lesquels les Etats-Unis comptent pour l’aider à lutter contre l’Iran (Jordanie, Arabie saoudite et les Emirats arabes unis) ne sont pas démocratiques, leur coopération est trop importante pour que Washington les abandonne”, admet-il.

Qui plus est, l’objectif essentiel de préserver la libre circulation des ressources énergétiques à des prix raisonnables appelle les Etats-Unis ”à continuer à travailler avec les pays autoritaires pour préserver leur sécurité énergétique”, ajoute-t-il encore.

Pour ce Think tank, bien que les Etats-Unis puissent prendre certaines mesures pour soutenir la démocratisation dans la région dans le long terme, “ils ne peuvent pas forcer le changement”.
http://www.algerie1.com/actualite/le-th ... edemirage/

Ps: Je ne partage pas l'idée de cet article.

numidia
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par numidia »

Communiqué de presse
Michel Collon sera en Algérie à partir du 9 novembre pour animer trois débats :

1) “ Les nouvelles formes de dominations ”
Table ronde au Salon international du Livre d’Alger. Samedi 9 novembre, de 13 à 18 heures.
Avec Régis Debray, Slimane Zeghidour, Jean Bricmont, Tariq Ali et Michel Collon. Hôtel Hilton, chapiteau Romeli.
Coordinateurs et modérateurs : Slimane Hachi et Youcef Sayah. Infos : http://www.sila-dz.com

2) Palestine, Liban, Libye, Syrie : à qui le tour ?
Les nouvelles stratégies de Washington et Paris pour recoloniser le Grand Moyen-Orient
Conférence débat avec Michel Collon. Dimanche 10 novembre, à 14 h 30.
A la librairie Omega de l’Hôtel Aurassi Alger.
Organisateurs : la Moubadara du 24 février et la librairie Omega.

3) Que nous a légué Hugo Chavez ?
Leçons de l’Amérique latine et stratégie face aux médias de l’Empire
Conférence débat avec Michel Collon. Lundi 11 Novembre à 14 h 30.
Au siège du journal Alger républicain, Maison de la Presse, Alger.
Organisateurs : la Moubadara du 24 février et l’association des Amis d’Alger républicain.
https://www.facebook.com/silacom
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scorpion-rouge35
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par scorpion-rouge35 »

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medhak
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par medhak »

Que sont les révolutions arabes devenues ?

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Publié initialement sur Nouvelles d’Orient*, cet article d’Alain Gresh** est un bilan nuancé du processus de changement politique dans la région arabe trois ans après son enclenchement. Pour l’auteur, si les présidents Ben Ali et Moubarak sont tombés si aisément « c’est parce que… les régimes sont restés en place ».


Il y a trois ans, à la surprise générale, aussi bien de la part des intellectuels arabes enfermés dans leurs tours d’ivoire que des experts occidentaux qui pontifiaient sur la passivité des masses arabes ainsi que sur leur peu d’aspiration au changement et à la démocratie, le peuple égyptien, à la suite du peuple tunisien, descendait dans la rue et mettait à bas en quinze jours une dictature qui paraissait inébranlable. Le caractère pacifique des changements intervenus, certes avec des martyrs mais sans massacres à grande échelle, a étonné le monde.

Trois ans plus tard, le scepticisme et la déception ont repris le dessus, beaucoup d’intellectuels arabes et nombre de spécialistes européens et américains dissertent sur « l’hiver islamiste », sur l’arriération des masses — en Egypte, par exemple, certains se demandent sérieusement s’il faut accorder le droit de vote aux analphabètes —, sur le « complot occidental » et sur l’impossibilité de changer ce monde arabe. Ils reprennent même le slogan des anciens régimes, « mieux vaut les militaires que les islamistes ».

http://www.maghrebemergent.info/actuali ... enues.html
Avec le recul, comment analyser ce qui s’est vraiment passé en Tunisie comme en Egypte au début de l’année 2011 ? Etait-ce une révolution ? La facilité avec laquelle sont tombés les présidents Ben Ali et Moubarak a créé l’illusion : leur chute n’était qu’une première étape. On pourrait même ajouter que si ces deux présidents sont tombés si aisément c’est parce que… les régimes sont restés en place. Autrement dit, l’essentiel de la classe dirigeante en Egypte et en Tunisie a compris qu’elle pouvait sacrifier les deux raïs sans remettre en cause ses privilèges. Les grandes fortunes et les hommes d’affaire, souvent corrompus, l’« Etat profond », la haute bureaucratie, se sont résignés à accepter le départ de dictateurs devenus gênants, justement pour tenter de garder leurs prébendes, afin d’éviter une révolution de plus grande ampleur.

Cela nous amène à une réflexion sur la différence entre la situation dans ces deux pays et en Syrie. Là, le président Bachar Al-Assad a réussi à convaincre une partie essentielle des classes au pouvoir que sa chute entrainerait non seulement la perte de leurs privilèges, mais aussi leur liquidation physique. Pourquoi Assad a-t-il réussi là où Ben Ali et Moubarak ont échoué ? De nombreux facteurs ont joué, et d’abord la détermination brutale du pouvoir qui s’est soudé, après quelques hésitations, autour du chef. Mais la militarisation de l’insurrection, l’arrivée de combattants djihadistes étrangers, l’incapacité de l’opposition à « rassurer » les minorités et une partie des élites ont facilité les manœuvres d’Assad et lui ont permis de se draper dans les oripeaux de « la lutte contre les djihadistes ».

Au pays du Nil, la victoire représentée par le départ du président Moubarak ne marquait pas la disparition de l’Etat ancien. La réforme en profondeur de celui-ci, en premier lieu du ministère de l’intérieur, la réponse aux aspirations de justice sociale de la population (que l’on se rappelle le rôle des grèves ouvrières aussi bien en Tunisie qu’en Egypte), nécessitait une stratégie à court et moyen terme. Or, non seulement les forces d’opposition ont été incapables de formuler un programme réaliste — au-delà de l’invocation incantatoire du modèle nassérien en Egypte, modèle impossible à imposer dans les conditions actuelles (en tous cas aucune force n’a expliqué comment, dans les conditions actuelles, elle comptait appliquer ce modèle) —, mais elles n’ont pas su définir une stratégie de transformation progressive de l’appareil étatique qui aurait permis d’épurer les principaux responsables de l’ancien régime tout en « amnistiant » les autres. C’était une des forces et une des faiblesses du mouvement de janvier-février 2011 : il n’avait pas de programme défini.

Si on compare ce qui s’est passé dans le monde arabe aux grandes révolutions de l’histoire qu’a connues le XXe siècle, il faut remarquer qu’il n’existait (et qu’il n’existe toujours pas) dans le monde arabe ni parti politique, ni idéologie capable de mobiliser les masses (comme en Russie en 1917 ou en Iran en 1978-1979) pour briser l’ancien appareil d’Etat et en édifier un nouveau, pour faire du passé table rase. C’est un constat. Certains le regretteront, d’autres s’en réjouiront, mais c’est une réalité qui ne changera pas dans les années qui viennent. Et les révolutions arabes ressembleront plus à un processus, avec des avancées et des reculs, qu’à un bouleversement majeur avec un « avant » et un « après ».

Dans ce processus, les Frères musulmans égyptiens, qui ont participé aux mobilisations de janvier-février 2011, se sont comportés, pour l’essentiel, en force conservatrice, cherchant à trouver des compromis avec l’ancien régime, que ce soit la direction de l’armée ou de la police. Il est ironique que ce soit le ministre de l’intérieur nommé par le président déchu Mohammed Morsi qui orchestre la brutale répression contre les Frères. Une fois arrivé au pouvoir, et malgré les promesses faites aux forces révolutionnaires pour obtenir la victoire au second tour de l’élection présidentielle, Morsi a poursuivi dans cette voie, encouragé, il faut le reconnaître, par les hésitations et les atermoiements de l’opposition représentée par le Front de salut national, par le rapprochement entre celle-ci et les forces de l’ancien système. Au final, par leurs erreurs et leur sectarisme, les Frères musulmans ont même réussi à réhabiliter l’ancien régime aux yeux de nombreux Egyptiens, qui ont fini par justifier le coup d’Etat du 3 juillet.

Mais, malgré l’appui dont ont bénéficié au départ les militaires, malgré la répression (ou à cause d’elle), il est clair que le nouveau gouvernement, simple façade du pouvoir militaire, aura du mal à établir de solides assises. D’autant que ni dans le domaine économique et social (le pays ne vit désormais que grâce à l’aide saoudienne et celle du Golfe) ni sur le plan des libertés — la loi sur les manifestations qui réduit à néant ce droit chèrement acquis par les Egyptiens en témoigne — le pouvoir ne répond aux demandes de la révolution de janvier-février 2011.

A partir de ce constat assez sombre, on pourrait être amené à penser que ce qui s’est passé dans le monde arabe n’est pas une révolution, voire même que c’est un « complot occidental » pour déstabiliser la région. En fait, l’année 2011 marque le surgissement des peuples arabes sur la scène politique, une profonde prise de conscience que l’ordre ancien ne peut se maintenir, que les pays arabes ne peuvent rester à l’écart du monde, que les Etats doivent respecter leurs citoyens, lesquels ont des droits inaliénables. Au-delà des avancées et des reculs, c’est une transformation majeure.

Dans un ouvrage célèbre, Le gauchisme, la maladie infantile du communisme (1920) Vladimir Ilitch Lénine décrivait ainsi une situation révolutionnaire : « C’est seulement lorsque “ceux d’en bas” ne veulent plus et que “ceux d’en haut” ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. » Si l’on s’en tient à ces critères, la situation dans le monde arabe reste révolutionnaire.

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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par numidia »

printemps arabe, dix ans après ( vidéo)
Par Mehdi Messaoudi - 11 mars 2021

Dans une conférence animée ce mercredi, le Docteur Miloud Chennoufi professeur de relations internationales et directeur des études supérieures au Collège des Forces Canadiennes (Toronto) décortique ce qui est appelé “printemps arabe” dix ans plus tard.
En cette opportunité, Algérie54 diffuse la vidéo de la conférence d’un spécialiste de la géopolitique , notamment en ce qui concerne le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord


https://algerie54.com/2021/03/11/printe ... be-medias/
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foxy72
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par foxy72 »

Excellente contribution et remarquables réflexions du Pr Chenoufi. A diffuser sans modération. Merci numidia.

La pourriture traîtresse du FIS est à la manœuvre, qu’on se le dise.

A bon entendeur.
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kaci
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par kaci »

foxy72 a écrit :
13 mars 2021, 23:37
Excellente contribution et remarquables réflexions du Pr Chenoufi. A diffuser sans modération. Merci numidia.

La pourriture traîtresse du FIS est à la manœuvre, qu’on se le dise.

A bon entendeur.
A présent, il ne s'agit plus de printemps, mais d'été (s) Arabes. Et les malheureuses fesses risquent de rougir fort !!!!
Après la suspension Par MBZ des palabres sur le F35, doingradé au rang de dinde volante, Voilà, le Royaume pris en flagrant délit d'accointances sulfureuses avec les tout-gentils Chinois. Ca parle d'implanter des site de production de missiles dans le royaume
Joe Biden risque une dépression, ou une balle dans la tête comme Kenedy, si jamais les deux perles du Hijaz réussissent sérieusement à établir des relations, autre que commerciales sur étagères. Comme exemple pétrole, libellé en dollars ricain, ou autre commerce que les US ne peuvent pas se permettre d'interdire pour le moment...A moins que que des évolutions majeures ne viennent précipiter la confrontation...
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kaci
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par kaci »

kaci a écrit :
24 décembre 2021, 12:20
foxy72 a écrit :
13 mars 2021, 23:37
Excellente contribution et remarquables réflexions du Pr Chenoufi. A diffuser sans modération. Merci numidia.

La pourriture traîtresse du FIS est à la manœuvre, qu’on se le dise.

A bon entendeur.
A présent, il ne s'agit plus de printemps, mais d'été (s) Arabes. Et les malheureuses fesses risquent de rougir fort !!!!
Après la suspension Par MBZ des palabres sur le F35, doingradé au rang de dinde volante, Voilà, le Royaume pris en flagrant délit d'accointances sulfureuses avec les tout-gentils Chinois. Ca parle d'implanter des site de production de missiles dans le royaume
Joe Biden risque une dépression, ou une balle dans la tête comme Kenedy, si jamais les deux perles du Hijaz réussissent sérieusement à établir des relations, autre que commerciales sur étagères. Comme exemple pétrole, libellé en dollars ricain, ou autre commerce que les US ne peuvent pas se permettre d'interdire pour le moment...A moins que que des évolutions majeures ne viennent précipiter la confrontation...
Les plans US, se suivent et se ressemblent. Echec en Egypte, probable échec Hijaz, semi échec en Syrie, peut être une réussite en Libye si Haftar arrive au pouvoir sans déclencher une poursuite de la guerre civile.
Une chose est sûre, le monde arable est en sang, le progrès est stoppé, mais le fardeau US et occidental s'allège de jour en jour...
Le régime néo-protectoral imposé partout risque de tourner au vinaigre....
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anzar
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Re: Printemps Arabe [ 2010- ???? ]

Message par anzar »

C'est pas nouveau les chinois auraient fourni des missiles balistiques à l'Arabie Saoudite dans les années 2000.
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