Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Venez discuter des événements qui ont jalonné l'histoire depuis le néolithique jusqu'aux débuts des années 1990.

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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Les atrocités commises par les croisés lors de la première Croisade.


« Le cannibalisme des Occidentaux »
Arrive le soir du 11 décembre 1098 . Il fait très sombre et les Franj n'osent pas
encore pénétrer dans la cité. Les notables de Maara entrent en contact avec Bohémond, le nouveau maître d'Antioche , qui se trouve à la tête des assaillants. Le chef franc promet aux habitants la vie sauve s'ils cessent le combat et se retirent de certains bâtiments. S'accrochant désespérément à sa parole, les familles se regroupent dans les maisons et les caves de la ville et, toute la nuit, attendent en tremblant.
À l'aube, les Franj arrivent: c'est le carnage. Pendant trois jours, ils passèrent les gens au fil de l'épée, tuant plus de cent mille personnes et faisant beaucoup de prisonniers. Les chiffres d'Ibn al-Athir sont évidemment fantaisistes, car la population de la cité à la veille de sa chute était probablement inférieure à dix mille habitants. Mais l'horreur ici réside moins dans le nombre des victimes que dans le sort à peine imaginable qui leur a été réservé.
A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés. Cet aveu du chroni¬queur franc Raoul de Caen, les habitants des localités proches de Maara ne le liront pas, mais jusqu'à la fin de leur vie ils se rappelleront ce qu'ils ont vu et entendu. Car le souvenir de ces atrocités, propagé par les poètes locaux ainsi que par la tradition orale, fixera dans les esprits une image des Franj difficile à effacer. Le chroniqueur Oussama Ibn Mounqidh, né trois ans avant ces événe¬ments dans la ville voisine de Chayzar, écrira un jour:
«Tous ceux qui se sont renseignés sur les Franj ont vu en eux des bêtes qui ont la supériorité du courage et de l'ardeur au combat, mais aucune autre, de même que les animaux ont la supériorité de la force et de l'agression.
Un jugement sans complaisance qui résume bien l'impression produite par les Franj à leur arrivée en Syrie: un mélange de crainte et de mépris, bien compréhensible de la part d'une nation arabe très supérieure par la culture mais qui a perdu toute combativité. Jamais les Turcs n'oublieront le canniba¬lisme des Occidentaux. À travers toute leur littérature épique, les Franj seront invariablement décrits comme des anthropophages.

Amin MAALOUF, Les Croisades vues par les Arabes, 1983.
Il est indéniable que ces faits se sont passées ,ils ont étés relatés par Raoul de Caen ,un chroniqueur franc de cette époque.

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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Le massacre des Juifs à Jérusalem en 1099 .

Les Juifs s'étaient remparés dans leur synagogue, au nord de la ville ; des bandes de croisés et de pèlerins s'y ruèrent en masse, l'arme au poing. En voyant surgir ces hordes assoiffées de sang et d'or, le rabbin alla à leurs devants pour tâcher de se concilier leur indulgence. On l'injuria, on le frappa, on lui arracha la barbe en criant :
Race de Judas ! mécréants ! vous avez vendu le Christ, vous l'avez livré aux Romains pour trente deniers ! Aucune pitié pour vous !
Le vieil homme tenta de protester : une lance le cloua au sol. Des soldats ivres de violence firent le tour de la synagogue avec des torches, mirent le feu aux quatre coins de l'édifice et abatti­rent sans pitié, comme par jeu, les malheureux qui tentaient d'échapper aux flammes.

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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

L’armement occidental pendant la première croisade
Lorsqu’en 1096, les croisés, Francs ou Latins, se présentèrent à Constantinople, ils entrèrent du même coup en contact avec deux civilisations qui n’étaient pas totalement inconnues en Europe, mais dont la majorité des croisés n’avait qu’une très vague idée : les Byzantins et les musulmans.

Une opinion assez généralement répandue veut que les croisés représentaient une puissance irrésistible, que leur armement défensif les transformait en des sortes d’engins blindés, insensibles aux flèches, avançant pesamment et inexorablement jusqu’à la destruction totale de l’ennemi. D’autre part, leur nombre, et leur valeur au combat les auraient rendus invincibles. En face, des Byzantins pusillanimes sont considérés comme incapables de résister aux attaques de quelques Turcs. Quant à ces derniers, tout juste bons à massacrer la croisade des paysans sans défense, ils auraient été incapables de résister à l’armée des chevaliers. Le ton est alors donné, la croisade n’était en fait qu’une promenade militaire, la victorieuse progression des croisés vers Jérusalem n’étant ralentie que par les querelles entre chefs et par leur appétit de conquête, exacerbé par la découverte d’un pays opulent. Il est à peine question d’une résistance armée.

Les forces en présence

Les croisés

Or la réalité est tout autre : d’une part, les croisés, nobles ou paysans, ne furent jamais sans peur ni sans reproche : pillages et massacres commencèrent bien avant leur arrivée en Grèce, et les Turcs ne furent pas les seuls à lutter contre. La croisade des paysans s’était déjà fait sévèrement étriller par le roi Coloman de Hongrie, qui avait exterminé les bandes dirigées par les comtes Emich von Leiningen et Hartman von Dilligen, en raison des ravages sans nombre qu’elles avaient commis sur ses terres. À son arrivée en Grèce, la croisade des paysans s’était livrée au pillage de la ville de Nish, ce qui lui avait valu de sévères représailles ordonnées par l’empereur Alexis Ier Comnène. L’empereur avait ensuite fait embarquer cette troupe hétéroclite en direction de l’autre rive du Bosphore, à Civitot, où Étienne de Blois atteste que la flotte impériale la ravitaillait nuit et jour. Certains auraient voulu continuer sans tarder et se seraient fait massacrer, leurs ossements desséchés étant rassemblés en un grand amas. Mais le massacre ne fut cependant pas aussi total que les historiens musulmans, notamment Ibn-al-Qalanissi, le laissent entendre : quand l’armée des chevaliers atteignit Civitot, elle y trouva Pierre l’Hermite et Guillaume le Charpentier, ainsi que des pauvres innombrables.

Les Byzantins



D’autre part, en fait de Grecs apeurés, les croisés tombèrent sur une armée byzantine expérimentée, forte d’environ 70 000 hommes, capable des manœuvres les plus complexes, qui défit en un tour de main toutes les troupes franques qui adoptèrent une attitude agressive, comme celle de Raymond de Saint-Gilles, qui fut sévèrement battue à Rodosto. L’armée grecque encadra assez solidement les Francs dans leur traversée du territoire impérial, sans toutefois pouvoir empêcher Godefroy de Bouillon de piller Selymbria. Évidemment, cet encadrement fut facilité par le fait que l’armée des chevaliers arrivait divisée en quatre groupes, qui purent être maîtrisés l’un après l’autre. Cette armée byzantine avait toutefois un point faible : ses effectifs étaient de renouvellement délicat. Elle était de plus en plus composée de mercenaires étrangers, dont des Petchenègues, des Turcs et des Francs, les Grecs se tenant à l’écart de la carrière militaire, de plus en plus considérée comme coûteuse et ennuyeuse1.

Les musulmans

La valeur et la manœuvrabilité de l’armée byzantine pouvait laisser prévoir que les troupes turques, qui la surclassaient numériquement, seraient des adversaires encore plus coriaces. A priori, tous les Turcs, ou Turcomans, étaient des archers redoutables ; ils ne représentaient toutefois qu’une très faible proportion de la population de la Palestine. Mais l’aristocratie était traditionnellement guerrière, comme celle des Francs, et toute la population musulmane était censée pouvoir prendre les armes contre l’agresseur, même si sa valeur au combat était assez faible. Toutefois la première rencontre tourna indubitablement à l’avantage des croisés : les Turcs furent défaits à Dorylée le 1er juillet 1097. Le chef turc Kilij Arslan, qui avait déjà attaqué les paysans près de Civitot, tendit une embuscade aux croisés et attaqua avec ardeur une troupe de force sensiblement égale aux siennes. Du moins pensait-il avoir affaire à tous les croisés, alors qu’il ne s’agissait que de l’avant-garde, commandée par Bohémond de Tarente, suivie de fort près par deux troupes, l’une dirigée par Godefroy de Bouillon, l’autre par Raymond de Saint-Gilles. Sur le point d’être complètement enveloppé et écrasé, Kilij Arslan se réfugia à Konya.

Mais la résistance ne cessa pas pour autant, car les croisés furent dans l’incapacité d’anéantir les fuyards réfugiés dans les montagnes environnantes. Les musulmans furent même à deux doigts d’anéantir les croisés à Antioche. Chez ceux-ci, les pertes furent terribles. Même si les chiffres sont fantaisistes, les chroniqueurs s’accordent pour dire qu’en arrivant en Anatolie les croisés étaient innombrables, mais qu’à leur arrivée à Jérusalem, on les comptait fort bien. Il semblerait que les neuf dixièmes des croisés aient péri en cours de route, soit du fait des combats, soit à cause de la famine, soit à cause des conditions d’hygiène épouvantables. Nombreuses avaient également été les désertions, dans la piétaille comme dans l’aristocratie, principalement lors du siège d’Antioche : Étienne, comte de Blois, avec toutes ses troupes, Tatikios le représentant d’Alexis Comnène, mais aussi Guillaume le Charpentier et, pour un temps, Pierre l’Ermite lui-même.


Un élément joua en faveur des croisés : la dispersion des effectifs musulmans, du fait de leurs divisions politiques. L’Orient pouvait peut-être paraître opulent aux yeux de croisés originaires d’un Occident encore peu développé ; en fait, il avait été durement éprouvé par la conquête seldjoukide, et ne s’en relèverait jamais complètement. D’autre part, les Seldjoukides étaient des nomades, et à la suite de leur conquête ils favorisèrent les pâturages plutôt que la culture. Les villes d’Orient pouvaient encore paraître fabuleusement grandes aux yeux des Occidentaux, mais elles étaient désormais entourées de régions semi-désertiques, où les croisés allaient avoir le plus grand mal à se ravitailler. Certains mangèrent chevaux, chiens, et même les cadavres de leurs ennemis. L’Égypte fatimide avait elle-même subi une famine qui coûta la vie à une bonne moitié de sa population en 1065-10722. Quant aux divisions des musulmans, elles étaient de type religieux depuis la séparation entre chiites et sunnites, et politique depuis les débuts de la dynastie abbasside. Celle-ci était d’ailleurs passée sous la protection des Seldjoukides depuis le milieu du XIe siècle. Mais les Seldjoukides eux-mêmes, après une série de conquêtes en Asie Mineure conduites par Malik-Chah jusqu’à sa mort en 1092, étaient considérablement affaiblis par l’indépendance de fait de nombreux émirs et attabegs, aggravée par les rivalités qui existaient entre eux. Ainsi la tentative de reprise de la ville d’Antioche, menée en 1098 par l’attabeg de Mossoul, Kerboga, finit-elle piteusement lorsqu’une partie de l’armée musulmane se débanda dès le début de la bataille. D’après le chroniqueur Ibn-Al-Athir, le ressentiment de nombreux émirs face à l’attitude insolente de Kerboga fut la cause de ce désastre. D’autre part, l’Égypte était aux mains de la dynastie Fatimide, chiite, hostile aux Seldjoukides et aux Abbassides de rite sunnite. Les Fatimides profitèrent même de l’avance des croisés pour reprendre d’assaut Jérusalem en août 1098, avant que les croisés ne l’assiègent à leur tour en juin 1099. Par ailleurs l’action de la secte des Ismaïliens, notamment le groupe des Assassins, et l’instabilité dynastique des Fatimides et des Seldjoukides paralysèrent parfois durablement le pouvoir musulman. Mentionnons également l’existence de la secte musulmane des Druzes, qui ne joua toutefois pas un grand rôle à cette époque. Enfin, de nombreuses villes récemment conquises, comme Nicée, dont les Seldjoukides s’étaient emparés quinze ans avant la croisade, contenaient des populations chrétiennes grecques ou arméniennes, qui par fidélité dynastique aux Byzantins ou par zèle religieux favorisèrent la reconquête des chrétiens. L’émir Ifthikar-Edaulé, gouverneur égyptien de Jérusalem, ressentit de ce fait la nécessité de chasser les chrétiens de la ville avant l’arrivée des croisés.
Les croisés et la guerre

Les pertes au combat



Malgré, ou à cause de cette situation, la progression des croisés fut très lente : deux ans et deux mois entre l’arrivée en Asie Mineure et la prise de Jérusalem. Si cette avance fut facilitée par le désordre politique de la Palestine, elle fut ralentie par ce même désordre : les princes locaux laissaient passer les croisés parfois sans aucune résistance, mais ils étaient capables d’entretenir une guérilla dangereuse sur les arrières après le passage du gros des troupes. Ainsi le vaincu de Dorilée, Kilij Arslan, réussit-il à massacrer systématiquement tous les renforts croisés passant par l’Anatolie. Il n’y avait pas d’unité dans la défense, mais pas de capitulation généralisée non plus. Les villes ne pouvaient guère compter sur un secours de leurs voisins, mais elles étaient difficiles à atteindre par des voies mal entretenues et parfois impossible à prendre par des armées trouvant péniblement à se ravitailler. Enfin, la résistance parfois acharnée des musulmans qui comptaient dans leurs rangs des archers turcomans d’une redoutable habileté entrava considérablement la progression des Francs. Tout compte fait, la croisade fut loin d’être la promenade militaire que l’on croit. Dans Antioche, les combats furent même extrêmement durs, au point qu’il fallut six mois aux croisés pour refaire leurs forces et remonter leur cavalerie. Les croisés ne réussirent pas à s’emparer d’Arca, malgré un siège de quatre mois, échouèrent devant Emesse et devant Acre. Le résultat des combats, en termes de pertes humaines, est difficile à appréhender, car les textes sont contradictoires : Étienne de Blois prétendait ainsi que les croisés n’eurent aucun mort à déplorer lors de la bataille de Dorylée ; mais il est vrai qu’il écrivait alors à sa femme et qu’il est rare de voir mentionner dans ce genre de littérature, qui se veut rassurante, les pertes réellement infligées par l’ennemi. De son côté, Ibn-al-Athir mentionne la désertion en masse de l’armée de Kerboga devant Antioche : on est donc relativement surpris de lire ensuite que quelques milliers de musulmans restèrent sur place envers et contre tout, et se firent massacrer. Un article de Jean Flori3 nous donne des indications sur ce que les pertes liées directement aux combats ont pu être, et elles furent apparemment loin d’être négligeables. Mais il ne semble guère possible de les définir précisément, moins parce les chiffres sont fantaisistes lorsqu’il s’agit des grandes batailles que parce qu’ils ne sont sans doute pas connus des chroniqueurs en ce qui concerne les combats de rencontre, accrochages divers et razzias. Or ces accrochages semblent former une part importante de la vie quotidienne du croisé qui dépend entièrement du pillage pour sa remonte et son ravitaillement. Le prince Ousâma ibn Mounqidh (1095-1187) fait ainsi état d’engagements sans aucune importance stratégique, mais quasi quotidiens. Ousâma eut l’occasion de rencontrer les Francs à l’occasion de plusieurs ambassades et apprit à les connaître. Ses écrits nous permettent d’appréhender de manière plus précise les conditions dans lesquelles s’affrontaient les croisés et leurs adversaires, puisqu’il fut à même de comparer les coutumes des deux camps4.

Les tactiques des croisés vues par le prince Ousâma

De façon assez curieuse, ce qui frappa surtout Ousâma chez les Francs, ce ne fut pas leur manière de combattre, ni leur armement ; ce fut avant tout leurs pratiques médicales, religieuses et juridiques. Ses conclusions sont d’ailleurs peu flatteuses : les Francs sont stupides, perfides et d’une cruauté inhumaine. Leurs mœurs sociales, qu’il juge très relâchées parce qu’ils laissent une certaine autonomie à leurs femmes et parce qu’ils ne sont pas très pudiques, le plongent dans des abîmes de perplexité : il ne parvient pas à comprendre comment les chrétiens peuvent être à la fois si extraordinairement braves et apparemment si peu soucieux de leur honneur. Sur leur tactique, leur hiérarchie, leur armement, il donne en passant quelques indications : les chevaliers représentent l’élite de l’armée, ils assurent la cohésion sociale des croisés, imposant de manière collégiale leurs solutions à tous les problèmes et conflits. Il y a aussi des sergents à cheval, et des sergents à pied, dont la valeur militaire est très dépréciée.

Dès le début de la conquête, les croisés employèrent des Turcopoles, qu’Ousâma définit comme des archers de mère grecque et de père musulman. À l’occasion de petits engagements, il observa des troupes fortes de 120 à 500 hommes, composées pour une moitié ou jusqu’à deux cinquièmes de fantassins ou de Turcopoles. Il assista aussi à des engagements plus importants, près de villes, où la population assiégée fournissait un complément d’au moins plusieurs milliers de fantassins, sans grande valeur. Il indique d’ailleurs à cette occasion que les Francs pratiquaient couramment la fuite simulée, de façon à attirer un ou des imprudents à l’écart du gros de la troupe, ou pour dissocier l’infanterie de la cavalerie adverse. Il observe à l’inverse que les Francs attaquent toujours groupés, sauf dans le cas de quelque tête chaude. Il donne comme évident que le sort de ces imprudents est d’être rapidement jeté à terre et capturé, quel que soit leur camp, citant comme un exemple tout à fait remarquable qu’un croisé isolé ait pu se tirer d’affaire malgré la grêle de coups qui avait abattu son cheval et dont il était lui-même accablé.

Enfin, du point de vue de l’armement, il décrit les cottes de mailles franques comme étant plus longues que celles des musulmans. Il signale toutefois qu’un coup de lance peut percer de part en part cette cotte et le cavalier qui ne peut se protéger de son bouclier, et indique au passage que le meilleur moyen de porter un coup mortel est de tenir la lance coincée entre le bras et le corps. Il considère comme normal que tous les cavaliers soient équipés d’une cotte de maille, mais signale des cas fréquents où les combattants négligent de la porter, soit pour être plus à l’aise, soit parce qu’ils n’ont pas pris le temps de la revêtir. Il signale de terribles blessures causées par les épées franques, des coups portés à la figure ayant tranché chairs et os au point qu’une partie de la face pend en avant, avec le nez et la joue presque entièrement détachés. Il rapporte enfin que Tancrède de Hauteville, prince d’Antioche, considérait comme normal que ses chevaliers surclassassent en toutes circonstances les fantassins adverses, même au prix de la perte de leur monture, et qu’il fit chasser ignominieusement deux chevaliers qui avaient été mis en fuite par un seul cavalier musulman. En fin de compte, on n’a pas l’impression que les façons de combattre des Francs et des Arabes aient été vraiment différentes. Notons toutefois qu’Ousâma était arabe, et qu’il nous décrit la façon de combattre des Francs en la comparant à sa propre pratique du combat au corps à corps ; alors que s’il avait été turc, il aurait opéré par harcèlement mené par des archers à cheval, et ses commentaires auraient alors été différents.

La guerre vue par les Francs

Les tactiques



Si l’on se rapporte aux documents occidentaux écrits ou figurés, on trouve une confirmation partielle de ces dires, avec des nuances parfois non négligeables. Ainsi, cinq cents combattants semblent être un chiffre minimal pour une troupe envoyée en reconnaissance ou en razzia, on trouve par exemple ce chiffre de cinq cents pour les gardes du roi dans Le roman d’Alexandre5.En dessous, il ne peut être question que de troupes réunies en catastrophe pour s’opposer à une razzia ennemie.



Les chevaliers combattaient en groupe compact, ou mesnie, rassemblée autour du seigneur qui la commandait. À la guerre comme au tournoi, l’étude de M. Duby sur Guillaume le Maréchal confirme que l’homme seul est en effet une proie facile pour un groupe6, quoique les chansons de geste soient pleines d’exploits individuels, et de formidables coups d’épées qu’on ne devait pas avoir l’occasion d’admirer au sein d’une bataille rangée. Mais il ne faut pas négliger l’impression subjective du combattant, auditeur de la chanson de geste : si le fait littéraire souligne l’exploit individuel, c’est évidemment parce que, même au sein d’un groupe structuré, pour autant d’ailleurs que ce groupe garde sa cohésion tout au long du combat, des hommes se battant à l’arme blanche devaient parfois se sentir bien seuls face à leur ennemi. Et même si le coup d’épée le plus formidable pouvait passer inaperçu au sein de la bataille, ses résultats étaient encore visibles après.

La fuite simulée mentionnée par Ousâma est attestée déjà lors de la bataille de Hastings. Elle semble d’ailleurs le résultat d’une manœuvre fortuite, les Normands ayant observé, à la suite d’une débandade de leur armée, que les Saxons lancés à leur poursuite étaient plus facilement massacrés que lorsqu’ils étaient en ligne. Nous reviendrons d’ailleurs, à propos du bouclier et de la charge à la lance, sur les innovations imputables aux Normands en matière militaire. Trente ans plus tard, il n’est pas impossible que cette innovation se soit répandue dans les armées chrétiennes. Mais d’un autre côté, il ne faut pas oublier que lorsqu’Ousâma parle des tactiques adverses, il décrit principalement celles des Normands de Tancrède de Hauteville. La tactique de la fuite simulée n’était peut-être pas répandue chez tous les croisés.

Utilisation de la lance


L’iconographie montre que les cottes de mailles franques, si elles étaient plus longues que les cottes musulmanes, étaient toutefois encore assez courtes : elles descendaient jusqu’aux genoux, et ne couvraient parfois le bras que jusqu’au coude. Elles tendent toutefois à s’allonger, mais ne couvriront entièrement le combattant qu’à la fin du XIIe siècle. Tous les combattants n’en portaient pas, mais il s’agissait alors plutôt de fantassins. La question reste d’ailleurs posée de savoir si les combattants allaient au combat sans armure parce qu’ils n’avaient pas les moyens de s’en procurer une ou parce qu’ils considéraient que l’embarras qu’elle causait n’était pas justifié par la protection relative qu’elle apportait. En effet, l’arme par excellence du combattant du XIe siècle est la lance, et les textes confirment qu’un coup de lance pouvait transpercer un homme malgré sa cotte de mailles et que ce coup était mortel dans presque tous les cas. On peut alors admettre que l’agilité ait pu être préférée à une protection relative mais embarrassante. Non que ces cuirasses aient été extrêmement pesantes, mais elles n’étaient pas très élastiques, par nature, et gênaient les mouvements. On comprend également d’où venait la stupéfaction d’Ousâma lorsqu’il apprit qu’un croisé qu’il avait transpercé « par le travers des hanches » avait survécu à sa terrible blessure7. Il s’agissait véritablement d’un miraculé, compte tenu de la gravité du coup reçu et de l’incapacité des médecins francs.

D’un autre côté, l’iconographie nous apprend que l’escrime à la lance couchée en arrêt sous l’aisselle n’est apparue qu’au milieu du XIe siècle – c’est la tapisserie de Bayeux qui représente pour la première fois cette façon de tenir la lance – et qu’elle n’était pas encore généralisée lors des croisades. Ici encore, il s’agit d’une pratique introduite par les Normands. La pratique la plus répandue était de brandir la lance au-dessus de la tête, la pointe baissée vers l’avant. Cette position ne permettait certes pas de transpercer à coup sûr une cotte de mailles, mais elle permettait de frapper latéralement, par la manche de la cuirasse, l’adversaire qui levait le bras. Le roi Robert Ier aurait été tué de cette façon en 923 :



Cela implique que les cavaliers qui brandissaient leur lance au-dessus de leur tête chargeaient en désordre, même s’ils attaquaient en masse, et qu’ils combattaient en fin de compte de manière relativement individuelle. Les coups se portaient le plus souvent à la tête, le fer de lance pouvant rester fiché profondément dans l’oeil ou dans la bouche, malgré les tentatives d’extraction. Il fallait attendre que les os soient suffisamment mortifiés pour permettre l’arrachement du fer de lance, ou bien, dans le cas d’un fragment cassé dans la blessure, attendre que celui-ci ressorte naturellement après un long cheminement à l’intérieur du crâne : cela pouvait prendre quelques années. Ces blessures aux conséquences pénibles ne sont évidemment pas mentionnées dans les chansons de geste, mais on en trouve dans les « Miracles ». Un livre de Renate Hitze nous fait connaître le vocabulaire, volontairement varié et recherché, utilisé pour mieux rendre compte des effets d’un coup d’épieu ou de lance9. À lire les chansons de geste, il ne semble pas que le bouclier soit d’une quelconque efficacité pour arrêter un coup de lance, tout au plus pouvait-il ralentir le coup ou le dévier. En effet, ayant passé le bouclier, la lance pouvait ne frapper qu’une partie de la cuirasse, sans blesser le combattant. Cependant, dans la plupart des cas, le choc était encaissé pleinement par l’homme. Ayant percé la cotte de mailles, la lance continuait son chemin dans l’homme, perçait le côté, le foie, le pis, le flanc, le poumon, le coeur, l’échine, la coraille, l’entrague. Ces renseignements anatomiques sont d’ailleurs fantaisistes, ou témoigneraient d’un trajet parfois très sinueux de la lance dans l’organisme. Elle transperçait complètement l’homme dans la moitié des cas. Le combattant qui ne réussissait pas à dévier la lance de son adversaire était tué sur le coup dans plus de 80 % des cas, et les blessés pouvaient encore mourir les jours suivants, même si la blessure paraissait bénigne, comme dans le cas d’un comte de Flandres cité par Suger :








Si la plus grande efficacité meurtrière de la lance peut nous paraître inattendue, puisque son usage disparait complètement par la suite, elle est reconnue comme telle par ceux qui ont pu encore en observer les effets. Ainsi d’après le général de Brack (1789-1850) : « La lance est l’arme blanche dont l’effet moral est le plus puissant, et dont les coups sont les plus meurtriers »11.

Utilisation de l’épée

Les épées du XIe siècle sont flexibles et la pointe en est arrondie, la flexibilité de l’arme rendant impossible les coups d’estoc. Le combat à l’épée était donc uniquement composé de coups de taille, rendus encore plus meurtriers par un affûtage remarquable, qui est encore sensible aujourd’hui sur les épées les mieux conservées. La mise en garde des combattants à pied était destinée à permettre à ceux-ci de frapper l’adversaire le plus vite possible. Protégés par leur bouclier tenu à bout de bras devant eux, les combattants francs tenaient leur épée à bout de bras derrière eux, la main à hauteur de ceinture, la pointe de l’épée juste au-dessus de leur tête (fig. 1). La position ne devait pas être confortable, mais elle permettait de frapper sans retard, horizontalement, vers le ventre, la poitrine ou la tête de l’adversaire


On a peu de mentions, dans les rapports de fouilles, de squelettes présentant des blessures. C’est qu’aucun charnier consécutif à une bataille n’a été retrouvé pour la période qui nous intéresse. Les crânes retrouvés avec des traces de blessures sont donc le résultat soit de petits combats locaux, soit d’échauffourées individuelles. Ces blessures ne sont pas systématiquement mortelles, et peuvent cicatriser lorsqu’elles sont de longueur inférieure à 10 cm. Une étude porte sur 73 crânes français et étrangers montrant des traces de blessures : sur 28 traumas crâniens, 32 % des blessures ont été suivies de guérison, une autre étude montre que les coups portés à la tempe représentaient 45 % des blessures, les coups portés sur le front 24 %12. Un article consacré à six squelettes d’époque saxonne découverts à Eccles (Kent), permet d’affiner notre idée des pratiques de combat13. Quatre des crânes portaient des blessures causées par des coups horizontaux, la partie touchée se trouvant à l’arrière du crâne, près du conduit auditif, comme si le combattant avait instinctivement tourné la tête du côté opposé au coup. Le cervelet étant alors atteint, la victime s’effondrait immédiatement. Les deux autres montraient des coups verticaux portés sur le front. Les entailles dans les os crâniens étaient longues de 12 à 16 centimètres et avaient toutes été mortelles. On trouve ce type de blessure à la tête représenté de façon réaliste dans un manuscrit du livre des Machabées (fig. 6). Dans les romans médiévaux mentionnant des blessures, les trois quarts des coups étaient effectivement portés à la tête, puis venaient l’épaule et la hanche, dans le cas où le combattant ratait son but .
On combattait à l’épée aussi bien à pied qu’à cheval, dans ce dernier cas toutefois seulement après avoir perdu sa lance. Les combattants à cheval avaient dans l’ensemble la même mise en garde qu’à pied, main en arrière et pointe vers l’avant, ou main au-dessus de la tête, pointe de l’épée vers l’arrière. L’ennemi n’étant plus en face du combattant, mais sur son côté gauche ou droit, le frapper horizontalement par-dessus la tête du cheval prenait du temps et risquait d’effrayer l’animal. On peut donc conjecturer qu’on devait frapper horizontalement l’ennemi à sa droite, et verticalement celui à sa gauche.

Après ce bref aperçu des technique les plus usuelles, nous allons voir de quel équipement les croisés pouvaient se prévaloir face à leurs adversaires
État de l’armement des croisés au XIe siècle.
Armes offensives

Épées

La grande épée à deux tranchants est une arme chère, et d’ailleurs relativement inefficace vu son prix. Plus qu’une arme indispensable, c’est un signe distinctif du noble et riche chevalier ; tous les combattants à cheval n’en sont d’ailleurs pas équipés.

Lances

Le fer de la lance est d’une facture souvent remarquable lors de son apogée au XIe siècle. Il est alors généralement constitué de six parties forgées, soudées et décorées avec beaucoup de soin, dont une en damas. Le damassage forme d’abord le noyau de la flamme, servant d’articulation entre la flamme et la douille, ce qui offre une plus grande flexibilité à l’ensemble, grâce à sa structure spiralée. Il semble ensuite n’être plus utilisé que comme décor sur la flamme. La douille, quant à elle, est constituée d’une tôle d’acier enroulée en forme de cône autour de la base de la flamme.

Un élément remarquable des pointes de cette période est la présence quasi systématique d’ailettes. On pourrait penser qu’elles ont la même fonction que sur un épieu de chasse : éviter que le fer ne traverse le corps de l’adversaire. Ce n’est en fait pas le cas ; ces ailettes sont faites de petites lamelles de métal, avec deux ou trois tenons, soudées dans une encoche incisée le long de la douille. Comme il est hors de question que ces faibles lamelles puissent résister à un choc un tant soit peu violent, leur fonction n’est donc que décorative. Plus exactement, il s’agit des témoins fossilisés de deux crochets de renfort placés de part et d’autre de la douille, mais qui n’avaient plus d’utilité pratique dès le début du VIIIe siècle. On peut expliquer leur permanence par le conservatisme des artisans, qui perpétuaient de façon traditionelle les formes préexistantes, même lorsqu’elles étaient devenues inutiles. On remarque en effet que les pointes de lance évoluent moins vite que les épées. Si on tient compte de ce qu’on pourrait appeler la durée de vie d’un de ces types d’armes, on note qu’il faut attendre près de 150 ans avant de constater une modification significative de la longueur de la lame, de la forme de la douille, de sa décoration ou de la taille des ailettes, alors que les épées évoluent deux fois plus vite.

Comme dans le cas des épées, le grand nombre d’exemplaires d’une même forme permet de deviner l’existence d’ateliers centraux. On peut même identifier sur la lame des marques d’artisans qui ressemblent aux marques des tailleurs de pierre. Elles se trouvent surtout sur certaines pointes de lance aux formes pratiquement standardisées, sous la forme de gravures qui sont moins des décors que des signatures. Il existe au moins trois groupes d’ateliers marqués par des différences régionales, comme pour les épées, formant non pas une, mais plusieurs chronologies. On trouve ainsi au XIe siècle de nombreuses pointes dont la partie de la douille située sous les ailettes est décorée d’incisions rappelant les fils de fer qui maintenaient les crochets de renfort au VIIe siècle. Sur les deux autres « faces », des incisions rappellent l’effet que produisaient les angles des douilles octogonales du VIIIe siècle. Ces incisions décorent aussi les ailettes. Ce type de lances se retrouve dans la vallée de la Saône et dans le Jura. S’il est peut-être aventureux de faire des lances à douille incisée un type spécifique bourguignon, puisque le seul indice de localisation d’un atelier dans cette région est la présence d’une manufacture d’armes à Autun au… IVe siècle de notre ère, on peut néanmoins insister sur la remarquable diffusion de ce type d’arme, puisqu’on trouve des pointes ainsi décorées à Londres, au Danemark, et jusqu’en Pologne. Par ailleurs, des différences existent quant à la forme de la lame : en définissant schématiquement un triangle entre l’embouchure de la Seine, le massif central et les sources du Danube, on dira que les lances triangulaires sont plus fréquentes dans l’angle nord, les fers lenticulaires « en navette » plus nombreux dans l’angle est, les lames en « feuille de saule » plus abondantes à l’ouest. Bien sûr, ces trois pointes du triangle doivent être considérées comme le centre de zones qui s’interpénétrent et se chevauchent largement, tandis que marchandages ou guerres exportent en petite quantité et de façon aléatoire les armes loin de leur centre de fabrication.

Le risque de casser la hampe ou la douille de l’arme, qui en sont les parties fragiles, est bien réel en cas de torsion au moment du choc. En effet, parmi les fers repêchés dans le lit des rivières, on retrouve parfois un reste de hampe emmanché dans la douille, à moins que le fer ne soit cassé quelques centimètres en dessous de la flamme. Une étude réalisée sur la description des combats à la lance montre qu’une proportion importante de lances cassait en effet au premier choc. L’analyse des restes de bois conservés dans la douille permet de dire que, dans la presque totalité des cas, la hampe est en bois de frêne. Elle s’affine en forme de cône, pour se réduire au contact du fer à un diamètre allant de deux à trois centimètres. L’usage du frêne est bien attesté par les textes : « Je te ferai cest fregne parmi le corps passer »50, mais on trouve également cité le pommier : « Ou cors li met la hante de pommier ».

Armes défensives

Cuirasses

Il est difficile de dire quelque chose d’assuré à propos des défenses de corps des combattants du XIe siècle, étant donné qu’aucune d’entre elles n’a été conservée jusqu’à nos jours, sauf peut-être celle de Rodrigo Diaz de Bivar, le célèbre Cid Campéador, qui mourut précisément en 1099. Conservée à Burgos, cette cuirasse, pour autant qu’elle soit authentique, est composée d’écailles métalliques fixées sur une veste de cuir. C’est cela qu’on doit appeler une cotte de mailles, la maille étant une pièce de monnaie. Ce que nous appelons, nous, cotte de mailles, était en fait désigné par l’expression « cotte treslie ». L’iconographie ne nous est pas, dans ce cas particulier, d’un grand secours. Quelques dessins représentant les cottes sous l’aspect de rangées d’ondulations horizontales toutes rangées dans le même sens, doivent en effet figurer des cottes de mailles. D’autres, représentant des ondulations verticales, rangées alternativement dans un sens puis dans un autre, doivent figurer des cottes treslies. Mais on ne peut pas déduire grand-chose de dessins représentant des cottes hachurées de petits carreaux en oblique, parfois de couleurs variées. Quoi qu’il en soit, ces cottes, broignes ou loricae, sont assez courtes, s’arrêtant au milieu de l’avant-bras et à mi-cuisse. Elles sont complétées par une coiffe, ou haubert, sorte de cagoule qui, étymologiquement, protège le cou, et qui finira également par désigner la cuirasse entière. Ce capuchon n’est pas fixé sur la cotte, ce qui n’est pas très visible sur les enluminures, mais peut se déduire des textes. Ces cottes ne sont sans doute pas très lourdes, mais elles sont assez rigides, surtout dans le cas des cottes de mailles, et sont extrêmement pénibles à supporter, même pour des hommes très entraînés. Guillaume de Poitiers nous décrit ainsi Guillaume le Conquérant portant sur son épaule, au soir d’une reconnaissance à cheval, la lorica de Guillaume Fitz-Osbern, pourtant « célèbre par sa force ». L’Histoire anonyme de la première croisade nous montre également des chevaliers incapables d’emporter avec eux leur armure et leur bouclier dès lors qu’ils avaient perdu monture et bête de somme. La broigne n’est pas parfaite en termes de protection, on a vu qu’un coup de lance bien assené pouvait la percer, mais elle assurait vraisemblablement une protection appréciable contre les flèches des petits arcs turcs, ainsi que contre les coups d’épées. Le visage, les mains et les jambes ne sont toutefois que peu, ou pas, protégés. Le cheval, il n’est peut-être pas inutile de le signaler, ne dispose d’aucune protection, surtout si le climat est particulièrement chaud. C’est en ce sens que l’image du croisé cuirassé se révèle un mythe : une volée de flèches pouvait très bien arrêter une charge de cavalerie, même si les cavaliers eux-mêmes étaient convenablement protégés.

Casques

Autant la question des armures est difficile, autant celle des casques est facile à régler car des exemplaires ont été retrouvés. Il s’agit de casques coniques d’une seule pièce avec nasal rajouté. Un cercle métallique faisait le tour du casque pour en assurer la rigidité et renforcer la protection du combattant. C’était en effet ce cercle qui avait le plus de chance d’être touché par un coup d’épée assené horizontalement. Comme pour l’armure, la protection apportée n’est que relative, un coup d’épée vigoureusement assené pouvant fendre le casque.

Boucliers

.

Les boucliers longs et plats généralisés à la fin du XIe siècle étaient peut-être une innovation des Normands. En effet, la première apparition datée de ce type de bouclier se trouve sur la tapisserie de Bayeux, où il équipe les troupes de Guillaume le Conquérant, alors que les Saxons sont protégés par les boucliers ronds et creux qui étaient de rigueur aux siècles précédents. Ces boucliers ronds, mais cette fois plats, selon toute apparence, se rencontrent également figurés dans la Bible de Rhoda, à côté de boucliers longs53. L’ensemble de l’équipement des piétons et cavaliers de la fin du XIe siècle se retrouve dans une enluminure de la Guerre de Juifs de Flavius Josèphe, provenant de l’abbaye de Saint-Gall . On a vu à propos de l’usage de la lance que le bouclier pouvait être percé. En revanche, il offre une bonne protection contre les flèches, et sa forme oblongue met la cuisse à l’abri des coups pas trop violents ni trop précis.


Machines de guerre

Tours de siège

Trois tours mobiles furent construites au cours de la première croisade, une à Maara et deux à Jérusalem. Ces engins furent appelés châteaux, et il y a tout lieu de croire qu’ils furent effectivement réalisés sur le modèle des donjons de bois qui étaient alors édifiés en Europe. Munis de quatre roues, ils comprenaient un seul étage, placé à une hauteur telle qu’il puisse surplomber les murs de la ville assiégée. Placés dans cette tour, des chevaliers bombardaient les défenseurs avec de grosses pierres, d’autres les attaquant à la lance. Il ne semble pas que ces tours aient été munies des ponts mobiles que l’iconographie à la manière de Viollet-le-Duc se plaît à nous montrer. Il est très net, dans le cas des chevaliers montés dans la tour à Maara, qu’ils ne servirent qu’à nettoyer les remparts de leurs défenseurs, à coups de lances, pendant que d’autres croisés cherchaient à escalader les remparts au moyen d’échelles. Ce n’est d’ailleurs qu’en sapant les murs que les croisés réussirent cette fois-ci à décourager les défenseurs et à les faire abandonner la muraille, avant de pouvoir entrer dans la ville et d’en massacrer quasi totalement la population. Lors du siège de Jérusalem, deux tours furent construites, une au nord, sur ordre de Godefroy de Bouillon, l’autre au sud, sous les ordres de Raymond de Saint-Gilles. La tour sud, que les Provençaux avaient péniblement réussi à mener aux pieds des remparts après avoir comblé le fossé au terme de trois jours de travail, fut incendiée avant qu’elle ait pu servir à quelque chose, et les troupes de Godefroy ayant alors déjà commencé de pénétrer dans la ville, Raymond de Saint-Gilles en fut réduit à négocier son entrée dans Jérusalem avec l’émir Ifthikar-Edaulé, réfugié dans la tour de David, contre sa promesse de lui garantir la vie sauve. Du côté de la tour nord, il est aussi mentionné, quoique peu clairement, l’action parallèle de ceux qui combattent postés sur le château de bois et de ceux qui escaladent les murs de la ville. Parmi eux étaient Liétaud et Engilbert, deux chevaliers originaires de Tournai, qui furent les premiers à pénétrer dans Jérusalem.

Autres machines

Les croisés n’utilisèrent pas, semble-t-il, de machine durant leur progression vers Jérusalem. Il y avait à cela une raison bien simple : les machines de jet n’étaient plus connues en Occident, et elles ne sont d’ailleurs pas attestées dans l’iconographie, à l’exception de frondes à manche figurant dans la Bible de Rhoda .

Toutefois une machine de jet est décrite par l’Histoire anonyme au siège de Maara, mais dans le camp musulman. D’autres machines, indéterminées, sont mentionnées du côté des croisés au siège de Jérusalem. On ne peut savoir s’il s’agissait de copies de la machine de Maara ou de matériel fournit par les Byzantins. On sait également que les musulmans utilisèrent le feu contre les tours mobiles, à Maara et à Jérusalem, où ils réussirent d’ailleurs à incendier celle que Raymond de Saint-Gilles avait fait réaliser au sud de la ville. Mais il est peu probable qu’il s’agisse du véritable feu grégeois, Ousâma précisant qu’on bombardait l’adversaire avec des cruches remplies de naphte. Dans les autres cas, les croisés utilisèrent des échelles ou tentèrent, lorsque le terrain s’y prêtait, de saper les murs. Toutefois, faute de machines de siège dignes de ce nom, le nombre des villes véritablement prises d’assaut fut faible, la plupart étant prise par trahison, par composition, ou à la suite de leur abandon par la population. Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle que les occidentaux réutilisèrent couramment des machines de siège.

Les points de ralliements

Les étendards

La bataille d’Ascalon fut, peut-être davantage que la prise de Jérusalem, le couronnement de la première croisade. À Jérusalem, les croisés avaient espéré que les murs tomberaient d’eux-mêmes dès qu’ils en auraient fait le tour, comme les murs de Jéricho étaient tombés devant l’armée de Josué. Mais le miracle n’avait pas eu lieu, à la grande consternation des croisés. À la bataille d’Ascalon, toutefois, l’intervention de trois cavaliers blancs de grande taille fut bel et bien considérée comme un miracle, une aide apportée par les saints combattants eux-mêmes. L’enjeu était d’ailleurs considérable, et il était à craindre que l’armée égyptienne ne bloquât les croisés dans Jérusalem comme celle de Kerboga les avait assiégés dans Antioche. La victoire complète remportée sur les troupes du vizir Al-Afdal était donc aussi un grand soulagement pour ceux qui avaient connu les affres d’Antioche. Enfin, Ascalon est la dernière bataille où figurent encore tous les grands chefs de l’expédition : peu après la bataille, estimant que leur pèlerinage était accompli, Robert Courte-Heuse et Robert de Flandres rentrèrent chez eux avec leurs troupes.

Si Ascalon fut le point d’orgue de la croisade, la prise de l’étendard du vizir par Robert Courte-Heuse fut celui de la bataille. Placé sur une hauteur, entouré de troupes, resplendissant d’or et d’argent, il attirait l’attention de tous, et sa description se retrouve dans tous les récits du combat.

Les tentes



Du côté des croisés il n’y avait pas d’emblème de ce niveau, car l’empereur Henri IV, les rois d’Angleterre et de France ne participaient pas à la croisade, étant alors excommuniés. Les ducs et comtes ne portaient que des vexilla sans marque particulière, les armoiries n’existant pas encore. Pour marquer un point de ralliement dans la bataille, on voit les croisés dresser les tentes, dès le combat de Dorylée. Ce fait n’était peut-être pas propre aux seuls croisés, mais était vraisemblablement répandu dans tout l’Occident, du moins lorsqu’il n’y avait pas à proximité un point fortifié ou une enseigne jouant ce rôle. Les Allemands se rassemblaient autour de l’Aigle impériale et du gundfano de l’empereur, les Anglais, selon Mathieu de Westminster, entre l’étendard et le Dragon, qu’adoptèrent par la suite les Anglo-Normands. Les Français, après s’être rassemblés autour d’une lance argentée, se regroupèrent à partir de 1124 autour de l’Oriflamme. Les croisés auraient pu, après la prise de Jérusalem, utiliser à cet usage la sainte Croix, mais cette relique ne joua pas à proprement parler de rôle militaire. Ainsi lors de la fameuse bataille de Hattin (1187), Saladin ne tint sa victoire pour assurée que lorsqu’il vit s’effondrer la tente du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan. La prise de la sainte Croix, portée au milieu de cette même bataille, n’avait pas eu la même importance.

Conclusion

Il ne semble pas possible de dire que l’armement des croisés fut supérieur dans l’ensemble à celui de leurs adversaires, et même si une étude de l’équipement musulman est encore nécessaire pour justifier cette idée, on peut abandonner l’idée généralement répandue du croisé blindé face au musulman en tunique légère. Les cuirasses existaient de part et d’autre, mais l’équipement était de qualité variable selon les fortunes de chacun. L’armement n’était pas non plus uniforme dans le temps, la perte d’un animal de bât pouvant entraîner pour un chevalier la nécessité de jeter cotte de mailles et bouclier.

Jusqu’à Antioche, le nombre des croisés leur donna la puissance d’un rouleau compresseur, après, il est évident que leurs qualités militaires furent davantage mises à contribution, même si la terreur qu’ils inspirèrent et la division du camp musulman ne les mirent jamais dans le cas d’affronter des ennemis nettement supérieurs numériquement. Il ne faut d’ailleurs pas négliger les effets d’un probable aguerrissement des croisés au cours de leur progression, qui pourrait se marquer également dans l’emploi progressif de machines de guerre, plus nombreuses et plus variées après Maara. Il est incontestable toutefois que les croisés eux-mêmes eurent l’impression d’une véritable supériorité militaire, ce qui les amena parfois jusqu’à l’outrecuidance et leur valut des revers extrêmement sévères. La réussite des premiers croisés est pourtant finalement due à la désorganisation des musulmans et à leur propre cohésion. Lorsqu’un siècle plus tard, les États latins furent à leur tout divisés par des querelles de chefs face à un Moyen-Orient unifié – relativement – par Saladin, ce fut la déroute. En cette affaire, la qualité de l’armement ne joua certainement qu’un rôle relatif, d’autant plus que les prises de guerre, les cadeaux et le commerce introduisirent dans chaque camp les armes de l’adversaire. La victoire des croisés n’est pas celle des cavaliers bardés de fer de Charlemagne sur les Lombards du roi Didier ; elle est celle de la cohésion des chevaliers francs sur un Orient incapable de s’unifier. C’est finalement l’unification des adversaires des croisés, patiemment et difficilement réalisée, qui aura raison des États latins d’Orient.
http://crm.revues.org/2511

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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Première Croisade , pourquoi cette défaite du monde musulman ?

Tout d'abord les croisés ont un allié de poids dans la région ,c'est l'empereur Byzantin Alexis Ier Comnène . En effet celui-ci a perdu énormément de ses territoires ,des cités précieuse comme Nicée ou Antioche au profit de la dynastie Seldjoukide. L'empire Byzantin a fondu comme neige au soleil et en s'alliant aux croisés il espère récupérer ses terres malheureusement pour lui les croisés ont d'autres projets ,ils veulent créer leurs propres états. Mais comment les croisés ont pu vaincre les princes Seldjoukides , eux qui ont conquis tant de terre dans cette partie du monde , de Syrie jusqu'en Irak ,de Jérusalem à Antioche .La réponse est très simple : la division ! Les princes Seldjoukides ont beau être cousins et même frères ,ils ne cessent de se méfier les uns des autres ,de comploté ,et enfin de se combattre . Durant la première Croisade ,si Nicée tombe c'est parce que son Sultan Kilij Arlsan part faire la guerre au Sultan Danichmen , si Antioche tombe c'est parce que l'appel au secours de Yaghi Siyan émir d'Antioche au princes d'Alep : Redvan et de Damas : Duquaq , reste sans effet les deux frères se haïssant plus que tout ,leurs jugements les pousseront à commettre des erreurs de commandements fatales à la cité d'Antioche , là encore les Seldjoukides ont prouvés que leurs guerres intestines servaient parfaitement bien la progression des croisés.
Seul Kilij Arslan et Danichmen firent alliance mais furent quand même défais car il était déjà trop tard !
Incombé la faute entière aux Seldjoukides serais injuste ,il y a aussi le royaume Fatimides (chiites) mai ce royaume qui n'est plus que l'ombre de lui même en Egypte a autant de haine contre les Seldjoukides que les Byzantins avec qui ils entretiennent de très bon rapports ,ce n'est pas pour leurs déplaire de voir les croisés mettre en déroute les princes Seldjoukides. Ils essaieront de récupérés Jérusalem profitant de la faiblesse des Seldjoukides mais n'y arriveront pas car les croisés font de cette cité leur principal objectif. Les croisés durant la première Croisade purent profités de la complaisance ,de la collaboration de certains hauts notables musulmans pendant leurs périple ,ajouté a cela les divisions dynastiques ,confessionnelle, vous avez la réponse à la question , pourquoi les croisés ont pu réussir cette invasion , c'est parce qu'elle n'avait aucun adversaire uniforme ,elle avait de multiples ennemis qui séparés ne représentaient aucun risque pour elle alors que si ces ennemis avaient étés un bloc uniforme ,ils n'auraient surement jamais pu s'établir dans cette région.

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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

La trahison de Firouz lors du siège d'Antioche en 1098.
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Il n'était pas aisé de conquérir Antioche militairement ,les Seldjoukides qui l'ont prise aux Byzantins à la faveur d'une trahison quelques années auparavant le savent bien . C'est pourquoi lors du siège d'Antioche par les croisés en 1097 le gouverneur de la cité Yaghi Siyan redoute plus que tout une trahison de l'intérieur. En conséquence il expulse tout les chrétiens orthodoxes ,ne gardant que leurs femmes et enfants , surement pour avoir un moyen de pression sur eux ,il leurs dit qu'ils pourront revenir une fois que le conflit avec les croisés sera terminer. Alors que la cité subit le siège assez facilement car les réserves sont suffisantes et que la cité espère l'arrivée de renforts ,les croisés eux sont sujets à la famine , les chevaliers sont obligés de tuer leurs montures pour pouvoir se nourrir. Il ne faudrait pas que le siège s'éternise et les croisés ont besoin d'une aide intérieure s'ils veulent prendre Antioche.
En 1098 celui par qui la traitrise va venir se nomme Firouz ,un fabricant de cuirasse ,musulman d'origine Arménienne .Et s'il trahit c'est parce qu'il a été condamné à une forte amende par le gouverneur pour marché noir. Il va donc entré en contact avec les croisés et pour leurs prouvé sa bonne foi ,il leurs enverra son fils en guise d'otage ,on lui promet terre et argent contre sa participation a la victoire des croisés. C'est lui qui fit entrer les croisés à Antioche , on connait ensuite le carnage que firent les croisés a la population d'Antioche .

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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

La prise de Jérusalem vue par Ibn al-Athîr





Ibn al-Athîr (1160-1233), originaire de Mossoul, historien, écrivit une grande histoire générale du monde musulman, la Somme des histoires. Il fut un témoin oculaire de l'histoire des croisades.










Les Francs, qui avaient essayé sans succès de prendre la ville d'Acre, se portèrent vers Jérusalem et l'assiégèrent pendant plus de quarante jours. Ils élevèrent deux tours contre la ville, l'une était du côté de la montagne de Sion 1. Les musulmans y mirent le feu et tuèrent tous les chrétiens qui s'y trouvaient. Mais au moment où la tour finissait de brûler, un homme accourut pour leur annoncer que la ville venait d'être envahie du côté opposé.
La Ville sainte fut prise du côté du nord, dans la matinée du vendredi 22 du mois de Shaban [15 juillet]. Aussitôt la foule prit la fuite. Les Francs restèrent une semaine dans la ville, occupés à massacrer les musulmans. Une troupe de musulmans s'était retirée dans le mirhab de David 2, et s'y était fortifiée. Elle se défendit pendant trois jours. Les Francs ayant offert de les recevoir à capitulation, ils se rendirent et eurent la vie sauve ; on leur permit de sortir pendant la nuit et ils se retirèrent à Ascalon.
Les Francs massacrèrent plus de 70 000 musulmans dans la mosquée al-Aqsâ 3 : parmi eux on remarquait un grand nombre d'imams, de savants, et de personnes d'une vie pieuse et mortifiée - qui avaient quitté leur patrie pour venir prier dans ce noble lieu.
Les Francs enlevèrent d'al-Sakra 4 plus de quarante lampes d'argent, chacune du poids de 3 000 dirhams. Ils y prirent aussi un grand lampadaire d'argent qui pesait 40 ratls 5 de Syrie, ainsi que 150 lampes d'une moindre valeur. Le butin fait par les Francs était immense.
Les personnes qui avaient quitté la Syrie arrivèrent à Bagdad au mois du Ramadân [fin juillet-début août] avec le cadi Abû sa'd. Elles se présentèrent au diwân 6 et y firent un récit qui arracha des larmes de tous les yeux. La douleur était dans les cœurs. Ces personnes, le vendredi qui suivit leur arrivée, restèrent dans la grande mosquée, invoquant la miséricorde divine. Elles pleuraient, et le peuple entier pleurait avec elles ; elles racontèrent les malheurs qui avaient frappé les musulmans de nobles et vastes contrées : le massacre des hommes, l'enlèvement des femmes et des enfants, et le pillage des propriétés. Telle était la douleur générale qu'on ne songea plus à l'observation du jeûne [...].
Les princes n'étaient pas d'accord ensemble. Voilà pourquoi les Francs se rendirent maîtres du pays.

Ibn al-Athîr, Kamel-Altevarykh, présenté et traduit dans Recueil des historiens des croisades, historiens orientaux, t. I, Paris, Imprimerie nationale, 1872, pp. 197-201.
.
http://classes.bnf.fr/idrisi/pedago/cro ... lathir.htm.

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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Une petite sélection d'ouvrages d'un point de vue arabe.
Chroniques d' Ibn Al Athir en arabe.
http://www.fichier-pdf.fr/2013/06/14/ib ... 00athgoog/

Ousâma ibn Mounkidh, un émir syrien au premier siècle des croisades ...
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... ama.langFR


Recueil des historiens des croisades. Historiens orientaux.. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... mas.langFR volume 1 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... mas.langFR volume 2 / 1 ère partie http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... mas.langFR volume 2 /2 eme partie http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... mas.langFR. Volume 3 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... mas.langFR Volume 4 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... des.langFR. Volume 5

Cette édition du dessous est de meilleure qualité que celles au dessus mais je laisse les deux
http://archive.org/details/recueildeshistor01acad
1. Introduction -- Resumé de l'histoire des croisades tiré des Annales d'Abou'l-Fedâ -- Autobiographie d'Abou'l-Fedâ, extraite de sa chronique -- Extrait de la chronique intitulée Kamel-Altevarykh, par Ibn-Alatyr -- Appendice: Renseignements additionnels au sujet d'Abou'l-Fedâ, formant la suite de l'histoire de sa vie -- Notice sur la vie et les ouvrages d'Eizz ed-Din Ali ibn el-Athir el-Djezeri -- Notes et corrections -- Index

2, part 1. Extrait de la chronique intitulée Kamel-Altevarykh, par Ibn-Alatyr, suite -- Extraits du livre intitulé Le Collier de perles, par Bedr-Eddyn Alaïny -- Index

2, part 2. Histoire des Atabecs de Mosul, par Ibn el-Athir -- Index

3. Anecdotes et beaux traits de la vie du Sultan Youssof (Salâh ed-Din) -- Notice sur Behâ-ed-Din Abou'l-Mehacen ibn Cheddad, extraite du Dictionnaire biographique d'Ibn Khallicân -- Extraits de la vie du Sultan Salâh ed-Din d'Ibn Khallicân -- Extrait de l'autobiographie d 'A'bd el-Latîf -- Extrait du voyage d'Ibn Djobeir -- Extraits d'Ibn Moyesser -- Extraits du Nodjoûm ez-Zahireh -- Extraits du Mirât-ez-Ze

3. Anecdotes et beaux traits de la vie du Sultan Youssof (Salâh ed-Din) -- Notice sur Behâ-ed-Din Abou'l-Mehacen ibn Cheddad, extraite du Dictionnaire biographique d'Ibn Khallicân -- Extraits de la vie du Sultan Salâh ed-Din d'Ibn Khallicân -- Extrait de l'autobiographie d 'A'bd el-Latîf -- Extrait du voyage d'Ibn Djobeir -- Extraits d'Ibn Moyesser -- Extraits du Nodjoûm ez-Zahireh -- Extraits du Mirât-ez-Zèmân -- Extraits de la Chronique d'Alep, par Kemal ed-Dîn -- Extraits du dictionnaire biographique de Kemal ed-Din -- Index
Je vous conseille de téléchargé ces documents uniques ,très dur à trouver .
Ces volumes sont les traduction d'auteur arabes de l'époque ,notamment la traduction française des chroniques de Ibn AL AThir et tant d'autres !!!! Téléchargement gratuit et légal sous format Pdf.
Dernière modification par tayeb le 15 juin 2013, 21:51, modifié 3 fois.

numidia
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par numidia »

très intéressant topic, bel effort de recherche, tu nous apportes beaucoup de documents et tu donnes un éventail (plusieurs versions).
Merci Tayeb :n111:
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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Pour ceux qui le souhaitent je peux en partage privé vous faire parvenir

Les croisades vues par les arabes de Amin Maalouf en version audio mp3
en français.
contacté moi par MP.

Difaaa
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par Difaaa »

Civitot

Civitot est le nom d’un camp à proximité de Nicée où s’installa la croisade populaire de Pierre l'Ermite, peu après son arrivée à Constantinople en 1096.

Après l’appel à la croisade lancée par le pape Urbain II au concile de Clermont le 27 novembre 1095, de nombreux paysans accompagnés de quelques chevaliers, partent immédiatement sans attendre la croisade organisée par les barons.

Plusieurs « armées » prennent la route de Constantinople. Celle de Gautier Sans-Avoir arrive à Constantinople le 20 juillet, puis celle de Pierre l’Ermite le 1er août 1096. Ces deux croisades sont composés de Français et d’Allemands et sont rejoints par des bandes de moindre importance, rescapés des croisades d’Emich et de Gottschalk, qui après avoir commis de nombreux massacres et pillages, se sont fait tailler en pièces par les armées du roi de Hongrie. Quelques bandes d’Italiens les rejoignent également

La première réaction d’Alexis Ier Comnène, l’empereur de Byzance est de leur conseiller d’attendre les armées des barons, mais ces croisés, inactifs et las d’attendre, se mettent à piller les faubourgs de Constantinople et les villages voisins. Aussi l’empereur ordonne le 7 août à sa flotte d’organiser la traversée du Bosphore par les croisés et leur attribue le camp de Civitot pour qu’ils attendent la croisade des barons.

Incursion en territoire turc

Civitot est un camp aménagé précédemment pour des mercenaires, situé à moins d’une journée de marche de Nicée, alors aux mains du sultan seldjûqide de Rum Kilitch-Arslan. Sensible aux conseils du basileus, Pierre l'Ermite tente de convaincre les croisés d'attendre les barons, mais il perd le contrôle de la foule qui, croyant que la foi et la bonne volonté suffisent, veut s'attaquer aux territoires turcs tout proches. Pierre l'Ermite repart vers Constantinople demander l'appui d'Alexis, tandis que les croisés se choisissent d'autres chefs, un italien du nom de Renaud et un français du nom de Geoffroy Burel.

A la mi-septembre, une expédition les amènent aux portes de Nicée, où ils battent une petite troupe de Turcs et en ramènent un butin important. Ce succès encourage les croisés restés à Civitot et une troupe de six mille Italiens et Allemands conduite par Renaud s'empare du château de Xerigordon, dans la banlieue de Nicée. Kılıç Arslan, alors âgé de 17 ans, revient immédiatement à Nicée, prend les points d'eau autour du château et met le siège devant Xerigordon le 29 septembre 1096. Le château est pris d'assaut le 17 octobre et les défenseurs sont massacrés ou réduits en esclavage.

Kilitch-Arslan fait courir le bruit par deux espions grecs dans le camp de Civitot que Renaud a réussi à prendre Nicée, et qu’il est disposé à ne pas se laisser disputer les richesses de la ville par ses coreligionnaires. Les Francs sont prêts à passer à l’action pour participer au pillage, quand un rescapé de Xérigordon arrive et rétablit la vérité. Les plus sages parmi les Francs prêchent le calme, mais l’excitation reprend, cette fois pour venger les martyrs. Pierre l'Ermite est de nouveau à Constantinople, et les autres chefs sont incapables de raisonner et de maitriser la foule.

Le 21 octobre à l’aube, vingt cinq mille Occidentaux quittent leur camp, encadrés par environ cinq cents chevaliers, dont Gautier Sans-Avoir, Gautier de Teck et le comte de Tubingen. Les croisés, dépourvus de toute connaissance militaire, ne se donnent pas la peine d'envoyer des éclaireurs. Trois kilomètres plus loin, ils tombent dans une embuscade sous les flèches des Turcs et tentent de refluer vers le camp. La plupart (près de 20 000 hommes) sont exterminés dans leur fuite. Seuls deux à trois mille hommes, ayant réussi à se barricader dans une forteresse désaffectée adossée à la mer, seront récupérés par la flotte byzantine et installés dans les faubourgs de Constantinople, après avoir été désarmés. De leur côté, les Turcs ont épargné les croisés les plus jeunes qui sont réduits à l'esclavage.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Civitot
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BerrouLana
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par BerrouLana »

Wikipédia !! :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Excusez pour ce petit HS mais je n'ai pas pu m’empêcher :lol: :lol: :lol:
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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Le tout premier ordre de chevalerie née lors de la première croisade "L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem " en 1099 .
.
L'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem

L'origine de l'Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem remonte à la première Croisade et sa devise «Deus lo Vult » est empruntée au cri de ralliement du Bx Urbain II au concile de Clermont en 1095, qui demandait à tous les chevaliers de la Chrétienté de bien vouloir aller délivrer les Lieux Saints récemment conquis par les Musulmans sur les Byzantins. (1)

Chargés de garder le tombeau du Christ dès le XIIe siècle
Après la conquête de Jérusalem en 1099, Godefroi de Bouillon confia à un groupe de chanoines le soin de veiller au service, à l'entretien et à la garde du Saint-Sépulcre et cette première milice, qui reçut ses règlements de Beaudoin I en 1103, devint par la suite régulière en 1114 sous la règle de Saint Augustin et la supervision du patriarche latin de Jérusalem. (2)

Ainsi naquit donc l'Ordre des Chanoines du Saint-Sépulcre, autour duquel vinrent graviter des civils et des militaires pour assister à l'entretien comme à la défense des Lieux Saints, tout spécialement du Saint-Sépulcre lui-même, auquel cet Ordre resta intimement rattaché tout au long de son histoire, conservant comme emblèmes la bannière et les insignes du Royaume de Jérusalem, même après la fin des Croisades.(3)
. http://www.mariedenazareth.com/3016.0.html?&L=0

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tayeb
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Re: Les Croisades [Première croisade 1096-1099]

Message par tayeb »

Bilan de la première croisade et effets immédiat sur la géopolitique de la région.
1) La victoire des croisés.
Il est indéniable que cette campagne est une réussite militaire ,non seulement Jérusalem a été repris aux musulmans ,mais d'autres places fortes importantes tombent sous leurs domination. Le monde musulman divisé entres chiites et sunnites se montre incapable de lutté contre les croisés et pire ce sont leurs trahison et leurs calculs politiques qui ont permis à ces mêmes envahisseurs une victoire nette et claire que ce soit contre les Seldjoukides ,les Fatimides et les arabes sunnites .
2)L'empire byzantin flouée par les croisés.
Alors qu'ils étaient censés libérés les terres byzantines des Seldjoukides musulmans pour les restitués à l'empereur byzantin , les croisés se montreront malins en changeant radicalement d'avis ,ils ont vite compris quels intérêts pour eux de gardé sous leurs giron des terres afin de s'implanté dans la région durablement et profité de ses richesses.
3)Réorganisation de la région qui passe sous la domination des croisés.
Il faut compter avec eux désormais, les croisés sont là et ils comptent bien restés quoi qu'il en coûte car ils ont bien vu la faiblesse et la division des belligérants . Cette première campagne si facilement gagnée ne peut que les encouragés à continués leurs efforts d'implantation dans la région et même leurs donné l'ambition d'allé plus loin dans leurs conquête , si les musulmans ne s'unissent pas les territoires chrétiens risque de s' agrandir et de mettre à mal les royaumes musulmans existants.
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